vendredi 30 octobre 2009

Elbakin.net parle des Dragons de la cité rouge


Voilà une nouvelle et super positive chronique sur Elbakin.net. Du lourd...

"La force de ce livre tient plutôt en l'utilisation harmonieuse de différents éléments déjà abondamment traités par le genre pour en faire un récit à suspense jusqu'au bout."

"Le constat global est des plus positifs et permet au lecteur qui ne souhaite pas partir dans des histoires trop longues et trop complexes de se faire plaisir en lisant un livre des plus réussis dans son genre."

Pas mal, non ?

jeudi 29 octobre 2009

St-Etienne sur le blog de Bragelonne


Voilà quelques zimages de St-Etienne où c'est qu'on était zheureux. Et le compte-rendu qui va avec. Yop.

(Précision utile : cette image a été prise à notre arrivée. Le lendemain, les piles de livres avaient quasiment disparu. Nous aussi, d'ailleurs)

mardi 27 octobre 2009

Back to the future...

Allo Maï-Taï ?
St-Etienne, donc, pour deux journées de dédicaces.
Samedi soir : Geoffroi-Guichard n’a pas vu la victoire de son équipe, mais elle avait Fabrice Colin dans les gradins. On ne peut pas tout avoir.
Rattraper le coup ? Fiesta !
Sous la pluie, à l’abri des parasols de l’Hôtel Golf qui n’avaient pas dû voir tant d’eau depuis qu’on les avait sortis cet été. D’ailleurs l’eau ils n’ont pas trop aimé. On les comprend. Nos cocktails maï-taï s’en sont trouvés allongés.
Ensuite, vadrouille dans St-Etienne à la recherche d’un lieu de débauche communément appelé bar, en compagnie de notre attachée de presse Leslie, de Fabrice C. et de son acolyte et néanmoins autochtone : Sylvain. Quelques crises de fou rire plus tard on retrouvait l’hôtel, légèrement fatigués.
Dimanche midi : déjeuner au soleil. Douceur et bronzette rapide. Vous avez sûrement eu le même, par chez vous. C’était bien, non ?
Dimanche soir : enfin un peu de temps auprès de ma Belle. Ils sont trop rares, ces moments.


Merci donc à Sylvain qui a supporté de bon cœur nos réflexions embrumées sur sa conduite et nous a entraînés dans les rues animés – si – de St-Etienne passé minuit. Suffit de les connaître, ces rues…
Merci à Elodie P. pour les sticks – je les ai achevés dans le train du retour.
Merci à toute l’équipe de la Fnac : on a passé un joli moment sur le stand, sans parler du champagne et du chocolat à gogo.


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Paris est toujours synonyme de visite longue durée chez Bragelonne, de déjeuner avec mon éditeur.
Ça tombe bien, j’adore ça.
De bonnes nouvelles en perspective. Je ne peux pas en parler, là, tout de suite maintenant, car rien n’est définitif – je sais, c’est énervant et je ferais mieux de me taire, mais voilà, je ne peux pas m’empêcher de vous titiller.
Bon à savoir tout de même : la nouvelle voix de ma narratrice plaît autant à mon éditeur qu’à moi. L’expédition vers le sommet va donc pouvoir reprendre.
Je vais modifier des parties entières du synopsis.
Eh oui.
On imagine mal la souplesse requise chez un écrivain. Nadia Comanecci des lettres.
Donc, les prochaines étapes : écrire encore quelques pages avec ma Emma N°2, la mettre en scène durant une ou deux scènes supplémentaires. Puis m’attaquer au synopsis, très rapidement, pour une seconde mouture. Bien sûr, les fondements de l’histoire restent les mêmes. Et la romance demeure au premier plan.


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A Paris, j’aurais aussi déjeuné avec Henri L., que je n’avais pas vu depuis un bon bout de temps. Trop long, ce bout de temps, si voulez mon avis. Sa bonne humeur, son enthousiasme débordaient sur toute la terrasse. Ensuite, et en sa compagnie, direction Sébastien D., réalisateur et technicien d’effets spéciaux. L’occasion de discuter du génial et injustement décrié, raillé, mésestimé Alexandre, d’Oliver Stone : Sébastien avait travaillé sur ce projet de titan, accompagnant de longs mois durant le tournage.
J’étais heureux de pouvoir dire tout le bien que je pense du film à l’un de ses créateurs. Content aussi de jeter un œil sur le trailer qu’il concocte avec Henri.
Maintenant, retour un peu triste à Rennes. Ma fille ne sera pas là, ma Douce vit et travaille bien loin de moi, les copains sont en vadrouille…
Probable que j’aille du côté de St-Malo voir à quoi ressemble la mer en octobre.

