dimanche 28 juin 2009

Insolent



Samedi 27 juin, circuit légendaire de La Hoguette.
Le moment où la course a sans aucun doute basculé.
Voilà quinze minutes que le départ a été donné. Un pack de leaders mène le jeu, loin devant. Insolents, voraces. Les kilomètres défilent sous leurs roues à une vitesse folle, façon Loeb.

Mais un embouteillage du pire aloi obstrue peu à peu l'accès de la Sierra Muerte.
Dominique suce les roues du cinquième concurrent. Il sait très bien que se joue là un instant clé de la course.
Plutôt que de se placer au pied du Col des Trépassés et y appuyer son élan, il prend soudain cette folle décision : survoler le peloton, gravir ni plus ni moins le ciel, graver son nom dans la légende de la Sierra Muerte.
Car il veut vaincre. A tout prix. Montrer à ses aînés que l'avenir appartient désormais aux audacieux, à ceux dont le destin se lit non pas dans le sable balayé à chaque marée mais parmi les nuages. Au dessus de tous, lisible par tous.
Alors il y met tout son coeur, et bien plus encore. Ce quelque chose qui échappe aux quadra dont il a jadis essuyé les rebuffades alors qu'il n'était qu'un jeune bouffeur de sable, pas très sûr de son art.
Il y va, Dominique.
Sa bille décolle, le flash la saisit.
Observez le sourire de Thierry aussi amical qu'il est condescendant. Quant à la mine de Raph, elle salue l'audace dont il devine la vanité toute juvénile.
Ils n'ont pas encore compris ce qui est en train de se jouer.
Franck, lui, le saisit très bien en un moment d'effroi : sa moue ne trompe pas. Il sait.
Après ce vol, à côté duquel l'exploit de Lindberg n'est qu'une banale excursion balnéaire, je décide d'abandonner la partie.
Plus tard, des commissaires de course - dont la possible corruption fait depuis ce matin l'objet d'une enquête - changeront la physionomie du circuit pour redonner un peu d'allant à ce qui n'est plus qu'un sacre élyséen pour le jeune Bidet.
Un effort vain.
Car la messe est dite depuis le franchissement héroïque des Trépassés.
Il ne restera plus à Dominique, pour faire un peu oublier cette insolence, qu'à subir l'humiliation d'une inhalation longue durée de fumées toxiques : il s’occupera du barbecue.
Mais la défaite a ceci de particulier qu'elle rassemble les vaincus.
Ils préparent leur revanche.
Bientôt, sur le même circuit.
Rendez-vous est pris...






vendredi 26 juin 2009

SCOOP !

J'aurais parlé trop vite. MJ n'est pas vraiment mort, en fait.
Un peu, d'accord. D'ailleurs, j'ai vu de mes yeux vus l'hélico emporter sa dépouille au plus haut des cieux - bon, un peu plus bas, sinon les pilotes ils seraient pas contents.
Mais pas vraiment.
La preuve ? L'irréfutable, la définitive, la complètement pas discutable ?
Ma mère vient d'acheter six albums. Comme ça, pfuit, d'un coup.
Et là, elle est devant sa télé maman, à regarder en boucle les documentaires.
Je vais commencer à y croire, moi, à la théorie du complot.

Stars en lot


Stars en lot

La mort offre des lots ces derniers temps. Faut dire, c’est les soldes.
Farrah Fawcett ? hop ! En promo…
La plus ’76 des Charlie's Angels – je décerne les prix que je veux, d’abord – ne m’a jamais trop fait tourner la tête.
Sans doute ce tabou familial et tacite qui nous contraignait à préférer sa petite collègue brune, dont il était admis autour de la table, ces Dimanche Martin de sinistre mémoire, qu’elle ressemblait à notre mère - sans la culotte de cheval, mais bien entendu, un voile pudique d’autocensure se déployait au-dessous du nombril de Jaclyn Smith dès lors qu’elle apparaissait en bikini.
(Vous remarquerez que personne ne parle de Kate Jackson.)

Plus ou moins libéré du fardeau décérébrant de l’éducation j’ai commencé à me poser des questions. Tout de même, Farrah n’avait-elle pas un fort potentiel sexuel, sous les ailerons de sa coiffure ? J’en discute encore avec moi-même.
Une chose est sûre, désormais, je ne pourrai plus vérifier sur pièce.
Bon, maintenant j’appelle Jaclyn, before it's too late.
***
N'empêche, l'épisode Angels on wheels, c'est de la balle.

