De quoi ça parle ?
C’est un cirque et c’est un jeu.
Un lieu magique et itinérant, aux dizaines de chapiteaux
plus extraordinaires les uns que les autres. Un producteur de spectacle
britannique en est le créateur. Pourtant il ne lui prête pas vie : Célia
Bowen et Marco Alisdaire s’en chargent. Deux jeunes gens, deux magiciens aux
pouvoirs extraordinaires dans l'Europe du XIXe siècle finissant.
C’est un cirque et un défi. Célia et Marco en sont les
adversaires malgré eux. Leurs mentors respectifs en ont décidé ainsi : ils
devront s’affronter au travers de leurs créations, d’un chapiteau l’autre, de
numéro en numéro. Jusqu’au bout. Du moins, telle est l’idée. Ce serait
possible, si seulement les deux joueurs ne s’amourachaient l’un de l’autre,
compromettant ainsi à la fois leur vie, celle de la grande troupe du cirque et
du cercle plus large de ses admirateurs.
C'est comment ?
Morgenstern, dont c’est le premier roman, déploie un
imaginaire gentillet, peuplé de personnages parfois sympathiques, souvent
archétypaux. L’intrigue elle-même ne manque pas d’intérêt, malgré les
nombreuses facilités qu’autorise l’usage intensif du surnaturel. Bien sûr, « c’est
avant tout une formidable histoire d’amour ». Qui résiste à la volonté
cruelle de deux vieux barbons, susceptibles, prétentieux et englués dans une
guéguerre ancestrale dont les batailles sont toujours renouvelées. Aux dépends
de leurs protégés.
Hélas, Morgenstern ne fait pas grand cas de l’époque ni des
lieux où s’affairent ses protagonistes : Prague ressemble à Londres qui
est semblable à Paris, Concord ou Boston. La magie ? Elle n’est jamais
très définie, même si l’auteur s’évertue à nous affirmer combien celle qu’emploie
Célia diffère de celle dont use Marco. Évidemment, le cirque et ses merveilles oniriques
concentrent toute l’énergie de l’auteur. Ses idées tissent un univers un peu
gothique, toujours magique, follement romantique. Mais la description des
numéros qui attirent la foule de tous les continents finit par lasser. Heureusement,
les chapitres brefs et un fil narratif parallèle donnent du rythme à un récit
parfois flottant, comme en admiration devant ses propres tours, emporté par l’illusion
d’un temps qui s’étire sans marquer la moindre ride sur les visages de ses personnages. D’ailleurs, les années défilent et rien ne change d’une
représentation à l’autre, ou si peu…
Pourtant une menace pèse
sur le cirque ; elle manque toutefois de noirceur pour inquiéter vraiment, et ses
victimes se défendent et se rebellent sans trop d’énergie.
Voilà qui m’aurait bien moins gêné s’il ne s’agissait pas d’un
roman adulte : le Cirque des rêves fait un ouvrage formidable pour les jeunes
ados. Je m’attendais à autre chose.
Et me prends à rêver quel cirque aurait mis
Clive Barker dans cet univers certes élégant mais à la naïveté un peu convenue.
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