De quoi ça parle ?
Ecrivain biographe, Erica Flack retourne dans le bled de son
enfance juste après le décès de ses parents. Elle n’a pas sitôt retrouvé ses
repères dans la maison familiale que la découverte d’un corps vient chambouler
les âmes de ce village de pêcheurs, résidence d’Ingmar Bergman et de riches
touristes toujours plus nombreux. L’événement ne bouleverserait pas tant Erica
si la victime n’était sa meilleure amie d’enfance. Une jeune fille belle et qui avait tiré un trait sur l'amitié aussi subitement qu'inexplicablement. Alors qu’elle accepte de
rédiger la nécro de cette femme, Erica ne devine pas que ses questions vont
donner un coup de pied dans la fourmilière. Ni qu’elle va sauter à pieds joints
dans une aventure sentimentale gratifiante - youhou !
Au début du roman Erica Falck avance dans ses investigations grâce
à des coups de bol à la limite du deus ex machina. Son enquête laisse peu à peu
la place à celle de la police, dont le jeune et brillant représentant devient
le support de la romance qui s’installe. Une romance – inévitable
concession aux canons du thriller hyperpopulaire ? – qui fait tâche dans la noirceur d’ensemble,
tout comme les quelques notes d’humour. Certains protagonistes arborent une
belle patine réaliste, d’autres sécrètent l’ennui propre aux stéréotypes. Des
personnages découvrent sous nos yeux des indices édifiants mais se gardent bien
d’en révéler la nature au lecteur, retardant la compréhension de l’intrigue en
une malhonnêteté irritante. Au moins les digressions et intrigues parallèles ont
l’heur d’ajouter un peu de matière, de chair à un récit parfois trop limpide.
On parle beaucoup de polar nordique depuis six ou sept ans et
Läckberg en est l’une de ses plus éclatantes réussites, commercialement parlant
du moins. Genre trois millions d’exemplaires dans un pays qui compte 9 millions
d’habitants. Si elle a bénéficié du succès de Stieg Larsson ? Ses romans
paraissaient quand Millenium n'était qu'un manuscrit. Et puis l'auteur est un " bon client " : jeune, jolie et übercool. De l’or en pages, donc. Pourtant,
rien de très nouveau ici : l’enquête avance avec une lenteur hivernale, l’angoisse
n’est jamais au rendez-vous et il s’agit plus de portraits, souvent réussis, et
d’analyses psychologiques plus ou moins approfondies que de twists, de hard
boiled ou de poursuites meurtrières. Quant au suspense, euh, comment dire... Pas d’esbroufe, de documentation
sensationnaliste. Zéro flingue. Et beaucoup d’instinct et de pressentiments. Pourquoi
pas ? Il suffit de savoir où l’on met les pieds. Lackberg regarde plutôt
du côté de Elizabeth Georges ou de P.D. James – en plus simple – que de Patricia
Cornwell ou de Mo Heyder.
Reste à savoir quel festin Läckberg nous offre avec ces
ingrédients, cette Princesse des Glaces n’étant que le hors-d’œuvre d’une série.
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