mercredi 21 décembre 2011

2012 = very bad trip ?

Cette fin 2011 annonce un 2012 décidément réjouissant :

L'Europe est toujours plus proche bord du gouffre économique et social
La Hongrie joue les apprentis-sorciers nationalistes
La Chine s'approche de l'implosion - bulle, bulle, bulle.
H5N1 fait sa guest star et prépare son retour
Le prime minister de la Grande-Bretagne en appelle aux valeurs chrétiennes
En France, les moins fortunés demeurent les plus malades
Amazon a liquidé un peu plus de libraires, d'éditeurs et d'auteurs
Aux commandes depuis 10 ans, l'UMP s'en prend encore au bilan socialiste
Les plus fortunés n'auront jamais été si bien lotis que depuis les années 20
Je continue ?...

Heureusement, cette bonne nouvelle : la Ligue de l'Imaginaire a repris du poil de la bête.

Hugo Cabret



Droits réservés


Hugo Cabret, c'est la preuve en 126 mn du génie multiforme de Martin Scorsese. Il sait donc tout faire, le bonhomme. Même les films longs et ennuyeux cédant à la mode de l'orange et bleu
Pour sa décharge, j'admets l'avoir vu en version française - pas le choix par ici. Le doublage est exécrable, même Ben Kingsley brame comme un comédien sorti de Voisin, voisine. L'acteur principal, ce gamin aux yeux bleu piscine, est aussi inexpressif que l'automate qu'il bricole ; je veux dire, à part ses narines qu'il bouge fort bien, reconnaissons-le. Et si Scorsese ne savait pas diriger les gosses ? N'est pas Spielberg qui veut. 
Le scénario est d'une transparence qu'ont aggravé les nombreux commentaires du film : j'espérais  contempler autre chose que cette interminable quête du mythique Méliès. 
Faire revivre le cinéaste préhistorique, l'idée était belle. Même si vous vous farcissez le type à chaque documentaire traitant des effets spéciaux depuis, euh, eh bien depuis toujours. Imaginez un peu si, comme moi, vous vous intéressez aux trucages... Parce que Méliès, c'est un peu notre de Gaulle, vous voyez : c'était mieux avant et heureusement qu'il était là, blablabla.
Les décors de Dante Ferretti sont admirables. Les costumes sont extra, c'est simple on se croirait dans un Caro & Jeunet. Ah, et la musique ? Eh bien, vous aimez l'accordéon ?... Quant à l'image... orange et bleue, je vous ai dit. 
Bref, j'ai failli m'endormir à deux reprises et j'aurais aimé que le petit Hugo il avance l'horloge plutôt que de passer le film à la remonter. 
Bon, je ne suis pas la cible visée. Mais ma fille ne s'est guère plus amusée.  Reste à voir ce qu'offre le livre illustré dont est tiré ce métrage mou. 

PS : la 3D ? Mais pourquoi la 3D ?

lundi 12 décembre 2011

Café quizz et DSK

Boire du Nes n'est sans doute pas vraiment apprécier le café. Il se trouve que je n'ai pas trop le choix ces derniers jours, pour des raisons dont je vous épargnerai l'exposition - suis-je magnanime. Toutefois vous n'échapperez pas à la lecture de l'emballage, fort édifiante : "Le saviez-vous ? Le café contient naturellement de la caféine qui contribue à améliorer votre attention et votre concentration". Maintenant vous voilà moins bêtes.

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Les articles les plus lus du Libé.fr :



Strauss-Khan a toujours la cote, dirait-on. Serait temps que le bonhomme songe à produire et animer une émission de télé réalité. Il ferait un carton.

jeudi 8 décembre 2011

Intouchables

Aujourd'hui plus que jamais, vous avez intérêt à donner votre avis sur les best-sellers, les séries tv, les block-busters du moment ou, mieux encore, les inattendus du box-office (ça en fait du franglais). Pourquoi ? Parce que votre survie sociale est en jeu. 
Au bureau avec les collègues,
Sur les réseaux sociaux avec les amis. 
Donc, je suis allé voir Intouchables - sans aucun doute plus pour faire plaisir à ma compagne que par un souci d'intégration : je ne suis pas si sociable que ça. 
Quand un film emporte un tel succès, et a fortiori s'il n'a pas été annoncé, marketé mais répond au bon vouloir d'une foule de spectateurs via le bouche-à-oreille, il devient foutument compliqué et périlleux d'en dire du mal. Voire même de n'en pas dire du bien. 
Pour être franc, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde et j'ai ri assez souvent. Même quand le propos sur lequel se fondait le gag me plaisait moyen. Si bien que j'ai eu plus d'une fois le sentiment d'oberver un membre de la famille plutôt sympathique mais au goût douteux - hélas, ça n'était que moi. 
Ok, il y a du rythme, les acteurs se défoncent, mention spéciale pour les 2nds rôles et pour Cluzet qui fait passer pas mal de choses avec une mobilité réduite. 
Et puis j'ai lu cette critique de Libé et tout s'est éclairé. C'est qu'ils savent écrire, les cochons, et penser aussi.  Lefort a plutôt tendance à m'agacer, mais il s'est ici adjoint la plume de Didier Péron et Bruno Icher. 
Morceaux choisis - c'est moi qui souligne :

"Intouchables promeut l’union sacrée des riches et des pauvres confrontés à leur échelle aux adversités de l’existence. La fable abolit la méfiance qui règne entre classes sociales et la remplace par un mélange de bonhomie et de sans-gêne. Personne n’exploite personne et les écarts de fortune ne sont jamais un problème ou même un facteur de frustration (du côté des employés). La comédie sociale française organise régulièrement ces rencontres entre bourgeois et prolos.  [...] Les antagonismes deviennent des quiproquos, les sources de révolte finissent en éclat de rire (c'est moi qui souligne)
[...]

Le personnage du banlieusard foutraque, qui a des armes dans son sac de voyage et nargue les flics en roulant à 300 à l’heure sur l’autoroute, est aussi, quand ça l’arrange, le gardien sourcilleux du bon ordre. La morale à géométrie variable, assaisonnée de leçons de vie, est évidemment un ressort efficace pour tous et n’importe qui, car chacun veut la loi pour les autres et la liberté pour soi.
[...]

