De quoi ça parle ?
Jack Reacher a la mauvaise
idée de régler leur compte à deux racketteurs venus chercher leur dû dans un
nouveau restaurant de Manhattan : le FBI était dans le coin et la violence
de ce quidam, en fait un ancien de la police militaire, n’est pas vraiment de
leur goût. L'agence met le géant aussi taiseux qu’habile de ses poings, aux arrêts.
Et l’accuse d’être un tueur en série : il correspondrait en bien des
points au profil d'un l’assassin qui a déjà éliminé deux femmes, anciennes
militaires elles aussi. Pour sauver sa peau, notre héros devra mener l’enquête
auprès d’une équipe réduite du Bureau et lui faire bénéficier de ses accointances
dans l’armée.
C’est comment ?
J’ai commencé la série
Reacher au 4e tome, hasard d’une trouvaille chez un
bouquiniste. Qui est cet auteur très british qui a fait fortune chez l'Oncle Sam avec des histoires tout ce qu'il y a de plus américaines ? L’histoire est répétée
partout : Jim Grant aka Lee Child était un producteur émérite à la tv anglaise lorsque
la chaîne a décidé de s’en débarrasser. Pas vraiment du genre à se laisser
abattre, Grant, alors âgé de 40 ans, s’est emparé d’un stylo et d’une rame de papier. Son ambition ?
Devenir romancier, seul boulot qui lui offrait l'indépendance après une fin de carrière éprouvante, sous le joug de managers incompétents.
L’inspiration a dû être bonne puisque son 1er
essai a rapidement trouvé un agent et l’ouvrage a conquis un large
lectorat. Well done, mate. Et bravo pour le pied-de-nez au destin. Reacher lui
ressemble-t-il ? Physiquement c’est bien possible. Et l’un comme l’autre
ont un paquet de ressources à leur disposition pour contrer le mauvais sort.
Child a très vite choisi d’employer
un héros récurrent, ce qui n’était guère la tendance de l’époque, autrement dit
la fin des 90’s. Pas plus qu’on avait retrouvé le goût du lone ranger, du justicier sur la route. Qu’importe : Child, qui avait tout sauf envie de faire comme tout le monde, l’a
imposé au travers d’intrigues viriles.
Son vigililente, un genre de mâle que les années soixante dix avaient
encensé - "Dirty Harry" ou Charles Bronson - puis que le politiquement correct des décennies suivantes a effacé, va
donc s’engager dans toute sorte d’aventures rugueuses, avec un étonnant
sang-froid, une efficacité hors-normes, une intelligence peu commune et un
sens avéré de la répartie – eh, c’est un héros, guys. Côté femmes, bah, il n’est pas à plaindre non plus, même si
on le voit dans cet opus freiner des deux pieds dès qu’il s'agit de s’engager ou résister à des avances pas franchement désintéressées. En bref : ses exploits martiaux et ses aptitudes McGyver font rêver les lecteurs, sa fausse fragilité et sa courtoisie jamais feinte font craquer les lectrices. Vous savez, le coup de la brute intelligente et taciturne au grand cœur.
Un surhomme, je vous dis.
Un surhomme, je vous dis.
L’intrigue ? Menée à x
mille à l’heure, elle n’est pas inintéressante, sans être follement originale. Et elle est très bien menée - et encore plus si l'on croit Child qui affirme ne pas écrire d'après un plan détaillé mais plutôt au gré de la plume, sans gros travail de réécriture à la fin. On n'est pas obligé de le croire non, plus, hein.
Réaliste, l'intrigue ? N’en demandez pas trop tout de même. Faut dire que Reacher est assez fort pour entraîner les fédéraux sur une fausse piste, juste parce qu’il a besoin de réfléchir un peu à l’enquête principale. Fausse piste qui, loin de mener nulle part, permet à l’armée de mettre un terme à un trafic de flingues. Tant qu’à faire…
Réaliste, l'intrigue ? N’en demandez pas trop tout de même. Faut dire que Reacher est assez fort pour entraîner les fédéraux sur une fausse piste, juste parce qu’il a besoin de réfléchir un peu à l’enquête principale. Fausse piste qui, loin de mener nulle part, permet à l’armée de mettre un terme à un trafic de flingues. Tant qu’à faire…
Je n’ai pas lu dans les
interviews de Child de références à Elmore Leonard. Je ne peux m’empêcher de
rapprocher le genre de mâles que l’un et l’autre mettent en scène : übermensch
moins machos que séducteurs, plus féministes que phallocrates. Concision des
descriptions et du catalogue psychologique, brièveté des dialogues : voilà
qui pourrait encore les unir.
Maintenant, c’est sûr, mieux
vaut ne pas les chatouiller, les héros. D’ailleurs Reacher n’a aucun souci avec
la violence ni avec les règlements de contentieux hors du, hum, champ légal. L’ironie
– et l’intelligence de l’auteur – veut que notre justicier soit maqué avec une
avocate. D’accord, le couple risque de ne pas avoir le temps de se compter les
cheveux blancs : la donzelle fait passer sa carrière au 1er
plan, expatriation en Europe comprise, notre bellâtre préfère la poussière de la
route au confort d'une grande villa qui lui était échue au début du roman.
Voilà du thriller dont la
documentation n’envahit jamais le récit, dont le rythme soutenu et la langue
simple lui vaut d’être le compagnon idéal du voyageur au long-cours.
PS : Jack Reacher vient d'être adapté au cinéma, avec Tom Cruise dans le rôle titre. Difficile de l'imaginer en colosse issu de la police militaire, mais bon. Comment se fait-il que les romans ultra efficaces et cinématographiques de Child aient attendu si longtemps avant de rejoindre le grand écran, quand on sait les producteurs gourmands de plats pré-digérés ? En 2003, six romans étaient pourtant déjà optionnés par New Line.
PS : Jack Reacher vient d'être adapté au cinéma, avec Tom Cruise dans le rôle titre. Difficile de l'imaginer en colosse issu de la police militaire, mais bon. Comment se fait-il que les romans ultra efficaces et cinématographiques de Child aient attendu si longtemps avant de rejoindre le grand écran, quand on sait les producteurs gourmands de plats pré-digérés ? En 2003, six romans étaient pourtant déjà optionnés par New Line.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire