jeudi 27 septembre 2012

Millenium tome 1 - Stieg Larsson


De quoi ça parle ?
A peine vient-il de perdre un procès en diffamation contre un homme d’affaires que Mikael Blomkvist est embauché par un autre industriel. Le job ? Enquêter sur la mystérieuse disparition de sa nièce, survenue 40 ans auparavant, sur une île d’où personne n’aurait pu s’échapper ce jour-là : un terrible accident de la circulation empêchait alors tout franchissement de l’unique pont. Une énigme en forme de « chambre close » avec en creux le portrait d’une famille de milliardaires décadents. Mikael étant journaliste économique, il aura le temps et les ressources de reprendre une enquête abandonnée par la police, faute d’éléments décisifs. A la clé, un petit pactole mais pas seulement : le vieil industriel promet à l’enquêteur de lui fournir assez d’éléments pour plomber l’homme d’affaires qui a valu à Blomkvist un retentissant échec et quelques mois de tôle. 

C'est comment?
Un récit lent, très lent, sans nouveau meurtre et à peine rythmé par les quelques découvertes que Mikael puis son acolyte Lisbeth font à force d’intelligence, de détermination – et parfois de haine. Les milliardaires ont tous de vilains secrets à cacher, voilà longtemps qu’on le sait (Gatsby le magnifique) et les familles fortunées sont bonnes à enfermer (Testament à l’anglaise de Jonathan Coe). Le style plutôt naturaliste ne s’embarrasse guère d’effets de manche et n’hésite pas à s’appesantir sur les détails du quotidien. Difficile par ailleurs de sentir la spécificité nordique d’un semblable récit : ce pourrait être le Vermont voire le Maine en hiver tout autant que la Suède. Quant aux meurtriers sexuels, ils ressemblent à s’y méprendre à leurs homologues US. Alors comment expliquer l’invraisemblable succès de ce roman, bien au-delà des fjords ? Un journaliste pour héros, une famille d’industriels tordus comme interlocuteurs, des tueurs en série tendance sexuelle… autant dire qu’on navigue en mer connue, balisée, surexploitée. Mais comme le disait Malraux : au-delà de 10 000 exemplaires, c’est un malentendu. Une piste : peut-être faut-il chercher  du côté des personnages. Loin de tout moralisme anglo-saxon, Blomkvist s’avère un personnage à la sexualité sinon débridée du moins libérée, en dehors de la norme. Sa vie affective et surtout le regard qu’il porte sur celle de son entourage donne un ton d’une certaine fraîcheur au récit, une forme de tolérance et d’ouverture d’esprit parfois surprenante, tranchant avec le clicheton du justicier un peu dark et en quête de rédemption, retour au bercail conjugale inclus. La grande réussite vient surtout de Lisbeth Salander, protagoniste aussi attachant qu’inquiétant, héroïne autiste – syndrome d’Asperger – qui, certes, permet à l’auteur quelques facilités d’intrigue mais ajoute une tension émotionnelle et affective certaine à un roman parfois à deux pas d’une autosatisfaction un peu froide.Je vais être franc, voilà un premier roman d’une grande maîtrise et qui, malgré la lenteur de son récit, donne envie de retrouver ses personnages au plus vite. Il me tarde de lire quels progrès feu Stieg Larsson a fait dans les second et troisième volumes d’une série désormais incontournable et pierre angulaire du « polar nordique » moderne – un genre dont je n’ai pas encore saisi quelles spécificités pourraient en expliquer la vogue récente par chez nous.

samedi 8 septembre 2012

Starbuck

Starbuck est une comédie comme je les aime, bien écrite, bien photographiée, habilement mise en scène, pas toujours très gaie même si l'optimisme domine - on est à deux doigts du très en en poupe feel-good movie. Pensez Intouchables. Les touchantes et pathétiques tribulations d'El Masturbator ne résistent pas au syndrome horripilant de la famille c'est forcément formidable, toutefois les bonnes surprises sont aussi abondantes que les grenouilles dans le marais poitevin.


Michael Chabon -Telegraph Avenue

Michael Chabon vient de publier un nouveau roman, autour d'une boutique de vinyles et de problèmes de paternité. Il semble qu'il y soit fortement question de culture populaire et que la langue de Chabon, parfois un peu trop encline aux digressions, soit plus affûtée que jamais. Aucune raison de ne pas être excité. Lire la chronique dans le NY TIMES.