L’art contemporain ? Une imposture puisque j’en fais autant tous les matins dans ma salle de bains. La musique classique ? Un ennui à périr. L’opéra ? Une plaisanterie, d’ailleurs j’en ris. Baudelaire ? Un pensum, antidrague. Tout cela dit au nom du parler banlieue, du parler d’en bas, du parler incorrect, tous synonymes du parler vrai. Qui n’est pas du tout le fantasme d’un parler minoritaire, mais un parler dominant." 
[...] 
Gérard Lefort, Didier Péron, Bruno Icher, in Libé NEXT



Il y a aussi cette chronique signée Viggy, piochée au hasard sur le web (Zoom Out en l'occurence), plus nuancée et qui résume bien l'impression que me laisse le film :

"Un feel-good movie plutôt réussi qui évite le pathos (le handicap y est banalisé et jamais larmoyant). Certaines répliques font mouche et on se prend d’affection pour ce tandem attachant qui va apprendre l’un de l’autre. 
[...]

Ce calibrage parfait révèle une évidente démagogie dont les raisons du succès sont au fond assez sournoises : le film veut prôner la réconciliation entre les différentes couches de population. [...] En capitalisant à fond sur la sympathie de ces deux personnages antagonistes, le film se voudrait surtout humaniste, porteur d’une certaine utopie sur l’abolition de la lutte des classes. Mais le problème réside dans le portrait simpliste et dans les raccourcis artificiels sur la bourgeoisie. Sous le prétexte de la caricature, le film se sent obligé de railler l’intellectualisme (voire tout le discours franchement beauf sur l’art contemporain et l’opéra) pour mieux faire l’éloge de la richesse et du matérialisme."
[...]
Viggy, in ZOOM OUT

En somme, la comédie sociale française c'est pas mon truc: trop casse-gueule. Je lui préfère l'humour délirant des Zucker, des Nuls ou des Monty Pythons ou, mieux encore les comédies dramatiques. Chacun son truc... 

mercredi 7 décembre 2011

Le Diable s'habille en Prada



Le plus drôle dans Le Diable s'habille en Prada ?
Nous faire croire qu'Anne Hathaway s'habille en  40 à un moment ou un autre.

dimanche 27 novembre 2011

Tycho - Dive


Tycho est Scott Hansen. 
Bien tenté, Scott, mais n'aurais-tu pas 10 ans de retard ?  Les Boards of Canada ont déjà emprunté cette route. Comme je suis d'humeur mélancolique, je veux bien la reprendre avec toi, va.

Avant d'aller dormir - S.J. Watson




De quoi ça parle ?

À la suite d'un accident survenu une vingtaine d'années plus tôt, Christine est aujourd hui affectée d'un cas très rare d'amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu'elle a en fait 47 ans et qu'elle est mariée depuis vingt ans. Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime afin qu elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence. Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer. Très vite elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé... et sur son présent (Description de l'éditeur).


C'est comment ?
Loin du thriller formaté - après tout, c'est SonatineAvant d’aller dormir ressemble à un cauchemar quotidien et conjugal. Trauma, amnésie, menace latente… Autour de ces prémices ultraclassiques Watson a l’heureuse idée de ne pas nous assommer de détails techniques : pas question de passer de cabinets de psy en labo up to date pour comprendre la nature de cette pathologie. Ce qui intéresse Watson - et nous passionne - c’est le drame intime d’une femme qui ne se reconnaît pas et regarde les vestiges de sa jeunesse avec une alternance de tristesse et de panique, d’amour aussi. Un amour qu’elle recompose ex nihilo d’un jour à l’autre, s’efforçant d'insuffler de la passion là où ne tourbillonne qu'une poussière clignotant sous des flashs de mémoire, toujours plus nombreux à mesure qu'elle avance dans la rédaction de son journal. Cet homme, cet inconnu, ce mari auprès duquel elle s’éveille chaque jour Christine l’aime et admire les efforts qu’il déploie depuis des années pour accompagner cette amnésie singulière. Bien sûr, ça ne sera pas aussi simple.
La narration à la 1ère personne est d’une grande sensibilité, tout en nuances et tandis que la situation pouvait prêter à de lénifiantes répétitions, Watson a le talent de renouveler les enjeux, mêmes minuscules, et les mots qui les racontent. Toutefois Avant d’aller dormir se veut un thriller :  peu à peu la tension, déjà pesante et où infuse une tristesse angoissante, s’élève de twists en révélations jusqu’à l’ultime climax. Une leçon d’écriture - c'est un 1er roman - en même temps qu’un récit prenant. 


C'est bien : l'atmosphère, le style, l'intrigue
C'est moins bien : ?

jeudi 10 novembre 2011

Le livre des morts - Le Jeu de l'ange - Le Coma

 Donc, lectures de ces deux dernières semaines.
Le Livre des morts est l'un de ces thrillers modernes dont les personnages sont aussi crédibles que les voeux de paix universelle prononcés par un dignitaire soviétique. Pour autant, on ne s'y ennuie pas. Même si on a compris l'essentielle de l'intrigue - franchement fantastique - à la moitié du roman. Un tantinet malhonnête, l'auteur joue avec les flash-backs qu'il s'amuse à placer dans le désordre, histoire de retarder la révélation du mystère - laquelle intervient, vous l'aurez compris, beaucoup trop tôt à mon goût. Une technique utilisée dans Le Projet Bleiberg. D'ailleurs les ruptures de ton de l'un ne sont pas sans me rappeler les changement de voix de l'autre. Puisque Glen Cooper est un petit malin, il reste toutefois une question laissée sans réponse. Qui appelle une suite, bien sûr. Rendez-vous dans Le Livre des âmes. Yeah.

Ecrit et paru après l'attachante Ombre du Vent, ce Jeu de l'ange étire son intrigue dans une même Barcelone gothique en diable. Cette fois, le fantastique n'est pas qu'une hypothèse et le récit verse vite dans le surnaturel. Chouette,  me direz-vous, bande de geeks. Hélas,et à la différence du Cooper sus-cité Zafon ne tient presque aucune des promesses lancées en début d'intrigue et bien des péripéties ne seront jamais explicitées. Ou alors je suis idiot, ce qui est une possibilité non négligeable. Au vu des commentaires laissés ça et là sur la toile, je ne dois pas être le seul - notez, ça ne me rassure en rien. Dans tous les cas, il a un univers bien à lui, Zafon : sous l'orage, une palette de gris où brasillent des carmins et des mauves. Et puis le rose, parce que la romance...



