lundi 9 janvier 2012

La Planète des singes : les origines





Imaginez un monde où l’on tenterait de soigner Alzheimer, où ça marcherait et que ça serait Mal. De la SF, non ?
Oui, si l’on considère les USA comme une pure contrée science-fictive. Car voilà, le héros du film, il est scientifique et il a trouvé un putain de remède pour soigner son papa malade de la tête. Même que le truc il marche tellement super fort que ça rend les singes, sur lesquels on l’expérimente d’abord, vachement plus intelligents que Nadine Mor… que la normale. Seulement c’est pas bien son remède, ça provoque des catastrophes en chaîne, voire la Big Cata, même l’héroïne vétérinaire elle lui dit : « Parfois, il faut laisser les choses comme elles sont ». Ma chérie, avec ton raisonnement on serait tous morts de maladie infectieuse depuis belle lurette et l’espérance de vie serait un gag qui circulerait en petite section de maternelle. Mais bon, passons sur le message des scénaristes et regardons les choses en face - j’aime bien donner mon avis façon Néron -, c’est un chouette film. Un poil long, mais chouette.
Le récit prend soin de montrer l’évolution vers la conscience de soi d’une créature, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à l’adolescence et sa crise pubertaire. Apprentissage de l’attachement, de la séparation, vertige de la douleur, incompréhension d’une société humaine qui, sous la semblance du respect mutuel et des manières policée, s’avère bien cruelle… C’est la jungle, ma bonne dame. Puis, peu à peu, découverte de l’autonomie. Laquelle passera par un certain rejet de ceux-là mêmes qui l’ont permise. En somme, on est en plein récit d’initiation.
Comme souvent, la bande annonce ne rend pas hommage à un métrage plus psychologique qu’action movie : la destruction prévisible – après tout, on est là dans la prequel de La Planète des singes – n’est que le bouquet final et collectif d’une aventure plus individuelle, plus intime. À l’exception d’inévitables plans-séquences tourbillonnants avec créatures en pure peau de synthèse dedans, la mise en scène est plutôt sobre. La photographie est, elle aussi, sans surprise mais a le mérite de souligner l’histoire sans excès : le labo hi-tech est bleu, la maison du héros d’un jaune chaleureux et chez les méchants de la fourrière, on navigue entre vert et rouille. Au pupitre, Patrick Doyle fait le minimum syndical, déversant comme tout compositeur de blockbuster depuis quinze ans ses torrents de taikos et soufflant ses cuivres sans prendre soin d’inventer les thèmes qu’aurait pourtant autorisés le scénario. Mais tous les producteurs et réal n’ont pas l’obsession du « un thème, un personnage ». Dommage.
Malgré quelques options et plans pas toujours très heureux, vous allez adorer Cesar – moi c’est Néron, je vous ai dit –, l’antihéros chimpanzé joué par Andy Serkis, le gollum du Seigneur des Anneaux. Sa petite troupe de copains vous donnera la chair de poule, des frissons dans le dos aussi car il est impossible de prendre tout à fait partie pour les monkeys quand on sait le sort qui nous sera réservé, à nous autres pauvres humains, dans un avenir pas si lointain. (Sans doute est-ce d’ailleurs son voyage sur la Planete of Apes qui a convaincu Charlton Eston de défendre avec tant d’énergie les marchands d’armes de poing.) Applaudissements nourris donc pour ces singes expressifs et muets.
En revanche, les acteurs ne m’ont pas plus séduit que ça. Ligthow s’en sort honorablement, James Franco n’est jamais mauvais, Brian Cox cachetonne gentiment et Freida Pinto est…, euh… canon. Mais ça manque un peu de conviction, tout ça, et côté émotion, moi j’ai frisé le néant.

Bon, et maintenant que je sais comment l’humanité va disparaître, je peux aller dormir.

PS : Et tout ça se regarde bien mieux que la tentative de Tim Burton.

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