« Quand j’ai rencontré
Betty, j’ai su que ma vie allait basculer », regrette le personnage
principal, juriste embauché par le mari de la belle éponyme.
Roman noir assez bref, Betty
est écrit à la 1ère personne. Un thriller autour d’une femme fatale,
vénéneuse comme il faut – pensez William Irish – qui n’évite pas les répétitions : le
choix de retenir les informations importantes a la fâcheuse conséquence de
pousser l’auteur à dire et redire le malaise de son personnage principal, lors
de son injuste incarcération. « Je ne sais pas quand tout ça a commencé. »
« Cela a peut-être débuté quand… » Et rebelote le chapitre suivant. Bref,
les policiers et autres psys chargés de questionner le suspect piétinent, et
nous avec, un peu trop longtemps - cet étirement laisse penser qu'il y avait là sans doute plus matière à
nouvelle qu’à un roman.
Car Indridason alterne les scènes d’interrogatoire et le proche passé qui a conduit à l’emprisonnement.
Une histoire de séduction, puis d’amour qui orbite autour de ce soleil noir qu’est
Betty, épouse d’un riche chef d’entreprise avec lequel elle semble entretenir
une liaison perverse. Et comme les histoires d’amour finissent mal, en général…
Le fric aura son mot à dire aussi, forcément, vous imaginez bien, avec l'une des plus grosses fortunes de l'île...
A mi-chemin du récit, l’auteur
révèle un twist qui explique pourquoi je trouvais jusqu'à ce moment certaines phrases étrangement
tournées – si je maîtrisais l’islandais, j’irais voir de quoi il retourne dans
la VO. Si la surprise est totale, elle n’a toutefois guère d’intérêt pour l’intrigue
elle-même et sa résolution, sinon à jouer avec nos a priori, nos préjugés, nous mettre le nez dedans en quelque sorte. Mais la "malhonnêteté" du procédé diminue quelque peu l'effet de cette petite leçon.
Là où l’Islandais excelle en revanche, c’est
dans la description psychologique de ses protagonistes, leurs échanges, leurs
rapports troubles et inégaux. Une belle concision stylistique au service de portraits emplis d'humanité - et de cruauté.
Au final, une lecture plaisante.
Traduit par Patrick Guelpa