Le Coma tient de la novella, c'est-à-dire du très court roman. Alex Garland, ne faites pas comme si vous ne le connaissiez pas : à 26 ans il a publié La Plage dont Danny Boyle a aussitôt tiré un film un peu raté avec Leonardo Di Caprio, Tilda Swinton et un couple d'acteurs Français. Puis les scénarios de 28 jours après et de Sunshine du même Boyle. Ah, et un 2nd roman, Tesseract, qui a laissé de marbre les admirateurs de sa Plage new age et gore. Bon, là c'est l'histoire d'un type tombé dans le coma - noooon ?! - après s'être fait allumer dans le métro par une bande de caillera . Il vous raconte le gus tout le bizarre de cet état entre vie et mort. L'ensemble agrémenté de gravures sur bois réalisés par papa Garland, un cartoonist notoire de la presse british. Mouais. Retourne aux scénars* mon garçon, tu fais ça très bien - ou alors j'ai rien compris, ce qui est une hypothèse envisageable. De très belles lignes ici et là tout de même.
 Garland hier, Garland aujourd'hui. Oui, je sais, ça n'est pas très sympa. 
*Un remake de Logan's run est sur les rails.

lundi 24 octobre 2011

Spin, le retour

A la relecture de Spin, de brefs extraits picorés ici et là avec une gourmandise que n'assombrit aucun risque d'ingestion, je m'émerveille encore de la justesse d'observation de Wilson. Cette précision sans afféterie dans la description des effets d'une catastrophe naturelle sur toute une génération. Pas tout à fait de l'économie de moyen, Wilson n'étant pas avare de ses mots. Seulement il trouve les bons pour laisser penser que la folle singularité dont la Terre est soudain victime est en train d'arriver sous nos yeux.
Certes son narrateur est un peu falot, mais pas plus que n'importe quel observateur privilégié d'un être extraordinaire en action - confere le Nick Carraway de Gatsby, le François Seurel du Grand Meaulnes... Sa voix devient même attachante au fil des décennies et l'équilibre toujours précaire entre son retrait et son implication accordent à son témoignage une valeur d'émotion qui séduit et convainc. 
Je reste donc pantois d'admiration pour le travail de Wilson : à la fois pour son audace, son style et la main sûre qu'il applique de la première à la dernière page d'un projet ambitieux.  

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Ce qui ne m'empêche pas de passer un bon moment avec Le Jeu de l'ange, de Carlos Ruiz Zafon dont j'ai beaucoup aimé L'Ombre du vent. Là encore, des chimères gothiques hantent les rues de Barcelone, au début du XXe siècle. Et les romans sont toujours la matière de sa fiction - d'ailleurs, on retrouve des personnages d'un opus à l'autre. Malgré un style parfois maniéré et des élans d'émotions pubertaires Zafon fait preuve d'une générosité exemplaire pour nous attirer dans son intrigue débridée. Reste à voir s'il tiendra la longueur - je n'en suis qu'à un tiers.  


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Je vais finir par penser qu'Alexandre Desplat est l'un de mes compositeurs préférés. Une chose est sûre : il est remarquable. Hier soir je regardais Coco avant Chanel quand je notai la musique qui, entre deux dialogues, tissait le silence de soieries sobres et élégantes. Ni une ni deux, je me dis alors : ça ressemble à Desplat. Bingo. Pour vous donner une idée de la délicatesse des arrangements, Desplat serait un peu l'anti-Zimmer. D'ailleurs, le Français manque de souffle et d'ampleur dès qu'il met en musique du film d'action contemporain. Chacun son truc. 
Moi, j'aime bien les deux.

mardi 18 octobre 2011

Cognac, c'est fini

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Rentrer d'un salon pour ordonner ses souvenirs c'est comme ouvrir en solitaire un paquet d'Apérifruits, un verre d'eau plate à portée de main : une impression de soleil, plein de couleurs et de goûts différents et plus personne pour partager sa gueule de bois.
En tout cas, je crois qu'on a formé une bonne bande de potes, avec les gus d'Intramuros retrouvés là pour cette nouvelle célébration des littératures noires. Qu'on est devenu assez intimes pour accepter sans se froisser des mots d'esprits toujours plus nébuleux à mesure que le Schweppes-Cognac nous embourbait la mécanique. Les gars, je ne vous félicite pas.
Plus que ravi d'avoir passé du temps aux côtés de S.Cédric et miss O. Tout ça était fun et sentait la colo. Une colo dont les monos seraient partis guincher dans le village d'à côté, oubliant de nous botter le cul quand il aurait fallu - non, je ne vous dirai pas quand.
Un grand bravo à Caroline Lépée, ex d'XO : ses petits protégés auront cette année gagné à Cognac le prix Intramuros ET le prix Polar - et bien sûr toutes mes félicitations vont à Mister Minier pour ce Glacé givré !
Un grand merci à Bernard Bec et Dany, aux libraires marathoniennes et spéciale dédicace à Patrice-"le-pic-vert-matin", à son épouse et à ses bondissantes petites filles.
Maintenant, il faut se remettre au travail avant de... remettre ça demain après-midi, dès 16h00, au Virgin des Champs-Elysées.

mercredi 12 octobre 2011

Dédicaces à Cognac, signatures sur les Champs-Elysées



Si vous me cherchez le week-end prochain, je serai en train de siro... de signer à Cognac quelques exemplaires (un demi-million ce serait pas mal) de Ne Cherche pas à savoir. Oui, Cognac : là où j'ai eu l'immense plaisir de recevoir le prix Intra Muros en juin dernier.
Cognac, c'est un salon du polar bien velu : ciné, télé, bédé, romans (ça rime pas) sont à l'honneur. Il y aura du beau monde mais je suis surtout content de 1/retrouver l'équipe d'Intra Muros 2/revoir mes potes, parmi lesquels l'excellent Jérôme Fansten 3/participer à un salon dédié à la chose des frissons avec des bouts de flingues dedans.
Je ne l'avais pas fait depuis celui de Bastille en 2002, pour mon roman Karma Girl.
Donc on se retrouve là-bas sans faute, un verre de Schweppes-cognac à la main - faites-moi confiance.