dimanche 25 octobre 2009

Back on tracks

Moins cent mille, certes, mais déjà beaucoup de pages reprises.
Surtout, le sentiment d'avoir trouvé le ton, la voix de mon personnage. Il aura fallu descendre à l'abri des tentes. Seulement je suis prêt à reprendre l'ascension dans de meilleures conditions.
Sérieusement, je suis content de ce que j'ai réécrit comme je ne l'ai pas été depuis longtemps.
Les mots viennent tout seul, les émotions aussi.
Sur le coup, oui, ça fait un peu mal, mais ça reviendrait à prendre la route avec un véhicule bringuebalant, faire demi-tour pour repartir au volant d'une voiture sans défaut d'usine.

vendredi 23 octobre 2009

Salon du livre de St Etienne

Ce we, destination St-Etienne, pour le salon du livre.
Je serai avec Franck Thilliez, Henri Loevenbruck et Pierre Pevel, entre autre potes.

jeudi 22 octobre 2009

moins 100 000

Eh bien oui en fait, le camp de base souffre un peu de conditions climatiques, hum, déplorables. Afin de mieux préparer l'ascension complète du Roman, notre cordée et moi avons décidé de redescendre au point de départ, via le col de la Corbeille.

mardi 20 octobre 2009

100 000

Voilà, la barre des 100 000 signes est atteinte (18 000 mots ou environ 1/5 du roman. Ne me demandez l'équivalent en grammes ou en watts ou en smarties. C'est ma fille qui est collège, je le rappelle, pas moi).
Comme je le disais un peu plus tôt, ces 100 000 signes marquent une étape toujours un peu particulière pour moi.
J'y arrive assez vite.
Je fête ce petit événement en poussant un soupir de soulagement, comme un sportif qui reprendrait l'entraînement après un hiver passé à regarder des K7 de compètes passées et constaterait, oh joie, qu'il a encore des jambes.
Ca vaut bien de lever le coude - Redbull, Gatorade, coteaux de Layon - on garde le champagne pour la fin ou les we chez ma mère.
Je pousse encore un peu la rédaction parce que tout près s'agitent les démons qui vont mettre le feu aux poudres et lancer l'intrigue proprement dite.
Et je vais m'arrêter.
Je ne sais pas trop ce que donnent ces pages et je m'inquiète. Sans trop m'avancer je peux dire que j'ai trouvé la voix de la narratrice. Il faudra lisser bien sûr, car sa voix, elle se l'est chauffée sur scène plutôt qu'en coulisses et je vais devoir rattraper le coup pour les 10 premières pages.
Du nanan.
Mais c'est vrai, je m'inquiète.
Car pour le moment, et à ma grande surprise, la partie romance prend le dessus - je crois ; après tout, je manque un peu de recul. Et je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée, ni que ce soit réussi.
Je vais donc passer ces premières pages à mon éditeur, histoire de m'assurer que je ne fais pas fausse route.
S'il les valide, alors je partirai droit devant et il ne lira plus rien avant que j'aie achevé le 1er jet et sa révision.
Mais pour le moment, oui, je m'inquiète.

dimanche 18 octobre 2009

Conseils en écriture : Palahniuk



Dans la série "Oh mon Dieu, j'aimerais tant écrire un roman mais je sais pas trop comment m'y prendre", Chuck Palahniuk nous délivre la bonne parole en 13 points.

C'est qui d'abord Palahniuk ?
L'auteur de Fight Club.
Ses romans sont bizarres, chargés de violence factuelle et de sexualité pas toujours joyeuse. Des missiles sophistiqués contre notre société.
Pas vraiment ce que vous comptiez écrire, pas vrai ? Pourtant, ses conseils sont pleins de bon sens et adaptés à tout type de fiction.
Notre Palahniuk a fréquenté les ateliers d'écriture. Et il en propose un en ligne, c'est dire si la pédagogie l'intéresse.
D'accord, tout ça est en anglais.
Mais rien de bien compliqué en ce qui concerne ces 13 conseils.

photo : copyright Chris Saunders

samedi 17 octobre 2009

La Cité d'Embre


Vu City of Ember avec ma fille.

Pour sauver l'humanité (?) des bâtisseurs ont construit une ville souterraine. Deux cents cinquante ans plus tard, ses habitants ont oublié qu'ils devaient remonter à la surface quelques décennies auparavant. Seule une toute petite poignée de citoyens s'y est essayée naguère, à l'encontre des autorités.
Pendant ce temps, le générateur qui fournit la ville en électricité - et donc en lumière - montre des signes de fatigue de plus en plus fréquents, de plus en plus longs.
Et la nourriture, des conserves, vient à manquer...
Quant au pouvoir politique, c'est propagande, magouille et compagnie...
Autant dire que ça sent le sapin.

L'atmosphère oppressante est très réussie pendant toute une 1ère partie joliment rythmée. Elle vient en contrepoint à l'ambiance bon enfant de la cité (on est dans un film tout public, tiré d'un roman pour la jeunesse), son organisation système D, son décorum kitsch, sa foi paralysante en les bâtisseurs élevés au rang de dieux qui ne tarderaient pas à venir sauver tout ce petit monde (sous-entendu : ben pas la peine de se casser le cul à trouver des solutions, le Très-Haut veille sur nous).

On sourit, on chante, on rigole à Ember.
Mais c'est tendu, tendu, tendu.

Combien de temps vont durer les plongées dans le noir absolu ? Quand le générateur tombera-t-il en panne ? Demain ? Tout à l'heure ?
Quel est ce secret contenu dans une valise aujourd'hui oubliée, et que les maires se passaient d'un mandat à l'autre ?
Le dernier tiers est une classique aventure d'évasion, menée par deux ados et une petite fille (Beaudelaire's Orphans, anyone ?).

Un chouette moment passé à côté de ma fille.
Mais c'est marrant comme les enfants ont du mal avec les fins ouvertes, les questions laissées sans réponses.
C'est marrant comme ça me pose aussi un problème.

jeudi 15 octobre 2009

Déjà le sommet ?


Si tout va bien, ce we je devrais être arrivé à un quart/un cinquième du roman.
Déjà ?!
Oui, déjà.
Mais - vous pouvez le lire en capitales ou l'entendre diffusé par un haut-parleur de la taille de l'Arc de Triomphe, encore que côté triomphe on en soit loin. Donc :
MAIS !
1/Ce devrait un roman plus court que mes précédents. Les Dragons de la cité rouge "pèse" 600 000 signes, environ. Celui-là devrait tourner aux alentours de 400 ou 500 000 signes.
2/100 000 signes marque une étape importante. Le genre camp de base, celui où tout le monde s'arrête en attendant que le col se dégage, que les conditions soient meilleures. En somme, qu'on y voie plus clair. Si comme moi vous êtes un habitué des documentaires "Comment je suis presque mort à deux pas du sommet - mais je n'ai perdu que mes orteils", vous savez qu'on peut y passer un bon bout de temps, au camp de base.
3/Je vais pas mal me déplacer pour des signatures. Les semaines vont être sévèrement grignotées. Surtout que jusqu'à présent, je n'ai pas fait preuve d'une grande assiduité en déplacement, question écriture.

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Comme je suis un garçon qui donne dans la mesure, la subtilité et la nuance, en général quand je me lance dans un roman j'estime écrire ce que j'ai fait de meilleur jusque là. Vraiment de meilleur. Un genre d'étape importante, vous voyez. Normal: l'expérience, le temps consacré à la préparation... Fini le temps de la marelle, quoi.
Cette exaltante certitude dure une journée ou deux.
Le lendemain, je suis persuadé de rédiger une belle grosse merde. La pire de toutes: vous marchez dedans et c'est une demi-heure accroupi au-dessus de la bassine pour sauver ce qui peut l'être encore.
Mesure, nuance, subtilité. Je vous avais prévenus.



Ah, et ne me demandez pas mon état d'esprit, ce soir.

mardi 13 octobre 2009

Des noms de personnages

Comment je choisis mes noms ? Le plus souvent à la sonorité. De temps en temps pour le clin d'oeil. Ils ne sont pas toujours définitifs. Même les héros ont la carte d'identité mouvante, avec moi ! Il m'arrive de jouer du recherche-remplace à la moitié du manuscrit.
Peu importe : il faut que les noms sonnent juste à mes oreilles. L'impatience d'avancer dans l'histoire me fait donc parfois retarder la décision.
Mais il arrive aussi que l'évolution des personnages, ce qu'ils m'apportent d'une péripétie à l'autre, de répliques en réparties, dictent un autre choix que le baptême originel.