Michael Jackson is dead… depuis un bout de temps.

Michael Jackson is dead…


A l’heure où les journaux du monde-de-l’univers-entier parlent de MJ avec des tremolo dans l’encre, que les Virgin de France, de Navarre et de Rennes refourguent dans le hall leurs invendus du King of pop,
A l’heure où les télés nous resservent du moonwalk avec, en voix off, les supposées misères pédophiliques dont se serait rendue coupable la plus improbable des incarnations de Peter Pan - y avait de la concurrence pourtant, songez à Robin Williams en juste-au-corps et collants verts - on se dit qu’il est mort depuis un bout de temps, l’artiste. Le people nettement moins mais l’artiste, diantre, il nous avait quitté à peu près en même temps qu’il vidait son zoo privée de ses pensionnaires.
Ou bien était-ce avant ?

Toujours est-il que je l’imagine volontiers en héros damné, le Jackson. Un héros de roman, paré à rejoindre Marilyn et JF Kennedy et Elvis et Lincoln et Martin Luther King parmi les rangs des Américains incompris zé assassinés trop tôt – d’accord, je m’avance un peu pour Marilyn et Elvis.

Car il ne fait guère de doute qu’une théorie du complot surgisse bien vite des urgences de cet hôpital de L.A.

Et là, je sens qu’on va bien rigoler !

‘Cause it’s a thrilleeeer, thriller night...


****


N'empêche, Billy Jean c'est d'la balle.

photo : theage.com.au

Cadeau ! Les Dragons de la cité rouge, en podcast audio


Les Dragons de la cité rouge à écouter soi-même pour de vrai, en-authentique-son-qui-a-des-effets-dedans, de la musique en veux-tu en voilà et, sûr de sûr, des dialogues extras, c'est ici.

Je vous dis pas comme on est gâté chez Bragelonne, nous autres les auteurs !

lundi 22 juin 2009

Choucroute garnie




Strasbourg c’est bien simple, on dirait des maisons de train électrique Faller, posées en vrac au bord de l’eau. Quelqu’un s’est amusé à peindre des géraniums sur les façades à pans de bois. On entend plus l’allemand que l’anglais, ce qui revient à parler d’exotisme pour un Breton.

La cathédrale est un vertige gothique en rouge. J'ai guetté l'apparition d'un de mes dragons sur les clochetons et les flèches. Las, pas plus de dragons que de cigognes. Et le gewürtz n'y a rien fait. Je me suis donc contenté de bretzels addictifs entre deux canaux.

Passerelles, ponts, écluses…
Strasbourg doit bien être une « Venise quelque chose ».
Pour nous, elle fut celle du jarret de porc.

En fait, c’est tout le week-end qui a été bien garni.
A l’occasion d’un mariage, on s’est retrouvés entre vieux potes de trente ans. Je veux dire, des potes que j’avais vus pour la dernière fois en franchissant le portail du CM2, un mois de juin.
Je ne vous dis pas l’ellipse, coup de bambou assuré.
– Non, Erik, c’est bien toi ?!
– Euh, oui, c’est bien moi – enfin je n’en suis plus si sûr maintenant.
– Et tu fais quoi dans la vie ?
– Eh bien j’écris des romans. Et toi ?
– Cadre dirigeant dans une grande entreprise.
– Ah oui, bien sûr.
– Dis donc, je t’aurais pas reconnu !
Blanc. Ennio Morricone dans les enceintes.
– Bon, je vais reprendre un peu de Pinot Blanc Réserve, moi.
Heureusement, on a vite causé bédé, ciné. Quelques souvenirs aussi, pour faire bonne mesure. Le tout entrecoupé de sketchs hagiographiques et poilants, autour d’un menu si épatant et généreux que j’ouvre ce matin ma ceinture d'un cran.

Un mariage, quand il est réussi – et il l’était –, c’est le grand rendez-vous des émotions. Elles déboulent de partout, traîtresses, elles ouvrent le sol sous vos pas ; y a intérêt à regarder où on met les pieds si on ne veut pas se retrouver au fond du trou.