Le 18 octobre, ce sera au Virgin des Champs-Elysées que je pointerai le bout de mon nez, la pointe de mon stylo et plus si affinités - mais pas tellement plus, hein, je suis pudique. Dès 17h00 en compagnie D'Anne Guéro, Laurent Genefort, Didier Graffet et Pierre Pevel. La petite bande de Bragelonne, quoi, histoire de célébrer les littératures d'imaginaire sous les auspices de la grande librairie du VIIIe. Pas sûr qu'il y ait du Schweppes-cognac mais un ersatz à bulles blondes fera l'affaire.

College - A real hero

Moi, je préfère ça. Na.


DRIVE! College Feat. Electric Youth A Real Hero par mflex70

mardi 11 octobre 2011

Metronomy - The English riviera

A force d'exiger des artistes que leurs albums soient enregistrés avant même de signer le moindre contrat, les maisons de disques assument aujourd'hui le risque de publier des maquettes.
Et alors ? Chic, de l'authentique ! s'écrient les critiques têtes à claques. Sapristi, c'est du son qui sonne salement sincère, ça ! assènent ces sacripants de pisse-copies.
Avec son English Riviera grisâtre, Metronomy gagne ses galons de 1er de la classe, rayon pop indé. Deux ou trois pistes synthés par plage, du pumping de compresseur sur un chorus, une séquence à la Kraftwerk-Trans Orient Express histoire de justifier l'étiquette electro-vintage-retro-pop, et le tour est joué, la copie rendue, les profs contentés. 
Peut-être que ce serait bien, Metronomy. Après tout, le combo aligne des idées marrantes et décoratives, comme un rang de nouilles sur un collier de fête des mères : c'est aussi mignon et aussi moche. Ouip, peut-être que ce serait bien avec un peu d'effort, les gars.

dimanche 9 octobre 2011

Millenium by Fincher

La glace de Suède reflète les névroses de David Fincher comme un miroir griffé. Et j'ai déjà mal aux dents.

mardi 4 octobre 2011

ERASURE : Tomorrow’s world



Pour ceux qui aiment une synth-pop aérienne et inventive, Erasure a composé entre 1991et 1995 trois albums indispensables * – le dernier s’autorisant de vastes digressions électroniques, si rares dans un genre dont la compacité tient lieu de règle d’or. Écouter ces opus c’est comme flâner dans un magasin de jouets longtemps après la fermeture, avec pour toute lumière des guirlandes bariolées, des abat-jours de poupée et les feux d’une escadre de chasseurs stellaires. 
Depuis, et à une ou deux plages près par album, Erasure a effacé ce qui tramait sa poésie chatoyante. Pape des synthés vintage, virtuose de la séquence électro Vince Clarke avait même abandonné ses machines au profit du tout-ordinateur, pour un disque de transition up tempo mais anémié. Le temps nécessaire pour installer son nouveau studio, affirmait-il : une cabin dans le Maine américain
Avec ce Tomorrow's world votre serviteur s’attendait donc à ces mélodies imparables et ces arrangements réjouissants dont le duo a le secret. Las, il ne se passe grand-chose dans mon cœur de vieux fan à l'écoute des  9 pop songs, sans parler de l'instrumental qui clôt l'oeuvre avec l'indigence d'une blague éculée. La faute au déluré Frankmusic, aux manettes ? Allez savoir… 
Disparu le magasin de jouets et son exploration nocturne : désormais je m’ennuie dans une discothèque de province, où un DJ peu inspiré aurait obtenu du tôlier la permission de tester live ses essais bricolés sur Garage Band. 
Si le monde de demain ressemble effectivement à ça, je m’enterre dès aujourd’hui dans un bunker.

[edit : bon, j'ai un peu exagéré. Deux titres affligeants, quelques options clubs pas toujours de mon goût puis le reste plaisant et mieux garni que le précédent album. A défaut de grives...]

mardi 20 septembre 2011

L'automne, quoi

Oh ! Déjà l'automne. Me suis fait surprendre, négligeant de vous donner des nouvelles de London-après-les-émeutes - ah, ah, mais Londres intra-muros, si jamais ça signifie quelque chose, est un genre de Disneyland über-consumériste et épargné tant par la Crise que par les flammes de sauvageons moins excédés que désœuvrés.
L'automne. On va ramasser les châtaignes à la pelle, s'humecter d'embruns tempétueux, se hâter vers la cheminée et espérer que l'hiver sera aussi court et velléitaire qu'un pénis de paresseux. Peut-être qu'on ira jusqu'à s'intéresser à l'avenir de nos politiciens et réfléchir quel sort on leur réserve lors des primaires, mais là rien n'est certain.
Pour l'heure, je me remets d'un week-end nancéien - vous savez, les dédicaces et tout. Le plus fatiguant ça n'est sûrement pas les longues heures attablées devant une foule qui avance de profil, indifférente à notre sort, ni les rigolades avec les copains, les échanges avec les libraires et les compliments de nos lecteurs mais plutôt le pépiage incessant de confrères dans le train du retour. On dirait une colo particulièrement indisciplinée et sans mono.
Et puis, il y a les restos.
Pas de A la table du roi Stanislas, cette année. Diantre. Alors je ne saurais que vous conseiller La Petite Venise, au 35 de la rue des maréchaux. Oui, c'est un italien mais tout à fait convenable où j'ai savouré un risotto au lambrusco et, le surlendemain, un risotto "risi i pisi". Comme on ne plaisante pas avec ce plat, il faut compter au moins 15 mn d'attente voire plus si vous le souhaitez tendre plutôt qu'al dente. Croyez-moi, ça en vaut la peine. Pour les pizzas, il faudra chercher ailleurs.
J'ai fréquenté une autre table très accueillante et de fort bon aloi, mais je ne vous en donnerai pas l'adresse car elle s'établit chez Pierre Pevel, ce mien ami. Sois remercié de ton hospitalité et celle de ta Mie jusqu'à la fin des temps, Pierre.

mardi 16 août 2011

London gothic




Pas de lectures cette semaine. Sinon celles de guides touristiques.
Car demain, direction London, my Dear. Frémissez à la perspective de quelques lignes gothiques. Ou, plus probablement ces temps-ci, de battes de cricket interceptées à la volée. Aïe. Je vais recharger mes piles à idées en évitant le pire. Et si je n'y échappe pas, eh bien j'aurai mon appareil photo.