Le prochain roman, celui dont je vous parle là, depuis quelques jours, sera publié chez Bragelonne.
C'est une telle évidence que j'ai omis de le préciser !

dimanche 11 octobre 2009

Du défi

Ecrire un roman est l'occasion de laisser aller mon imagination, de vivre des mois durant aux côtés de mes personnages, de partager leurs péripéties, leurs joies, leurs angoisses. Je peux partir d'une idée d'histoire, d'un décor, de personnages dont j'entrevoie les relations et que je voudrais pousser dans leurs derniers retranchements. Ou tout cela à la fois.
Le plus important est que l'envie soit là.

Et puis, il y a mes challenges personnels. Ils permettent de renouveler l'envie, justement, en plaçant la barre sinon plus haut, du moins ailleurs.

A chaque roman son défi particulier.

Pour La Porte des Limbes, il s’agissait de mettre à profit mes connaissances sur la peinture symboliste du XIXe et de conserver l’univers d’un jeu de rôle, Néphilim et plus particulièrement son extension Selenim, dans la narration.

Avec l’Ile aux Soupirs, une suite non publiée de la Porte des Limbes, je voulais rapprocher le contexte de Saint-Malo et des légendes maritimes tout renouvelant l’intérêt autour de personnages rencontrés dans l’opus précédent ; le principe de la série, en somme.

Karma Girl, un roman noir écrit avant ces deux là mais publié après, me permettait d’essayer une voix féminine (la narratrice a 17 ans), dans une narration très nerveuse, conclue par un twist.

Dans Le Cycle d’Elamia je tentai le roman choral, comme on dit, avec Rupture dans le réel de Peter Hamilton dans le collimateur : faire parler les protagonistes les plus insignifiants et pas seulement les héros. Multiplier les points de vue, pour rendre compte des bouleversements de tout un monde depuis toutes les échelles.

Le Gemmell d’Etoile du matin et de Waylander m’a inspiré les aventures d’Alec Deraan : Les Dragons de la Cité rouge se veut un roman compact, dans lequel chaque chapitre est tendu par ses scènes d’action. Ses héros ne sont pas du genre à se poser beaucoup de questions : le monde dans lequel ils évoluent ou survivent ne le leur en laisse pas l’occasion. Autre challenge : faire tenir l’histoire en un volume et donc ne pas multiplier les points de vue, une de mes tendances naturelles. Ah, et je me suis aussi interdit de m’arrêter plus de 48h00 en cas de problème avec l’intrigue. Ce qui signifie revenir en arrière pour simplifier les événements ou les nœuds dramatiques.

Pour le roman que je suis en train d’écrire, je me mets au défi de développer une intrigue sentimentale. Cette fois, elle doit être sur le devant de la scène. On verra si j’y parviens ou si elle se rétracte et file en arrière-plan, dans les coulisses.
Il s’agit d’un amour impossible, comme dans la plupart de mes romans, ainsi que je l’ai eu constaté le jour où j’ai fait le « bilan sentimental » de mes personnages principaux - sans commentaire, s'il vous plaît. Non mais...

vendredi 9 octobre 2009

Go !

C’est parti.

Après quelques synopsis plus ou moins aboutis et jamais convaincants, j’ai enfin trouvé de quoi m’amuser. Aujourd’hui je me lance dans la rédaction à proprement parler de mon prochain roman.

Quelque chose de rapide et rythmé. On y trouvera son pesant d’émotions aussi. Roméo et Juliette sont passés par là.

Voilà longtemps que je voulais recoller au XXe siècle. Oh, pardon : au XXIe. A l’exception d’une parenthèse j’ai passé ces dernières années à dos de dragon, avec des armures plus ou moins confortables sur le dos. J’ai adoré ça mais le grand air ça fatigue et je vais ranger mon épée si vous voulez bien.

Je me sens comme un gosse.

Le surnaturel, le fantastique et l’étrange restent mes terrains de jeux favoris – qui voudrait laisser son gamin jouer avec ses figurines sur le sol d’une usine ? – ce sera une aventure de fantasy urbaine. Avec des crocs dedans.

Le plus amusant sera de me mettre dans les pensées d’une jeune femme et de parler à la 1ère personne. Ça ne me fait pas peur. J’ai déjà écrit deux romans sur ce mode-là ; l’un a été publié il y a presque, mon Dieu, dix ans de cela. L’autre, je l’ai terminé l’an dernier.

Le plus difficile sera, comme toujours, de faire tenir l’histoire debout sans qu’on voie les béquilles, les ficelles, les échafaudages.

Emma W.

Elle a un charme dingue.

