mercredi 8 août 2012

La Princesse des glaces - Camilla Läckberg



De quoi ça parle ?
Ecrivain biographe, Erica Flack retourne dans le bled de son enfance juste après le décès de ses parents. Elle n’a pas sitôt retrouvé ses repères dans la maison familiale que la découverte d’un corps vient chambouler les âmes de ce village de pêcheurs, résidence d’Ingmar Bergman et de riches touristes toujours plus nombreux. L’événement ne bouleverserait pas tant Erica si la victime n’était sa meilleure amie d’enfance. Une jeune fille belle et qui avait tiré un trait sur l'amitié aussi subitement qu'inexplicablement. Alors qu’elle accepte de rédiger la nécro de cette femme, Erica ne devine pas que ses questions vont donner un coup de pied dans la fourmilière. Ni qu’elle va sauter à pieds joints dans une aventure sentimentale gratifiante - youhou !

C'est comment ?
Au début du roman Erica Falck avance dans ses investigations grâce à des coups de bol à la limite du deus ex machina. Son enquête laisse peu à peu la place à celle de la police, dont le jeune et brillant représentant devient le support de la romance qui s’installe. Une romance – inévitable concession aux canons du thriller hyperpopulaire ? –  qui fait tâche dans la noirceur d’ensemble, tout comme les quelques notes d’humour. Certains protagonistes arborent une belle patine réaliste, d’autres sécrètent l’ennui propre aux stéréotypes. Des personnages découvrent sous nos yeux des indices édifiants mais se gardent bien d’en révéler la nature au lecteur, retardant la compréhension de l’intrigue en une malhonnêteté irritante. Au moins les digressions et intrigues parallèles ont l’heur d’ajouter un peu de matière, de chair à un récit parfois trop limpide.

On parle beaucoup de polar nordique depuis six ou sept ans et Läckberg en est l’une de ses plus éclatantes réussites, commercialement parlant du moins. Genre trois millions d’exemplaires dans un pays qui compte 9 millions d’habitants. Si elle a bénéficié du succès de Stieg Larsson ? Ses romans paraissaient quand Millenium n'était qu'un manuscrit.  Et puis l'auteur est un " bon client " : jeune, jolie et übercool. De l’or en pages, donc. Pourtant, rien de très nouveau ici : l’enquête avance avec une lenteur hivernale, l’angoisse n’est jamais au rendez-vous et il s’agit plus de portraits, souvent réussis, et d’analyses psychologiques plus ou moins approfondies que de twists, de hard boiled ou de poursuites meurtrières. Quant au suspense, euh, comment dire... Pas d’esbroufe, de documentation sensationnaliste. Zéro flingue. Et beaucoup d’instinct et de pressentiments. Pourquoi pas ? Il suffit de savoir où l’on met les pieds. Lackberg regarde plutôt du côté de Elizabeth Georges ou de P.D. James – en plus simple – que de Patricia Cornwell ou de Mo Heyder.

Reste à savoir quel festin Läckberg nous offre avec ces ingrédients, cette Princesse des Glaces n’étant que le hors-d’œuvre d’une série. 

lundi 6 août 2012

Roland Wagner et les Psychopompes

Si j'étais croyant, je souhaiterais à Roland Wagner que les psychopompes de Klash adoucissent son voyage. Mais alors que l'une des figures incontournables de la SF française vient de disparaître, je ne vais pas me mettre à m'adresser au ciel ni gnangnantiser que Roland sera bien là-haut.
Non.
Je vais plutôt me souvenir de notre rencontre à Cognac, l'an passé. Une rencontre qu'il avait souhaitée, à ma grande surprise car je ne le connaissais qu'à travers de brefs échanges sur les réseaux sociaux et ce roman, Les Psychopompes de Klash, réédité chez Mémnos en 1997 alors que sortait mon tout premier livre dans la même maison. Un moment partagé avec Sylvie Denis, sa compagne, autour d'un verre. En ce mois d'octobre, l'été s'attardait au-dessus de la terrasse du café. J'avais alors découvert deux êtres à la fois engagés et en colère, mais plus encore chaleureux et d'une grande humanité.
Grand Prix de l’Imaginaire, Prix Tour Eiffel, Prix Rosny-Aîné... Roland Wagner est l'auteur d'une oeuvre prolifique. Il avait 51 ans, ce qui est beaucoup trop tôt pour tirer sa révérence.

Rebelle - Pixar



Merida a bien des soucis : non seulement sa mère a décidé de faire d'elle une princesse exemplaire, mais en plus elle devra prendre pour époux le vainqueur d'un concours organisé par ses parents. Et le fun dans tout ça ? Merde, quand on a 15 ou 16 ans, on attend autre chose de la vie que ces contraintes insupportables, a fortiori si l'existence n'est peuplé d'aucun ami, n'est animé que de jeux solitaires et de compétitions avec soi-même - il y a bien des frangins triplés et muets et facétieux et qu'on prend plaisir à gâter à coup de pâtisseries chippées à la duègne, mais à part ça c'est un peu le désert sentimental.
Pour ce garçon manqué et un peu rebelle sur les bords, l'avenir ressemble à l'antichambre de l'enfer. Mais la chouchoutte-à-son-papa a de la ressource et afin de s'assurer un peu d'autonomie décisionnaire, elle choisit un sortilège - très Frère des Ours - qui devrait modifier quelque peu les priorités de sa môman. 
Voilà pour le point de départ.
Si la direction artistique et la lumière marquent ici une nouvelle étape dans l'anim numérique - oooh ! les belles étoffes, aaah ! les somptueux éclairages, et cette tignasse rouquine : une vraie peluche ! - le scénario marque le pas : Rebelle échoue là où Raiponce emportait le morceau. Etrange impression de voir Pixar faire du Disney là où Disney virait Pixar. Au royaume d'Ecosse tout est convenu et prévisible et le manque de rythme, pour ne pas dire les longueurs, plombent ce que j'attendais être l'un des meilleurs opus du studio.
Epique, magique et attendrissant ? Non, juste un petit drame familial vite résolu et aussi vite oublié.