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Plein de films à voir cet été : Captain America, HP 7-2, Planet of Apes, Super 8... Pourtant, toujours rien vu. Peux pas tout faire, surtout que la plupart des films ils sont en VF par ici. Et vous ? Qu'avez-vous vu, qu'avez-vous aimé ?

jeudi 11 août 2011

Les enquêtes d'Enola Holmes




C'est quoi, de qui, chez qui ?

Les enquêtes d'Enola Holmes : La double Disparition, Nancy Springer - Nathan

De quoi ça parle ?

Le jour de ses 14 ans, Enola Holmes est seule dans la maison (il y a bien les domestiques, mais tout le sait que ça ne compte pas, hein) : sa mère a disparu sans laisser de traces, du moins en apparences. Plutôt que d'intégrer la pension à laquelle la destinent ses infamous brothers, l'adolescente décide de partir à la recherche de sa maman : une collection de péripéties vaut mieux qu'un corset qui asphyxie.

C'est comment ?

Vous ne le saviez peut-être pas mais Mycroft et Sherlock Holmes avaient une sœur cadette. Nancy Springer, elle, est au courant. Et tellement bien encore qu'elle a décidé d'en faire l'héroïne d'une série pour ado. Son petit bout de femme est du genre solitaire, créative et motivée. Née alors que sa mère était déjà âgée, surtout pour l'époque, Enola a été élevée en province, loin de ses deux grands frères. Élevée ou plus exactement livrée à elle-même, avec un goût prononcé pour la culture - les livres - et l'émancipation.
Optant très vite pour la fugue - ses frères ne lui laissent guère d'alternative - Enola pédale vers London où l'attendent quelques ennuis bien trempés. En chemin, elle découvrira une autre disparition qui vaudra bien une petite enquête. On ne s'appelle pas Holmes pour rien.
Malgré une foule de bonnes idées, voilà une aventure qui me laisse une impression étrange. L'héroïne est si éloignée de sa mère qu'on ne sent guère se manifester le chagrin. Le ton de la jeune narratrice conforte ce sentiment de froideur, de solitude exacerbée aussi. Une volonté manifeste de l'auteur qui pousse la jeune fille sur les routes de la liberté en un temps où être femme ne signifiait guère plus qu'être la créature conciliante de son époux.
Il ne se passe pas grand chose d'excitant tout au long de ce voyage dans une Angleterre à la Dickens. Un peu de vélo, tout autant de train, les inconforts et les avantages ressassés d'un corset et d'une tournure, quelques sales gueules de l'East end avec leur cortège d'avanies. Et une conclusion déroutante, à la fois promesse de nouvelles aventures et fin de non recevoir quant à l'enquête principale.
Un premier tome joliment écrit et traduit (par Rose-Marie Vassallo) mais sans doute un peu trop collet-monté pour que je m'y amuse.

Springer confie dans une interview combien tant l'héroïne que sa situation affective et familiale sont proches de ce qu'elle a elle-même vécu adolescente. Tout s'éclaire...


Le port (1)


copyright Erik Wietzel

dimanche 7 août 2011

Objets perdus - Lost property



Je ne joue pas la comédie : cette année j'ai déjà perdu une casquette, trois billets de train, une écharpe, une bague, une carte mémoire emplie de photos, l'espoir une bonne vingtaine de fois, des chaussettes, une montre, pas mal d'argent, ce que je voulais dire, ce que je devais faire, un manuscrit annoté et mon vélo - je l'ai retrouvé, lui.

samedi 6 août 2011

As good as it gets


Je ne sais pas si je suis heureux et surtout on s'en fout. Une chose est sûre, je ne vis pas trop mal la solitude de ces 1ers jours d'août grâce à la mer toute proche. Je commence à bien connaître les lieux : j'y viens depuis, allez, 40 ans ? Certains iraient jusqu'à dire que j'y vis - mais ils ont mauvais esprit. Pourtant peu de lassitude, très peu, surtout, comme on s'en doute, en été. L'été, vous savez ? cette saison où l'on n'est pas obligé d'ajouter un poncho à ses tee-shirt, chemise pull et blouson pour affronter, lèvres gercées, le noroît furibond.
Un grand merci donc aux amis qui me prêtent leur maison et leur chat minuscule. Vous savez, les amis, je suis bien, là. Très bien. M'en vais cheminer le long de la grève à la recherche de deux, trois idées romanesques dont je suis sûr que vous apprécierez tant l'ingéniosité que le charme ineffable - et si ça n'est pas le cas, par pitié ne dites rien : je ne sais pas si je suis heureux mais je tiens à le rester.

photo : le port des Bas-Sablons, 4 août 2011. Erik Wietzel

Une Patience d'ange - Le Projet Bleiberg





Tandis que l'occident court à sa perte, court après ses pertes devrais-je dire, je poursuis mes lectures avec un sourire béat. Elizabeth George, parce que je viens de passer son manuel d'écriture au crible. Avec Une Patience d'ange. Le genre de patience qu'il m'aura fallu pour venir à bout de 750 pages de porte à porte, d'interrogatoires placides, d'allers-retours en Bentley entre les landes du Derbyshire et Londres. My Lord, tout ça n'était guère passionnant. C'est pas du policier, c'est du policé.

Américaine, George se passionne pour une Angleterre confite dans les clichés : brume et sordidité. Certes, elle passe du temps auprès de ses personnages, touille inlassablement leurs motivations. Au moins, en voilà qui ne poussent pas des gueulantes façon sauvageons, un travers de plus en plus fréquents chez les auteurs de littérature populaire. Pa-tien-ce, je vous dis.
La révélation du meurtrier - oui, il y a eu des meurtres, voyez-vous, enfin non vous ne les verrez pas - tombe un peu à plat. Faut dire qu'on n'aura guère eu le temps de s'attarder sur le bonhomme ni sur la profondeur de son mobile. J'imagine que le bad guy l'intéresse moins que les tribulations affectives et conjugales de ses protagonistes principaux.
Bon, l'effet de réel est bel et bien présent dans ce
police procedural, sauf que je ne suis pas certain de rechercher tout à fait ce genre d'émotions, en ce moment.