Je l’aime déjà.

lundi 5 octobre 2009

Norrell vs Doyle


A propos de Jonathan Strange & Mr Norrell, il a été dit ici et là combien ce roman faisait un portrait précis, voire inégalé, d'une certaine Angleterre du XIXe siècle. Une Angleterre magique, au sommet de son influence.
Mais je ne cesse de penser, depuis que je l'ai achevé, au roman de Tim Powers, Les Voies d'Anubis. Il se déroule à la même époque, au même endroit. Il y est question de phénomènes surnaturels, de Byron, de la couronne d'Angleterre.
Le style n'est pas aussi appuyé que celui de Clarke.
Et il s'y passe mille fois plus de choses.
Enfin tout de même, comment ne pas rapprocher les deux romans ?
Si vous avez lu les deux, je suis curieux de lire ici votre avis.

dimanche 4 octobre 2009

Jonathan Strange & Mr Norrell


C’est quoi, de qui, chez qui ?

Jonathan Strange & Mr Norrell, de Susanna Clarke - Robert Laffont ; Livre de Poche



De quoi ça parle ?
Roman historique, comédie de mœurs, fantasy dix-neuvièmiste, roman d’apprentissage, récit d’une amitié, tableau d’un royaume à son zénith… Comment résumer ces 1200 pages ?

Je me lance (et tant pis pour les spoiler, vous êtes prévenus)

Début du XVIIIe siècle, en Angleterre. La magie a disparu du royaume depuis 300 ans et les guerres napoléoniennes battent leur plein.

Soudain se manifeste un magicien.

Un authentique magicien, et non l’un de ces innombrables universitaires qui se contentent de théoriser sans fin, le nez dans leur livre. Il s’appelle Norrell. Oh, il n’est pas très différent de ses « collègues » : un vieux garçon aux allures de rat de bibliothèque. Capable de pérorer pendant des heures, digressions comprises, sur l’authenticité de tel ou tel incunable.

Mais Norrell, lui, il pratique.

Et la magie de réapparaître avec pour seul et unique représentant, ce pâlichon Norrell que son domestique et conseiller, Childermass, va pousser vers Londres, vers le pouvoir.

Norrell travaille dès lors pour le gouvernement d’Angleterre et soutient, à l’aide de ses tours magistraux, l’effort de guerre.

Et ça marche plutôt bien !

Mais la magie ne fait pas que des heureux. L’ambition de Norrell l’a conduit à ramener d’entre les morts l’épouse d’un puissant ministre. Pour réaliser ce tour de force, il a invoqué une fée – un homme-fée, pour être exact. Lequel demande en échange de ce service que ladite épouse rejoigne toutes les nuits son royaume parallèle où elle sera condamnée, des années durant, à danser lors de sinistres bals célébrant massacres et coups de folies.


Malgré un pacte léonin passé entre Norrell et ses « collègues » d’Angleterre – ils abandonnent tout effort de recherche sur la question, sans même parler de s’y adonner un jour – apparaît un second magicien : Jonathan Strange. Cette fois, il s’agit d’un jeune aristocrate désœuvré, presque écervelé, sans passion. Un noble provincial et campagnard. Un « hasard » a mis la magie sur son chemin et Strange s’avère doué. Très doué.

A son tour de rejoindre Londres.

Sa rencontre avec Norrell est décisive pour les deux hommes. Contre toute attente, Norrell, ce barbon glacial, se prend d’amitié pour le jeune homme. Il va même jusqu’à lui ouvrir sa bibliothèque. Les progrès rapides de Strange intéressent au plus haut point le gouvernement, toujours aux prises avec la puissance napoléonienne. Le jeune prodige fait moins d’histoire que son aîné pour gagner le front. Aux côtés de Wellington, Strange accumule au cours de plusieurs années de conflit l’expérience et il multiplie les victoires.

L’heure est bientôt venue de rentrer en Angleterre. Mais le fougueux héritier acceptera-t-il de vivre sous la coupe – bienveillante mais un peu moisie – de Norrell ?

Pendant ce temps, le gentleman féérique ne s’est pas contenté de ravir, toutes les nuits, l’épouse d’un ministre : il s’en prend aussi à Stephen Black, un domestique noir qu’il trouve si raffiné, si élégant et si bon danseur qu’il décide d’en faire le roi d’Angleterre.

Ne reste plus qu’à supprimer l’actuelle tête couronnée…


C’est comment ?

