Un flic érudit et traumatisé, un tueur hyper dangereux et double démoniaque
du héros, un meurtre rituel, un innocent emprisonné, les petits secrets de la
bourgeoisie de province, des politiciens pourris, une femme séquestrée, une
intrigue au cordeau passée sous le prisme de multiples points de vue… Bernard
Minier a réuni avec talent les ingrédients les plus classiques du police
procedural contemporain. On ne lui en voudra pas de s’être même autorisé un
décalque de Lizbeth Sander, la géniale invention de Stig Larsson, en la
personne d’une fliquette lesbienne, motarde et assez douée en informatique pour
fouiller le PC de son confrère afin de le protéger.
Minier ajoute à ce parcours balisé une noirceur sans rémission qui en fait
tout l’intérêt. Car le monde, Minier le voit en noir. Peu d’espoir dans ses
pages, peu de lumière sinon celle de la foudre qui s’abat continûment sur
les paysages du sud ouest. Ce n’est pas un contrepoint, c’est une variation sur
le thème de la violence, de la colère et d’une impossible innocence.
Le trouble naît peu à peu de cette touffeur aussi psychologique voire
morale que météorologique. Et l’enquête, menée en une poignée de jours, rythmée
par les fausses pistes, portée par des témoins aux allures de suspects,
passionne moins que les trébuchements d’un héros dont on s’attend à tout moment
à assister à la fin. Que ce soit d’anciennes amours ou les provocations d’un
serial killer en liberté et à l’affection embarrassante, le passé ne cesse de
flanquer des coups de pieds au cul du capitaine Servaz.
Pour notre plus grand bonheur.
Paru chez XO éditions
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