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Le Projet Bleiberg juste après ça c'est passer du coq à l'âne. Du mystery policé au thriller décomplexé. Du salon de thé au timbré du dojo. En un livre, David S. Khara a tout compris au fun et à la légèreté de la littérature de genre. Un peu trop, parfois : j'ai plus souvent eu le sentiment de foncer, pied au plancher, au travers d'un comic que de m'immerger dans une intrigue noire à souhait. Rapide, donc, à l'image de sa vie, quoi : Khara n'a pas de temps à perdre. Que voulez-vous, il faut faire des choix dans la life, et il faut les faire vite. Et jusqu'à présent, ça lui réussit plutôt bien, croyez-moi. *
En 240 pages, il déroule une intrigue de fin du monde, avec savant fou, services secrets et secrets de famille. Ça défouraille façon série B. On ne s'attache jamais mais on ne s'ennuie pas. Reste que pour un format aussi court, Khara installe une documentation puis la développe, la triture, avec un entrain, une concision qui forcent l'admiration. En tout cas la mienne. Bon sang, ce garçon n'en est qu'à son 2e roman ! On a beaucoup parlé de l'humour de son style. Je ne suis pas fan des chapitres à la 1ère personne, cette gouaille d'un improbable trader m'a plus tiré hors du roman qu'elle ne m'y a accroché. Tant pis pour moi. En revanche toutes les scènes qui nous propulsent au plus sombre du XXe siècle sont pleines de brio et d'émotion. Chapeau.
A paraître en octobre :
Le Projet Shiro. Toujours aux éditions Critic. Je crois bien qu'Eytan Morg va reprendre du service. Tant mieux !

*Le livre est aussi un phénomène d'édition : publié par un micro-éditeur (en gros un libraire rennais dont c'était alors le 3e titre) il a atteint 25 000 ventes en une saison. Les droits ont été achetés par le cinéma, vendus en poche, à l'étranger... Ancien patron d'une boîte de com qui comptait un groupe automobile japonais parmi ses clients, David S. Khara est un personnage de roman à lui tout seul. Vous n'avez pas besoin de moi pour lire son 1er roman, publié au départ chez Rivière Blanche et repris au printemps par Michel Lafon : Les Vestiges de l'aube.

mercredi 27 juillet 2011

Seul le silence



C'est quoi, de qui, chez qui ?
De quoi ça parle ?
Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable, dont l’identité ne sera révélée que dans les toutes dernières pages. (description de l'éditeur)

C'est comment ? Ellory est un petit malin. Au début, il nous fait le coup du thriller à base de meurtres sexuels sur des petits nenfants tout mignons, histoire appâter l’amateur de choses horribles-qu’on-voudrait-repousser-mais-qu’on-peut-pas. C’est qu’on mijote dans la Géorgie d’avant guerre, une moiteur qui fait suer la misère comme nulle part. Le drame est là, suintant à chaque page comme un morceau de saindoux au soleil. Du moins, on s’y attend puisque Joseph/le narrateur n’a de cesse de nous répéter que ce jour-là, ou le suivant, ou un paquet d’entre eux tout compte fait, marquera le tournant irrémédiable et funeste de sa vie. C’est vrai qu’il va les accumuler, les horreurs, le pauvre gosse. Et l’adulte ne sera guère mieux loti.
Ellory est un petit malin ou alors c’est son éditeur français, Sonatine. Un thriller ? Mais alors du lent, du très lent. Certes, on est bien du point de vue de la victime, du témoin *. Pour le reste, on est plutôt dans une fausse autobiographie un peu sur-écrite. Un témoignage dont le pathos, l’emphase littéraire trouve son explication dans le métier dudit narrateur : écrivain. C’est pas bête et c’est pratique. Au moins autant que les jobs de flic ou de journaliste pour qui veut plonger son héros dans le cambouis dès le début de l'intrigue et à moindre frais. Ellory est un grand bavard et du genre talentueux - quand il ne réemploie pas jusqu'à la lie la métaphore du poing fermé. N’empêche, je lui aurais bien découenné son roman d’une centaine de pages. Hop ! Passez-moi ça au rameur, jeune homme. Et vous enchaînerez avec une heure sur le stepper. Cette surabondance Ellory m’en a définitivement convaincu au moment où le narrateur anticipe et imagine ce que pourra être une rencontre avec un personnage clef. « Et on se dirait si, et on ferait ça ». Et ça prendrait dix pages.
Et moi je les aurais sautées parce que je préfère savoir ce que donnera cette rencontre plutôt que de lire ce qu’elle ne sera pas. Au moins, c’était vers la fin.
Si votre truc, ce sont les enquêtes policières, la quête obsessionnelle de l’indice, les interrogatoires, la médecine légale, les hypothèses à foison des mobiles du tueur, passez votre chemin car vous ne saurez rien. ** Si vous aimez le mélo à la sauce ploucs US, avec des morceaux de bravoure littéraire bien noirs et visqueux, ne changez pas de voie. Un thriller, non. Un roman noir, incontestablement. Avec une langue et du souffle.
Hélas, je sortais de Spin, de Wilson. Qui, avec une plus grande économie de moyens, parvenait à créer des personnages aussi touchants sinon plus.
Maintenant, je suis curieux de voir à quoi ressemblent ses romans plus contemporains et, si j'ai bien compris, plus policiers.
Filez sur le site de la revue ALIBI pour écouter/lire une interview de ce grand bonhomme d’Ellory.
* C’est ainsi que Boileau-Narcejac définissait ce sous-genre des littératures noires. Avec, en chef de fil, William Irish.

** Ellory, dans une interview accordée au Concierge Masquée : Pour moi, Seul le silence est un livre émotionnel. Ce n’est pas un roman policier à proprement parlé mais plutôt un drame humain où les meurtres occupent une place secondaire afin de créer un effet sur les gens, qui se sentent alors indirectement associés aux meurtres.

mardi 26 juillet 2011

Cars 2


Cars 2 aurait pu être un très bon Pixar. De l’aventure, de l’exotisme, de l’humour (ah, ah) et de l’action à ressort (zbooing). Déjà, il est meilleur que le 1er ce qui, de mon point de vue, n’était pas très difficile : Cars n’était qu’une longue séance de rédemption dans un village de trouducs, sans Super Vilain pour tendre les suspensions de McQueen, le héros. Je vivais là ma 1ère déception pixarienne, juste avant le raté Ratatouille - ne venez pas m’assommer de commentaires défendant les aventures du rat gastronome, je les modérerai sans pitié. Non mais.