D’une certaine manière, Strange & Norrell est un livre de la frustration. Celle du lecteur. Les événements tardent à se réaliser, l’attente est parfois si longue que leur réalisation déçoit. Les confrontations annoncées, anticipées avec gourmandise, peuvent se solder par un échange poli, empreint de ce flegme, de cette distance que Clarke a voulu mettre en scène dans ce long roman en forme de comédie de mœurs : l’éternel britannique, ce qui constitue l’identité de cette île à l’époque où elle était si sûre d’elle-même, centre du monde occidental que lui contestait l’empereur français.

Frustration encore, avec l’attente du retour de John Uskglass, le roi-corbeau, roi-magicien médiéval, maître du Nord de l’Angleterre et plus puissant enchanteur que la terre ait porté. Quand elle narre sa naissance et sa vie, Clarke en écrit des pages si belles et si lugubres qu’on espère beaucoup de son rétablissement sur le trône. Trop ?

S’il y a du spectaculaire dans ses pages, il se mérite. D’autant plus que nombre de ses témoins ne se départissent jamais de ce flegme, lequel rend toute manifestation magique sinon banale du moins contrariante. Comme un salon dérangé après le passage des invités ou un bref vertige en quittant le pub.

Qui plus est, Clarke tarde à rendre sympathique ses deux magiciens. Norrell est sentencieux, prétentieux et a un presse-papier à la place du cœur. Strange ? C’est un oisif qui ne sait pas apprécier son épouse à sa juste valeur et la modestie n’est pas son fort. Quant à la ménagerie de cour qui les entoure, elle ne donne guère envie de passer plus de cinq minutes à boire le thé en sa compagnie - et encore, si les scones sont bons.

C’est que toute la sympathie de Clarke va aux petites gens. Aux domestiques, aux mendiants, à ce monde oublié, méprisé des grands qui écrivent l’Histoire mais sans l’aide desquels ils seraient en vérité bien en peine d’en changer une ligne.

Ainsi Childermass, le conseiller et domestique de Norrell, presque un mentor qui ne sera jamais reconnu pour ce qu’il est vraiment.

Ainsi Stephen Black, le fils d’esclave africain, prisonnier du cruel et insane homme-fée. Son ensorcellement, sa rétention nocturne sous la forme d’homme-objet est la métaphore à peine voilée de sa condition d’homme de couleur en Angleterre.

Si le début du roman explore la vanité que trouve le petit personnel à servir des êtres parfois ignobles dans leur mépris, et en arrivent alors à leur ressembler, il s’en éloigne bientôt pour leur offrir de plus beaux rôles.

Impossible d’évoquer le livre sans un mot sur le style : celui d’une autre époque, sans doute celle de Jane Austen, l’auteur anglaise dont Clarke clame son admiration.

Les visions foisonnent, les moments de grâce abondent.

Son Angleterre est celle de la pluie et des frimas, du brouillard et de la neige. Même la chaleur de son Portugal – Strange s’y bat auprès de Wellington – peine à nous réchauffer. Mais tous ces paysages, dont Clarke est à l’évidence amoureuse, sont animés par le souffle discret de la magie.

Omniprésent, l’humour – un humour distancié, un brin moqueur – teinte les péripéties, les portraits.

Enfin, les notes de bas-de-page, copieuses, sont un régal quand elles reprennent par le détail telle ou telle manifestation surnaturelle évoquée dans le corps du texte.

Clarke a mis, dit-elle, dix ans à écrire « Strange & Norrell ».

La richesse de son roman est telle que je la crois volontiers.


En résumé :

c’est moins bien : beaucoup d’attente. Quelques frustrations, en particulier concernant le personnage dont l’ombre magistrale domine un tiers du roman : John Uskglass. Parfois décousu.


c’est bien : magnifiquement écrit. Le foisonnement de visions, de péripéties. Les portraits. L’enjeu même du roman : le retour de la magie en Angleterre, au XIXe siècle.

Un chef d' oeuvre.

vendredi 2 octobre 2009

Compas et portulans ?


Voilà plusieurs mois que je n’ai pas écrit.

Pas écrit de roman.

Les synopsis s’alignent. En fait, j’en ai un par mois écoulé depuis que j’ai terminé un drôle de roman « jeunesse ». Ou qui devrait l’être, je n’en sais trop rien.

Sans doute l’un des textes que j’ai eu le plus de plaisir à écrire, où j’ai trouvé mon compte en chacune des lignes. Où il était question de deuil, du libre-arbitre, du nécessaire renoncement aux décisions que les parents ont prises pour vous.

Du tout aussi nécessaire engagement dans les choix personnels, à l’heure de franchir les derniers feux de l’adolescence.

De la responsabilité, quoi.

