vendredi 24 juillet 2009

Cerbère


Me piquer mes bretzels ?
N'y songez même pas. J'ai un Cerbère. Chapeau de protection en toile de synthèse. Pieds nus pour une meilleure maîtrise des arts martiaux.
Et au coin, une caméra enregistre tous les déplacements ennemis.

War at nite


Tels des massifs de coraux ennemis se livrant bataille au coeur de la nuit du récif, ces deux paquets vont bientôt s'affronter. Une lutte sans merci, dont aucun ne sortira vainqueur - je les aurai tous croqués.
Toutefois, le Bretzel est chevaleresque et il sait se battre pour la beauté du geste et l'honneur de son clan. L'Alsace n'est pas la région pusillanime que l'on croit.
Epautre contre blé, Cérès et Mars en parrains bienveillants, cette lice impitoyable dont je serai à la fois l'arbitre et le bourreau sera probablement achevée demain.
Que les jeux commencent...

Carton de livres



J'ai reçu mes exemplaires d'auteur.
J'adore ça, je ne suis pas encore blasé du plaisir de voir mon travail reproduit en plusieurs exemplaires, tous plus beaux les uns que les autres - facile, ce sont les mêmes.
Indifférent à ma joie, Boromir dort.

mardi 21 juillet 2009



Aujourd'hui, la côte ressemblait à ça.
Une crêpe au bord de la mer, un café en terrasse : ce n'est pas encore l'été mais c'est déjà beau.

samedi 18 juillet 2009

In my room


Voilà où j'écris en ce moment. Une chambre
Quand je travaille, j'aime bien avoir de la lumière et la fenêtre ouverte. La vie est au-dehors alors je la laisse entrer, qu'elle glisse et se pose sur mes pages. Et je cours après le soleil, quitte à changer de pièce en cours de journée.
Un vrai luxe.
Sur le fauteuil, deux lectures en cours : "Jonathan Strange & Mr Norrell". Un chef d'oeuvre un peu ennuyeux - oui, ça existe. Et "The Writer's Journey" , un manuel d'écriture dont je parle dans une note précédente. Un livre rassurant comme un conseil que susurre un aîné avant d'entrer dans l'arène.
Il n'est jamais très loin de moi.
La vue depuis la fenêtre

Tempête estivale


Aujourd'hui, le vent.
Un vent de novembre. Juillet ? Oublié dans la pétarade du 14. Le soleil s'est épuisé dans les feux de la fête. Sa chaleur surtout. La tempête la dissipe un peu plus. Sur la digue du Sillon, j'ai peine à tenir les yeux ouverts. Ca fouette, ça lime, ça griffe.
Ma fille s'envole bientôt, pendue à ses ailes de nylon rose.
Rendez-moi l'été.

jeudi 16 juillet 2009

Ol'Dragon



Nouvelle dédicace rennaise, le samedi 25 juillet

Prochaine dédicace le samedi 25 juillet, l'après-midi : librairie Forum Privat, à Rennes, au 5 quai Lamartine.

Indi IV



Incontestablement les héros sont fatigués.
A tel point que leurs ennemis sont des traîtres sans envergure et des psys fous dont la cruauté tarde à ensanglanter l’écran – en fait on ne la verra pas.
Harisson Ford n’est plus ce qu’il était. Son chapeau sert à planquer sa mine d’alcoolique revenu de tout.

Blasé Indy.

Un gros cachet, on imagine, le fait courir après un improbable crâne extraterrestre enfoui dans un Pérou que le scénariste, l’excellent David Koep dont j’avais aimé Appartement Zéro, a dû chercher longtemps.

Sans être un navet - mattez sa filmo, Spielberg en est incapable - Indi IV traîne donc la patte, son rôle titre soutenu par un fils prodigue et soupe au lait, chatouillé par une thaumaturge russe qui ressemble à tout sauf à une Kate Blanchette en forme.

