vendredi 27 mai 2011

The Birds


"Les oiseaux sont les gardiens de nos secrets".
Bon, sauf les pigeons, hein.

jeudi 26 mai 2011



Shoegazing et magie noire, les Cocteau Twins jouaient du Ouija comme personne. On pourrait presque entendre le pied du guéridon grincer sur le parquet d'une villa de Guernesey. Parfait pour composer une scène de sorcellerie comme celle que j'écris aujourd'hui.

mardi 24 mai 2011

Un zombie dans mon salon




On occupe son lundi comme on peut. Pour moi, ce fut médecine chez le rabbin.
Faut dire que la nuit avait été bien remplie : depuis que je m’étais cogné le talon quelques heures plus tôt sur un trottoir parisien je me sentais un poil nauséeux.
Donc, la nuit.
Je me lève avec l’idée vague d’aller vomir. Me voilà au milieu du salon – les salons c’est sympa pour rendre un bon coup, j’imagine. Las : brusquement enveloppé d’un sinistre voile gris, je comprends que mon expédition n'ira pas bien loin.
Donc, le sol.
En un ultime sursaut d’intelligence (?) je décide de m’agenouiller. Ça ne sent pas trop l’héroïsme tout ça, je sais ; mais bon, si vous êtes déjà tombé de votre hauteur avec pour seule protection votre tête et une mince couche de derme vous savez de quoi je parle. À genoux. Je tente le coup avant d’être happé par l’inconscience.


Une éternité plus tard, je suis d'aplomb. Un voile gris, le même, épais. Flotter entre deux eaux, des eaux de poisse dont on aurait ôté toute couleur. Et une voix, là-bas, paniquée. :« Erik. Erik, réveille-toi. Erik, ERIK ! » C’est ma Douce. Malgré mon hébétude je comprends qu’elle est toute proche, de l’autre côté du miroir.
Je suis debout et elle me secoue. Elle me secoue et je lutte pour briser cette gangue. Je lutte et je lutte encore, j’ai l’impression tranchante comme le fil d’une lame que je vais mourir, si je ne sors pas de là je vais m’éteindre et elle aurait beau m’appeler, me secouer, me crier dessus ma Douce, j’y serai indéfiniment, ce sera la fin de toutes choses.


J’ai déjà fait ce cauchemar, trois ou quatre fois. Je suis conscient, mon environnement est réduit à ce que mes membres, mes sens paralysés me laissent en mesurer. Je pourrais être piégé dans l’étage oublié d’un immeuble en démolition. Et je sais que je dois m’éveiller vite, très vite avant de disparaître dans les décombres.
Mais ce n’est pas un cauchemar, non : cette fois j’y suis et jusqu’au cou. Si je veux quitter ce palier perdu entre deux mondes et dont un seul est accueillant, il faudra se battre.


Les couleurs m’enflamment enfin. Raide comme une statut, je n'ai pas quitté le salon, ma Douce me secoue et je suis là, un haut-le-cœur me soulève et je la supplie de me laisser m’asseoir. La sueur, la nausée très forte, les tremblements, les pleurs partagés. Je m’affale sur le canapé pour écouter la description toujours assez effrayante d’un homme trouvé à terre, émettant un long et puissant râle à réveiller le voisinage, son soudain sursaut, son regard vague et la crise de tétanie, son indifférence aux appels.

Un zombie dans le salon.


Dès lors notre nuit ne ressemblera plus à rien. Parfois vaincu par un sommeil tapissé de rêves glutineux, je m’éveillerai tous les quarts d’heure avec la trouille de retrouver cet étage inconnu de tous et dont les rares locataires sont promis à l’ensevelissement. Ma Douce me veillera et guettera les signes d’une rechute, hantée par la violence de l’expérience.


Le lendemain, visite chez le docteur. Mon pied n’est plus si douloureux, il n'a pas vilaine allure et la nausée, elle, persiste. Allez comprendre. Ce médecin, je ne le connais pas. On l'a choisi pour sa proximité. Téléphone à l'oreille il ouvre sa porte. Grande barbe blanche, parfaitement taillée : il pourrait sortir d’un fan club de ZZ-Top ou de la synagogue. Ce sera cette dernière option.
Un deux-pièces garni de poussière et de miettes, de livres en hébreu, de portraits de famille. Un lutrin jouxte une boîte à chapeau loubavitch. Avec ses vieux coussins de velours et la soie de son drap fleuri, la table d’auscultation tient du divan d’analyse. Seul un miracle maintient en place la tringle à rideaux victime d’une tempête intérieure. Du ruban adhésif imprimé colmate la fenêtre : « À détruire, À détruire, À détruire... » ; on se prend à souhaiter qu’il ne s’agit pas du patient. Une petite prière s’impose, on se dit qu’au moins elle sera, sinon entendue, du moins relayée.
Le rabbin est un homme doux. Il ne m’écoute pas, bien, sûr, mais quel médecin écoute vraiment ses patients ? Mon évanouissement de la nuit puis mon malaise sur le fauteuil de son cabinet l’étonnent car rien dans son examen de mon pied ne viennent les étayer. « Je crois que vous n'avez rien. » Ma tension est bonne, j’ai le pouls lent. C’est un homme de foi, c’est un homme de science : il me conseille de ne plus me déplacer sans avoir avalé un café sucré. « Il faudra tout de même faire une radio et un bilan sanguin. »