Oh, ces thèmes composaient le fond du roman ; pour le reste, ce qui s’agite en surface et donne les couleurs, les mouvements, c’était des péripéties un peu folles, teintées d’amour, sur le ton du réalisme magique : partir en quête d’un cercueil d’un type très spécial, à l’autre bout du pays. Dans une sorte d’Hollywood où œuvrerait encore, dit-on, un illusionniste prestigieux. Le genre à pouvoir fabriquer ledit cercueil.

Un court roman.

Des lecteurs bien intentionnés m’en ont dit assez de mal pour que j’arrive à le corriger et à y insuffler, je crois, cette part d’émotion que je lui refusais – comme si j’avais peur que l’histoire parle un peu trop de moi et pas assez du héros. Comme si j’avais peur que ça se voie. Ils m’en ont aussi dit assez de bien pour que je croie à la nécessité de lui donner sa chance.

Enfin... de me la donner.

Alors, je l’ai envoyé. Il flotte ici et là, sans grand signe de vie.

Depuis, j’aligne les projets. Synopsis, résumés, plans détaillés… Rien d’assez folichon pour convaincre mon éditeur ou me convaincre moi-même.

Les semaines passent.

Non pas « rien à l’horizon », mais plutôt des armadas formidables aux voiles tissées d’or, aux étraves serties d’émeraudes. Mais que je m’approche et alors ce ne sont plus qu’esquifs croulants sous les brimborions, les bimbeloteries. Les voiles baillent sous un vent de soupirs.

Bientôt ce sera pétole.

Bref, ça fleure moins les Grandes Découvertes que le suint de radoub.

Redresser la barre, border les voiles, toutes, y compris ce petit hunier de rien qui pourrait bien faire la différence.

Et surtout, connaître sa destination.

A quoi sert d’écouter le vent, lire la mer, vaincre les courants si on ne sait où l’on va ?

Ce soir, je quitte le gaillard d’arrière, je descends en cabine et j’ouvre le coffre des cartes.

On verra bien qui, du capitaine ou de son indécision, aura le dernier mot.

Strange & Norrell... at last


Je viens de terminer ce livre, cet excellent livre.
Il m'aura fallu quelques mois pour en venir à bout. Je ne l'ai pas dévoré, je l'ai goûté.
Et des romans, j'en ai lu d'autres entre temps, parce que bon, Strange & Norrell c'est du lourd...

Mais je l'ai terminé.

N'étant pas un gros lecteur, et me fichant pas mal d'abandonner un livre quand celui-ci ne me plaît pas, c'est plutôt bon signe.
1100 pages assez denses, très écrites...Et ça n'est pas Les Piliers de la Terre - que j'ai adoré par ailleurs.

Que le roman de Susanna Clarke soit devenu un best-seller, y compris en France avec des dizaines de milliers d'ex. écoulés, laisse espérer que la place existe pour toutes les littératures.
Et pas seulement pour les plus évidentes, les plus immédiates, les plus indiscutablement rentables pour tout le circuit du livre.
Je n'ai rien contre les livres a priori commerciaux : que seraient nos éditeurs, libraires, imprimeurs - et donc auteurs - sans ces locomotives ?
Mais le risque que les romans très grand public n'occupent bientôt toute la place est réel dans une économie qui a perdu le goût de l'aventure - sauf quand il s'agit de produits financiers exotiques.

Bref, "Jonathan Strange & Mr Norrell" se mérite, comme on dit.
Et il vous le paie bien en retour.
Bientôt une fiche de lecture...

jeudi 1 octobre 2009

Twilight - Fascination


C’est quoi, de qui, chez qui ?
Twilight (Fascination), de Stephenie Meyer. Hachette.

De quoi ça parle ?
Bella a 17 ans. Au début de l’histoire, elle déboule dans une ville pluvieuse de la côte US pour habiter chez son père divorcé. Débarquer dans un lycée où l’on ne connaît personne, déjà c’est pas évident. Mais quand en plus votre voisin de SVT grimace comme si vous sentiez le maroille, la rentrée s’annonce moyen. Enfin, ça pourrait aller si seulement ledit voisin n’était pas une sorte d’Apollon. Ou, pire, si cet étudiant brillant n’avait pas quelques décennies de plus que Bella, des superpouvoirs et un penchant avéré pour la chair fraîche – du genre qu’on dévore à pleines dents. Car Edward est un vampire, un vrai. Et tout délicat et prudent qu’il est, il ne tarde pas à succomber au charme inexpliqué de Bella. La love story sera-t-elle consommée ?