Pourquoi n’ai-je pas fonctionné cette fois ? Nostalgie mal placée ? Bof : j’avais déjà peiné pour le n°3. Parce que tout le monde parle trop ? Parce que personne – bon sang, John Hurt, Blanchette, LaBeouf ! n’y croit vraiment ? Pas même Spielberg qui ouvre le film par une motte de terre au ras des pâquerettes…

A cause d'une intrigue confuse à souhait ?
Je ne sais pas.
Et vous savez quoi ? On s’en fout…

mardi 7 juillet 2009

Dessins en dédicaces

Tout gamin, le 1e métier que j’ai voulu suivre fut dessinateur de bédé. Mon père en lisait beaucoup : des albums du Journal de Spirou encombraient ses étagères. Et je m’y suis mis.

Le soir, je pouvais passer des heures à regarder des illustrations de SF. C’était plus mon truc que la lecture. Une longue contemplation, dans le détail.

Ce trip a duré jusqu’au lycée. Puis, comparaison faite avec des camarades doués j’ai compris que je n’avais pas le niveau. Pour la bédé, vraiment, il faut être très très bon : représenter les volumes en deux dimensions. Imaginez la perspective de cinq cylindres hétérogènes, placés à des inclinaisons différentes – les doigts. Et puis le mouvement, le dynamisme d’un corps… Je ne parle même pas de la couleur après laquelle je cours encore, comme Tom après Jerry.

Pourtant de temps à autres, j’y reviens, au dessin. Je me débrouille mieux qu’étant gamin, mais j'avoue avoir désormais des projets plus modestes : une tête de mort, une gueule de dragon, un château fort…

Samedi, pour ma séance de dédicaces à Critic, je me suis amusé à gribouiller à la demande.

Quand les lecteurs sont des potes, j’y vais tranquille sans inquiétude ; après tout j’ai une gomme, non ? Mais que le client me soit inconnu et la main se met à trembler, les lignes perdent leur assurance.

Cependant, cependant, je pense que je vais poursuivre : il semble que mes lecteurs apprécient (et j'espère que ça n'est pas simplement un témoignage de politesse).


A bon entendeur...


jeudi 2 juillet 2009

Manuels d'écriture : la glace et le feu

Torres del Paine.Región de Magallanes, Chile. Photo de Michel Gutierrez

Longtemps je suis immergé dans les manuels et autres méthodes d’écriture.
Pourquoi ?
Pour progresser bien sûr. Un côté « s’ils y sont arrivés et qu’ils prennent la peine d’en causer, alors je vais forcément y trouver de quoi m’intéresser ».
Ou encore « et si un roman réussi était la tranquille application d’un astucieux mode d'emploi plutôt que le résultat d'un long et pénible travail ? »
Ouh, le vilain mot est lâché!
Car on imagine sans peine que derrière cette curiosité insatiable se trouvait une forme de... paresse - voilà pour le second gros mot du post.
Nous sommes tous à la recherche d’un déclic, d’un truc. D'une recette. Surtout lorsqu'on débute et que la rédaction d'un roman ressemble à l'assaut final de l'Everest, par temps de chien.
De fait, ces méthodes je les ai lues, consultées, relues, bouquinées, compulsées, épuisées…
Avec le recul dû à mon grand âge, je comprends désormais que ces livres et articles m’en disent plus sur l’auteur et sa façon de regarder son métier, de s’observer en train de travailler, que sur la meilleure manière pour les apprentis romanciers d’écrire de la fiction.
Si je vous parle de ça, c’est que je reviens tout juste d’un post de l'écrivain d'urban fantasy Van der Meer sur le sujet.

Qu’ai-je appris en lisant Ecriture, de Stephen King ? Qu’il avance sans plan, sans intrigue très définie. La chute, le twist le rebondissement final ? Il n’en a pas. Mieux : il vous conseille de ne pas en avoir. Oups, voilà le genre de recommandation que j'éviterais de transmettre. J’y ai surtout appris comment il en est venu à boire exagérément, le King. À quel point son épouse compte dans sa vie. Et combien violent fut son accident de voiture, en 1999. Oui, j’y ai trouvé une centaine de passages geek oriented. Sur King lui-même. L'écriture? Hormis l’évidence « les proverbes, c’est mal, évitez d’en saupoudrer vos paragraphes », c'est pas très fourni. Inutile d'y chercher le secret du maître. Vous espériez quoi ? King est un génie, passez votre chemin.