Meilleur, ce qui ne veut pas dire que les insupportables saillies de Martin, faire-valoir de MacQueen et héros malgré lui de cet opus, valaient la peine de chausser des lunettes 3D et de se cogner 1h52 d’explications parentales quelque part dans mon dos (bon sang, s’il faut expliquer les films pour enfants aux enfants, autant les mettre devant les Teletubies et nous laisser nous poiler entre adultes).

Toutefois plein de bons moments dès lors que Jar Jar Martin quitte le devant de la scène. En particulier la scène prégénérique, bondienne en diable. Pixar poursuit sa quête du Graal visuel avec le bon goût qu’on lui sait. Côté scénar, on est en pleine machinazion diabolik alors j’étais limite aux anges. Hélas on a cru bon de nous asséner une leçon d’amitié et de loyauté si invraisemblable que, pour la justifier, les scénaristes ont doté l’idiot Martin d’une improbable étincelle d’intelligence à la toute fin : on avait l’inspecteur Gadget, on termine avec Sherlock Holmes. Bande de fainéants !

Bref, pour qui aime James Bond en cartoon et les courses de bagnoles, Cars 2 est un must.

dimanche 24 juillet 2011

Spin, de Robert Charles Wilson


C'est quoi, de qui, chez qui ?
Spin, de Robert Charles Wilson. Collection Lune D'encre - Denoël

De quoi ça parle ?
Imaginez qu'une nuit, les étoiles disparaissent. Toutes. Ah, et la Lune aussi tant qu'on y est. Trois gamins sont témoins de ce phénomène inquiétant : le narrateur et ses meilleurs amis, des jumeaux. Le lendemain matin, le soleil est, lui, bien en place. Mais il semble artificiel. Et puis tous les satellites en orbite géostationnaire sont retombés sur terre. D'ailleurs, qu'on envoie une fusée et elle chute aussitôt. L'espace est-il devenu infranchissable ?
Pas vraiment.
Les scientifiques découvrent très vite la cruelle vérité : la Terre est à l'abri d'un champ de force phénoménal. Au-delà, le temps s'écoule à très grande vitesse. 1 seconde sur terre = 3h dans l'espace.
C'est le Spin.
Ce qui signifie, parmi une foultitude de conséquences plus ou moins funestes, que la mort du soleil interviendra dans quelques décennies.
Jason, l'un des jumeaux, deviendra le scientifique spécialiste de ce phénomène. Le narrateur, son médecin personnel. Tout aussi terrifiée que la plupart des humains, Diane, la soeur jumelle, choisira la voie de la foi religieuse pour se colleter à ce Spin.
Au plus proche de ses personnages, le roman raconte à la première personne les trente années de ce bouleversement.

C'est comment ?
Extraordinaire.
Wilson installe un changement à la fois majeur et lointain pour explorer l'âme de ses protagonistes. Fermement ancré dans le réel, l'ici et maintenant, il relègue la hard science au 2nd plan sans toutefois s'en débarrasser d'une pirouette. Ce qui l'intéresse - et nous passionne par la même occasion - est cet improbable trio composé d'un homme admiratif d'un voisin surdoué et amoureux au long cours de sa soeur jumelle.
Malin, Wilson leur a imposé des rapports singuliers : orphelin de père, Tyler habite au bout du jardin des jumeaux ; sa mère est la domestique N°1 de cette famille aux revenus confortables et que le Spin va démesurément enrichir. Elle ne les a pas toujours servis : avant de disparaître, son époux ingénieur était associé au père des jumeaux. Autant dire que les rapports de domination affleurent tout au long du récit, incarnés par ledit père, un homme trop fier de son fils pour ne pas mépriser le reste de son entourage.
Telle est la situation de départ. Wilson la développe avec une grande finesse d'observation. Ses descriptions d'une humanité s'efforçant d'oublier une délirante épée de Damoclès sont tout aussi minutieuses, inquiétantes. Il passe avec une égale maîtrise du psychologique au sociologique, du micro au macro. Il émeut sans sombrer dans le pathos. Il ne perd pas son thème SF en cours de route et n'en fait pas un simple prétexte pour se pencher sur des personnages en mal d'affection, de relations : il l'entretient, le pousse au bout de sa logique mi destructrice, mi constructive. Il l'envoie même sur Mars. Et il n'oublie jamais d'accrocher le lecteur avec assez de tension, de suspense pour qu'il ne repose le livre qu'à regret.
Moi, j'appelle ça un chef d'oeuvre.

Reste à savoir si sa suite Axis est à la hauteur. Un 3e volume vient de paraître aux US ; il clôt ce cycle.

C'est bien : tout.
C'est moins bien : ?

samedi 9 juillet 2011

Oh le vilain copieur !

Il arrive que James Newton Howard se la coule douce et lorgne du côté de ses copains pour trouver ses thèmes et arrangements. Écoutez ça.






Pour sa défense - c'est mon web log alors je monte les procès que je veux - je dirai qu'on lui a sûrement demandé de, hum, se rapprocher de Benjamin Button. Et comme si souvent, il a dû composer la B.O. complète en trois ou quatre semaines. La parole est au procureur.

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L'été ne ressemble à rien, ce début de juillet en Bretagne nord. J'aurais voulu vous parler du bonheur des 1ères baignades estivales - mais il est vrai que j'ai plongé début juin, merci au printemps le plus chaud de l'Histoire. Sauf que là, on se baignerait plutôt sous les averses. Et je dois dire, c'est moins mon truc. Dois pas être un aventurier ni rien. Bientôt je vous recauserai de ma fantastique BX. Oui, c'est l'heure des bilans.