Heureusement que je ne sens plus grand-chose : à la manière dont s’y prend l’infirmière pour positionner le membre sous le faisceau radioactif j’aurais pu tomber dix fois dans les pommes. Le radiologue conclut : aucune fracture, pas la moindre fêlure visible. Rien, nibe, que dalle. Sans doute une élongation ligamentaire explique-t-elle la douleur. Le médecin était dans le vrai. Bon, moi je me serais bien passé de ces visites, hein : je suis hypocondriaque mais je n’ai rien pour les visites médicales. Des fois qu’on me trouverait des trucs graves…
Moralité : dans le genre petits maux, grands effets, je suis rentable. Autant dire que pour le trekking au Népal, je ne suis pas tout à fait au point. Ça tombe bien, le Népal je m’en fous un peu.

mercredi 18 mai 2011

Le lundi au soleil



Écrire sous un ciel d’un bleu absolu, face à la ligne d’or que tend l’horizon au-dessus de la Méditerranée scarifiée de blanc. Ecrire au paradis.
Écrire et trouver son travail excellent un jour, exécrable le lendemain. Un intermédiaire ? Vous plaisantez. De toute façon, tout le monde s'accorde à dire que la médiocrité, c'est nul.
Je dirais que ma propension à tout exagérer expliquerait à elle seule ces extrémités si je n’avais entendu d’autres écrivains partager un même témoignage. Humeur du jour : exécration.
Vivement demain…

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Ah oui, je suis en vacances. Les affaires ne s'arrêtent jamais vraiment. Si ça ne tenait qu'à moi, je resterais ici quelques mois de plus. Tant de choses m'échappent... Je rentre donc bientôt. Trop tôt ? Que oui.

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Je ne sais pas si j'ai bien écrit aujourd'hui. Mais une chose est sûre : j'ai bien mangé. Pensez donc : poivrons jaune et rouge, oignon blanc, ail, champignons, bœuf et saucisses artisanales, le tout cuit à la plancha - oui, bon, d'accord sur une Pierrade - et face à ce numéro bien aguicheur que nous jouait la lune au-dessus de la mer.
Pour accompagner ce délice rustique qui chauffait nos joues déjà recuite de soleil ? Du rosé, cong'. Comme on est en Provence, je me fais fort de goûter à tous les cabernets d'Anjou qui me tombent sous la main. J'en vois un qui bougonne et récrimine, au fond de la salle. Écoute-moi bien, l'ami : l'exotisme et l'évasion, ça se vit à chaque minute. Et puis il y a ce Roche-Mazet, un cabernet-sauvignon de quelque-part-où-il-fait-chaud-mais-c'est-pas-la-Provence. Un breuvage assez fou qui vous donne le sentiment libératoire de mâcher une timbale de fruits rouges à pleines dents. Pas forcément ce qu'on exige d'un vin de qualité mais au moins, je suis au taquet pour la consigne "5 fruits et légumes par jour". Le mini-Magnum choc blanc du dessert n'entrait pas tout à fait dans ce programme "savourons nos terroirs" ; toutefois vous devez le savoir depuis le temps : je suis un rebelle.

J'allais oublier : Abba, Lady Gaga et Katy Perry s'accordent formidablement au rosé quel qu'il soit. Il suffit de se fermer aux idées reçues et de croire à un truc aussi dingue que, je ne sais pas, une victoire de la Gauche en 2012. Essayez, vous verrez.
Et encore ceci : c'était ma fête, aujourd'hui. La saint Erik. Ne faites pas les malins, vous l'avez tous manquée sauf ma sœur. Ben oui, il y en a bel et bien eu un, de saint Erik. Un roi Viking, un héros, un couillu. Informé de l'arrivée imminente de ses ennemis aux porte de la ville, Erik-le-Magnifique décida que pour rien au monde il ne manquerait une minute de la messe. Fort bien Majesté, faites donc comme bon vous semble. Les Méchants le cueillirent donc sur le parvis de l'église, après l'office. Une décollation en bonne et due forme. Soit il était un poil trop sûr de lui le Viking, soit le banc était trop chaud pour vouloir mouliner de l'épée, les pieds dans la neige. Soit, et c'est à mon avis l'hypothèse la plus plausible, le prêtre avait vendu dans son homélie la supériorité de l'Au-delà sur nos vanités séculaires. Vous pensez donc si je suis fier de porter ce prénom, moi.

Oh, et puis il est temps d'aller au lit, tiens.

mercredi 11 mai 2011

Elbow : on the shoulders of giants




Débuter une chronique en se la jouant un peu : "Build a rocket Boys !" met Elbow sur orbite.
Ou aller à l'essentiel : l'album que je vais écouter en boucle jusqu'à l'été et au-delà.

La voix et les lyrics de Guy Garvey, la production de Craig Potter - claviériste du combo - les orchestrations du quintet et, last but not least, les mélodies... on trouvera dans ce nouvel album assez de grâce, d'inspiration, de nostalgie et d'assurance pour affronter les déceptions d'un semestre ingrat. Les garçons, vous avez illuminé ma journée.
Vivement demain...