jeudi 1 octobre 2009

Twilight - Fascination


C’est quoi, de qui, chez qui ?
Twilight (Fascination), de Stephenie Meyer. Hachette.

De quoi ça parle ?
Bella a 17 ans. Au début de l’histoire, elle déboule dans une ville pluvieuse de la côte US pour habiter chez son père divorcé. Débarquer dans un lycée où l’on ne connaît personne, déjà c’est pas évident. Mais quand en plus votre voisin de SVT grimace comme si vous sentiez le maroille, la rentrée s’annonce moyen. Enfin, ça pourrait aller si seulement ledit voisin n’était pas une sorte d’Apollon. Ou, pire, si cet étudiant brillant n’avait pas quelques décennies de plus que Bella, des superpouvoirs et un penchant avéré pour la chair fraîche – du genre qu’on dévore à pleines dents. Car Edward est un vampire, un vrai. Et tout délicat et prudent qu’il est, il ne tarde pas à succomber au charme inexpliqué de Bella. La love story sera-t-elle consommée ?


Précautions d'usage


Difficile de parler d’un livre qui s’est venu à des millions d’exemplaires.
Si vous aimez, vous êtes coupable de céder à l’hystérie ambiante, laquelle est dictée par le consensus culturel et mercantile.
Vous détestez ? Forcément, vous êtes un écrivain aussi frustré qu’envieux.
D’ailleurs, des millions de lecteurs ne peuvent avoir tort. Ah bon ? Et en quoi la quantité serait une preuve de qualité ? De la même manière, la qualité n’est pas inversement proportionnelle à la quantité de lecteurs.
De mauvais bouquin qui ne rencontrent aucun lecteurs, ça existe.
Le succès, a fortiori s’il est planétaire, a le don de modifier la perception qu’on a d’une œuvre.
Le Da Vinci Code, vous vous souvenez? Soudain, ce qui n’était qu’un thriller sans autre prétention que de distraire, devenait le livre à abattre, « mais regardez, ils n’ont rien compris, le bouquin est truffé d’erreurs factuelles. Et en plus, c’est écrit avec les pieds ». Comme si Dan Brown avait à un moment prétendu pondre un essai historique écrit avec l’ambition d’un Nabokov.
J'oubliais : ma fille adore Twilight. Le film : elle n'a pas lu le roman. Mais les deux sont très proches.
Voilà pour le contexte.
Oui, difficile de s’en extraire.
Mais comme je suis tout en courage et en abnégation, je vais essayer.


C'est comment ?

Rappelons-le, Twilight est un roman ado. Young adult, disent les anglo-saxons. On ne s’embarrasse pas avec le réalisme, le détail documentaire. Le style favorise l’intimité avec la narratrice. Ça va vite. Et on place l’émotion au premier plan. L’émotion brute et sans limite. Celle qui allume les colères aussi épiques qu’éphémères, tire des larmes, touille les remords pour les effacer aussitôt, favorise les coups de tête… La psychologie ? Passez dans cinq ans, on verra ce qu’on a en rayon.
Quand on s’aime, c’est tout de suite et c’est pour la vie.
Bella est amoureuse. Edward est amoureux. Comme se le dire ? Et quand on se l’est dit, on fait quoi, exactement ?
Pas grand chose, en ce qui concerne nos tourtereaux.
Car ça va être un peu compliqué : le garçon est un vampire – oh, pas bien méchant, du genre qui croque les herbivores ; végétariennes s’abstenir. Bella? Elle passe pas mal de temps à lutter contre sa maladresse et les évanouissements, quand elle ne repousse pas de gentils prétendants un peu boulets.
Edward, lui, résiste bravement à la tentation de sauter... sur Bella.

L’élément fantastique ? Il est très peu exploité pendant les deux tiers du roman. En fait, Bella pourrait être une prolétaire et Edward un aristocrate ; leurs atermoiements tiendraient à la différence de classe. Ça donnerait peu ou prou la même histoire.
Twilight n’est pas de la bit-lit mais de la romance. Et le livre répond à tous les codes, à toutes les constructions du genre, dont il faut rappeler qu’il concentrait 80% des ventes poches sur le territoire américain, il y a encore peu.

N’étant pas une adolescente craignant, comme dans Beverly Hills, de « le » faire – attention on ne sait jamais, mettre un mot sur la « chose » c’est peut-être un peu la consommer – je n’ai pas accroché à ce roman dont l’action, la tension teintée « thriller » se concentre seulement à la fin.

Je suis un peu plus inquiet des valeurs qu’il porte et dont ses jeunes lectrices font peut-être leur miel. Mais comment s'étonner de cette pudibonderie à une époque où la pornographie n’aura jamais été si accessible au plus grand nombre ? S’il y a bien un lieu où les jeunes femmes y sont peu respectées à l’image, c’est bien celui-là.
Ah, et le côté sacrifice permanent de Bella - envers ses parents par exemple - m'exaspère.

Personnellement, j’aimerais lire un roman aussi fleur-bleue – je n’ai rien contre les comédies romantiques, j’ai un cœur d’artichaut et la larme facile – mais où l’héroïne serait un peu moins à la merci du Protecteur Impavide.
Un roman de Nora Roberts, quoi…

En résumé :
Bien : le Grand Spectacle des émotions pubères. La fluidité, les dialogues. L'originalité du cadre : une ville humide et fraîche de la côte.

Moins bien : ne se passe pas grand-chose. Trop peu de fantastique. Pudibonderie et sacrifice à tous les étages : bienvenue dans la morale judéo-chrétienne pur-jus.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Twilight... Ou comment ma fille de 15 ans s'est rendue compte que lire n'était pas qu'une obligation/intention scolaire...
Accroc au film, elle a dévoré les 4 tomes et m'a lâché, très sereinement, 'je ne pourrai rien lire d'autre après' !
Raaaah, les ados. J'ai pas lu les livres, j'ai maté le film (bof), mais bon, si ça peut permettre à ma fille de se mettre à bouquiner, c'est du bonus ! A moi de la guider^^, /me vais commencer par lui parler d'Anne Rice, pour l'accroche, après, on verra bien ;-)


FreD

RobbyMovies a dit…

Je crois que je vais faire comme ta fille : m'en tenir au film :D (euh que je n'ai pas encore vu en fait)

Erik Wietzel a dit…

Anne Rice ? Pas certain que ce soit une bonne idée, Fred. Les deux n'ont pour point commun que les vampires. tu devrais peut-être regarder dans la littérature ado teintée romance surnaturelle. Il y en a pas mal...

Anonyme a dit…

Mouais, c'est bien possible...
Mais je vais quand même lui proposer^^

Fred