dimanche 26 juin 2011

INTRAMUROS, le prix


Photo: Jean-Daniel Guillou

Il y a une semaine, j’étais à Cognac et recevais à ma grande surprise le prix Intramuros. Je pensais en parler ici plus tôt, mais à force de chercher les mots justes pour exprimer ma joie, j’en suis arrivé à ne rien dire du tout. Voilà ce qui se passe quand un écrivain pense non sans prétention que chaque ligne doit compter, a fortiori quand il y a de l’émotion dedans.
Intramuros, quoi qu’est-ce exactement ?
Organisé par le célèbre festival du polar de Cognac, il est décerné par un comité de détenus et de prévenus de la région Poitou-Charente. Six centres de détention devaient donc choisir un roman parmi une 1ère sélection de 10 titres puis une 2nde de 6 titres, soit une cinquantaine de votants.
Tout ça pour dire qu’Intramuros est un prix de lecteurs. Croyez-moi, ce sont les distinctions les plus gratifiantes pour un romancier.
Une autre particularité : les 6 auteurs visitaient des établissements pénitentiaires de la région tout au long de la journée. Une expérience inédite en ce qui me concerne et un moment intense. Je ne vous ferai pas un dessin. Mais l’idée qui défend la dureté des prisons comme mode de punition équitable est l’une des plus insupportables et réactionnaires qui soient.
Le soir de la remise du prix, quatre détenus – sur les six prévus mais l’administration pénitentiaire a ses propres mystères – bénéficiaient d’une permission ; prolonger les rencontres hors-les-murs, dans un espace où la parole est soudain plus libre qu’on ne l’a jamais imaginé a été un moment très fort.
L’artisan de ces journées hors du commun s’appelle Bernard Bec. Un type étonnant, le dernier romantique peut-être. Têtu, dévoué, passionné et sensible. En plus d’organiser l’énÔrme festival du polar de Cognac à l’automne – film, télé, bédé, romans – Bernard entre plus de cinquante fois par an dans les prisons de la région pour y apporter un soupçon d’évasion.
Enfin, j’étais heureux de passer trois jours en compagnie d’une femme et de quatre hommes que je ne connaissais pas, cinq auteurs de romans noirs chaleureux et poilants. Ils méritaient tout autant que moi ce prix, car ils sont talentueux et plus engagés que je ne le suis. Je retrouverai Karine Giebel, Xavier-Marie Bonnot, Bernard Boudeau, Jérôme Fansten, Maurice Gouiran et Pascal Vatinel avec grand plaisir le 14, 15 et 16 octobre, toujours à Cognac, à l’occasion du festival. J’espère que vous passerez nous dire bonjour…

jeudi 23 juin 2011

Blog à part

► 2011 (29 messages)

► 2010 (76 messages)

► 2009 (97 messages)

J'ai comme l'impression que j'écris de moins en moins sur ce blog...

ELAMIA, l'intégrale




Lorsque j’ai commencé à écrire cette histoire je ne connaissais de la fantasy que Tolkien, Conan et la Quête de l’Oiseau du temps. Mes lectures penchaient plutôt vers le fantastique et l’épouvante : Jean Ray, James Herbert, Stephen King, Graham Masterton, Clive Barker… Pourtant, quand je présentai le projet d’Elamia aux toutes jeunes éditions Bragelonne, Barbara Liano, Stéphane Marsan et Alain Névant m’accordèrent une confiance sans réserve.
Il ne restait plus qu’à se mettre au travail. Un roman d’aventure avec des personnages hauts en couleurs bataillant au milieu d’un immense décor médiéval ? Pas de problème, ce ne serait l’affaire que de quelques mois, un an tout au plus. Imaginez un jeune soldat fonçant bille en tête sur des hordes sauvages après n’avoir affronté que des adversaires de paille, et vous aurez une idée de mon état d’esprit.
Mais c’est au cœur des regs d’Anakann, où je vivais des heures passionnantes en compagnie d’un quinquagénaire amnésique, d’un truculent méhariste et d’une théorie de démons, que Stéphane prit soudain conscience de l’ampleur de l’entreprise. Voix grave, sourire contrit : « Ami, tout cela est bel et bon mais je crains que ton enthousiasme ne t’ait fait perdre le sens de la mesure : tel que c’est parti, ton histoire ne tiendra jamais en un seul livre ».
J’étais dépité. La solution : effacer des chapitres entiers et vouer au néant des personnages que j’aimais comme des membres de ma famille. Impossible ! Il existait toutefois une alternative et elle tenait en un mot que mon éditeur me souffla aussitôt, un petit sourire aux lèvres : trilogie.
Un mot, certes, mais quelques années d’écriture supplémentaires.
J’hésitai : un roman c’est une exploration de la forêt voisine. Trois ? Une expédition autour du monde.
À la fois inquiet et trop épris de mes héros pour en sacrifier un seul, j’acceptai de relever le défi.
Aujourd’hui, je ne regrette pas une seule des années passées auprès de Joquinius, Kordac, Iriane, ou Julipen et c’est avec émotion que je tiens leurs aventures entre mes mains.
Car au bout du compte, un unique volume est parvenu à les contenir toutes…

Parution le 24 juin 2011

Danger Mouse & Daniele Luppi



L'album qu'AIR aurait rêvé de trousser.

mercredi 22 juin 2011

Sukkwan Island


C'est quoi, de qui, chez qui ?
Sukkwan Island, David Vann - Gallmeister.

De quoi ça parle ?
Un homme et son jeune fils en mode survie dans une nature aussi sauvage qu’hostile, outre-Atlantique. Et la tragédie à portée du canon, les pieds dans la cendre et la neige. La Route ? Non, bien mieux que ça : Sukkwann Island. Armé d’une langue sèche, narrative et qui pourtant ménage ses instants de grâce, David Van sait faire grimper la tension pour la résoudre avec la férocité d’un grizzly.
C’est son 1er roman et on se demande ce qu’il nous réserve pour la suite.
Là, on suffoque à la rencontre de cet homme dépressif qui s’installe avec son fiston sur un caillou désolé en plein Alaska : car le jeune protagoniste, celui dont le lecteur accompagne la trouille croissante, découvre jour après jour qu'il partage son cabanon avec un géniteur inconséquent, dépressif, instable. L’année sabbatique censée rapprocher les deux hommes ne mettra pas 24h à virer au cauchemar.
On s’enfonce dans cette angoisse comme l’improbable duo dans l’hiver. Ne comptez pas trop sur les éclaircies : ce roman bref a le bon goût d’éviter la mièvrerie qu’avait choisie Cormac McCarthy pour conclure sa Route grandiloquente.
Avec ce chef d’œuvre polaire David Vann vient de chausser ses raquettes et marche vers le Nobel.

C'est bien : J’ai achevé ce survival au milieu de la nuit et n’ai pas dormi. Le lendemain, je mettais pour la 1ère fois les pieds en prison.

C'est moins bien :
?