Qu’ai-je tiré de l’Art de la fiction, de David Lodge ? Son goût pour le roman du XXe siècle, le rappel de quelques figures de style, aussi.

Les conseils de Dan Simmons m’ont montré à quel point ce type est bavard, sentencieux, cultivé, un tantinet agressif. Et fondu d’ Emma Bovary. Un prof de lettres un peu tendu, quoi.

Orson Scott Gard place le personnage au centre du roman. Ecoutez ça: impossible de toucher le plus grand nombre sans élaborer des personnages profonds, dénués de tout clichés. Bien entendu, les tables de librairies et les tourniquets des aéroports nous prouvent le contraire : le poncif, en littérature comme en pop, est recherché avec acharnement par le lecteur lambda. Il se trouve simplement que Gard ne travaille pas avec ces héros-là – et son livre est passionnant par ailleurs.

Les recettes de fiction cuisinées à l’Américaine, j’en ai lu quelques unes. A force d'ingrédients, d'ustensiles et de température de cuisson j'ai foiré mon soufflé avec le célèbrissime Story . J'espère que son auteur n’imagine pas sérieusement que Bergman mitonait ses scénarios comme il le décrit. À fuir…

Dans le très abordable et captivant Writer’s Journey de Christopher Vogler, j’ai enfin saisi pourquoi un paquet de films hollywoodiens semblent tirés du même moule. L’auteur, script doctor, y reprend les théories de Campbell sur la structure narrative des grands mythes. Oui, le Campbell dont Lucas a fini par avouer avec pas mal de retard s’être inspiré pour écrire le premier Star Wars. Une structure narrative que la littérature de fantasy a d’ailleurs beaucoup utilisée. Le voilà en français.

Bernard Werber est un passeur, un vrai. Notre nocher made in France : rien ne saurait l’empêcher de transmettre son ineffable optimisme : être publié ? oui, c’est possible ! À condition de volonté, d’acharnement, de travail et d'une bonne dose de chance - ne comptez pas trop sur le talent. Ses conseils sont sympas, surtout si vous venez de tremper le pied dans l’eau glaciale de la fiction – si l’ablution se prolonge un peu, vous comprendrez vite qu’il s’agit de lave et qu’elle va vous consumer et vous consumer encore : le fleuve n’a pas de fin. Pour aller plus loin, franchir le Rubicon et pénétrer dans Rome (VIe arrondissement de Paris) en conquérant mieux vaut assister à ses conférences. Vous aurez la chance de vivre en direct une joyeuse explosion d’enthousiasme partagé, celui-là même qui berce cet anxieux de nature. C'est déjà beaucoup, non ?

Je pourrais continuer ainsi longtemps mais j'en vois qui somnolent au premier rang. Et puis quand vous aurez lu tout ça, il sera temps de revenir sur la question.
Tout ça pour dire aussi qu’un ami m’a demandé si j’acceptais de rencontrer un jeune auteur qui... blablabla... des conseils que... blablabla...
Et je ne vois pas ce que je pourrai lui apprendre de plus que :
1/ Il te faudra lire beaucoup, jeune padawan
2/Il te faudra écrire encore plus
3/ l’édition se porte bien mal et mon éditeur a bouché sa boîte aux lettres : no manuscript allowed.

Si vraiment il insiste, je le renverrai vers ces quelques titres, avec une préférence peut-être pour le Vogel : même si l’application stricto sensu de sa méthode tend à formater les films, elle a l’avantage de remettre sur la piste le romancier perdu dans la forêt de son récit et de lui fournir la liste des abris disponibles.
[à suivre...]