Précautions d'usage


Difficile de parler d’un livre qui s’est venu à des millions d’exemplaires.
Si vous aimez, vous êtes coupable de céder à l’hystérie ambiante, laquelle est dictée par le consensus culturel et mercantile.
Vous détestez ? Forcément, vous êtes un écrivain aussi frustré qu’envieux.
D’ailleurs, des millions de lecteurs ne peuvent avoir tort. Ah bon ? Et en quoi la quantité serait une preuve de qualité ? De la même manière, la qualité n’est pas inversement proportionnelle à la quantité de lecteurs.
De mauvais bouquin qui ne rencontrent aucun lecteurs, ça existe.
Le succès, a fortiori s’il est planétaire, a le don de modifier la perception qu’on a d’une œuvre.
Le Da Vinci Code, vous vous souvenez? Soudain, ce qui n’était qu’un thriller sans autre prétention que de distraire, devenait le livre à abattre, « mais regardez, ils n’ont rien compris, le bouquin est truffé d’erreurs factuelles. Et en plus, c’est écrit avec les pieds ». Comme si Dan Brown avait à un moment prétendu pondre un essai historique écrit avec l’ambition d’un Nabokov.
J'oubliais : ma fille adore Twilight. Le film : elle n'a pas lu le roman. Mais les deux sont très proches.
Voilà pour le contexte.
Oui, difficile de s’en extraire.
Mais comme je suis tout en courage et en abnégation, je vais essayer.


C'est comment ?

Rappelons-le, Twilight est un roman ado. Young adult, disent les anglo-saxons. On ne s’embarrasse pas avec le réalisme, le détail documentaire. Le style favorise l’intimité avec la narratrice. Ça va vite. Et on place l’émotion au premier plan. L’émotion brute et sans limite. Celle qui allume les colères aussi épiques qu’éphémères, tire des larmes, touille les remords pour les effacer aussitôt, favorise les coups de tête… La psychologie ? Passez dans cinq ans, on verra ce qu’on a en rayon.
Quand on s’aime, c’est tout de suite et c’est pour la vie.
Bella est amoureuse. Edward est amoureux. Comme se le dire ? Et quand on se l’est dit, on fait quoi, exactement ?
Pas grand chose, en ce qui concerne nos tourtereaux.
Car ça va être un peu compliqué : le garçon est un vampire – oh, pas bien méchant, du genre qui croque les herbivores ; végétariennes s’abstenir. Bella? Elle passe pas mal de temps à lutter contre sa maladresse et les évanouissements, quand elle ne repousse pas de gentils prétendants un peu boulets.
Edward, lui, résiste bravement à la tentation de sauter... sur Bella.

L’élément fantastique ? Il est très peu exploité pendant les deux tiers du roman. En fait, Bella pourrait être une prolétaire et Edward un aristocrate ; leurs atermoiements tiendraient à la différence de classe. Ça donnerait peu ou prou la même histoire.
Twilight n’est pas de la bit-lit mais de la romance. Et le livre répond à tous les codes, à toutes les constructions du genre, dont il faut rappeler qu’il concentrait 80% des ventes poches sur le territoire américain, il y a encore peu.

N’étant pas une adolescente craignant, comme dans Beverly Hills, de « le » faire – attention on ne sait jamais, mettre un mot sur la « chose » c’est peut-être un peu la consommer – je n’ai pas accroché à ce roman dont l’action, la tension teintée « thriller » se concentre seulement à la fin.

Je suis un peu plus inquiet des valeurs qu’il porte et dont ses jeunes lectrices font peut-être leur miel. Mais comment s'étonner de cette pudibonderie à une époque où la pornographie n’aura jamais été si accessible au plus grand nombre ? S’il y a bien un lieu où les jeunes femmes y sont peu respectées à l’image, c’est bien celui-là.
Ah, et le côté sacrifice permanent de Bella - envers ses parents par exemple - m'exaspère.

Personnellement, j’aimerais lire un roman aussi fleur-bleue – je n’ai rien contre les comédies romantiques, j’ai un cœur d’artichaut et la larme facile – mais où l’héroïne serait un peu moins à la merci du Protecteur Impavide.
Un roman de Nora Roberts, quoi…

En résumé :
Bien : le Grand Spectacle des émotions pubères. La fluidité, les dialogues. L'originalité du cadre : une ville humide et fraîche de la côte.

Moins bien : ne se passe pas grand-chose. Trop peu de fantastique. Pudibonderie et sacrifice à tous les étages : bienvenue dans la morale judéo-chrétienne pur-jus.