Mais j’étais bien entouré et, de la cathédrale au château de Pourtalès, nous n’aurons vécu que de bons moments, jusqu’à l’aube.






vendredi 19 juin 2009

Chasse


Je me lève de plus en plus tôt. Pourquoi ? Je ne sais pas. Pas vraiment.
Je suis sur les traces de mon prochain roman. A quatre pattes, le nez dans la poussière.
Ecrire un roman est comme une longue chasse. On connaît le domaine de la Bête, parfois jungle, parfois savane. Et les marécages.

Au loin une ligne de crêtes. On espère ne pas avoir à y mettre les pieds : vertige assuré, sans parler des crevasses, sans parler des glaciers, de la raréfaction d’oxygène.
On y pénètre armé. Après commence la traque, la poursuite, l’affût…

Sans cesse les piqûres de moustiques. Ici, un crotale. Là, la soif.
Avec un peu de chance et beaucoup de sueur, on a enfin la Bête dans la lunette. On arme, on épaule, on vise et on tire.

Ça peut durer des semaines…

Il arrive qu'on tombe sur un monstre. Et qu'il se retourne contre vous. Bizarrement, c'est la meilleure des choses qui puisse arriver à un écrivain.
Wish me luck.

Les Dragons de la cité rouge, extrait II

L’après-midi touchait à sa fin. Au-dessus des monts Ténébreux brillait une étoile unique. Bientôt, des milliers de sœurs la rejoindraient là-haut. Certains affirmaient que chacune d’elle était le cœur d’un héros défunt. Quelle était celle du roi Baragan ? Le père d’Éline était mort en sauvant son peuple de la menace descendue du Détroit. Le lendemain de ses funérailles, Alec avait scruté le ciel, les nuits suivantes aussi. Il avait cessé après un mois, n’ayant décelé aucun nouvel astre au-dessus du royaume de Redfelt.

Et si Baragan brillait pour le ciel d’un autre peuple, alors où était l’intérêt ?

Alec était certain d’une chose : sa vie ne vaudrait aucune étoile.

L’eau fraîche devint soudain glaciale. Arkan, qui buvait en amont, feula. Son compagnon humain se redressa. Masquant l’étoile dans son halo de lumière vive une forme bleue était apparue. La lumière déclina et Shen Sey fut là. En équilibre sur des pierres, mains sur les hanches et son visage incliné de côté, elle dominait Alec.

— Quel merveilleux spectacle ! dit-elle.
Le dragon fut le premier à réagir :
— Laisse-le, il est épuisé.
— Oh, tu es là, le lézard, dit-elle avant de retourner son attention vers Alec. Alors mon amant est épuisé ?
— J’aurais pu mourir aujourd’hui.
— Comme tu aurais pu mourir hier ou tu le pourrais demain. Quoi d’inédit là-dedans ?
— Parfois la mort est plus proche.
— Et tu te bats pour l’éloigner. Ne te plains pas, l’humain, tu as toi-même choisi ton métier. Et puis, tu aurais pu me demander de l’aide.
— Arkan et moi nous en sommes sortis seuls.
— Formidable.
— Tu peux retourner d’où tu viens, Shen.
Elle secoua la tête.
— On dirait un gamin qui s’émancipe de sa mère en tapant du pied.
Alec se leva et sortit du lit bouillonnant. Shen Sey le toisa avec envie. Pour ne pas céder à la beauté et à la sensualité de cette femme, il se détourna d’elle et se sécha en se frottant avec une couverture.
— Tu es un homme désirable…, dit Shen Sey avant qu’il enfile une chemise sèche et un gilet de peau sans manches. Dommage que ton cœur soit comme un roc.
— Je ne sais même pas si tu as un cœur, Shen.
— Tu n’as jamais cherché à le savoir.
— Ce que je connais de toi me suffit amplement.
— Je pourrais te briser pour de tels propos.
— En général, tu ne te gênes pas. Qu’est-ce qui t’arrête aujourd’hui ? La lassitude ? Alors je ne te retiens pas.
D’un bond Shen Sey quitta à son tour la rivière. Elle rejoignit son amant qui rassemblait du bois pour un feu.
— Tu ne mets pas de pantalon, Alec ?
— Je pensais que tu aimerais mieux sans, ironisa-t-il.
— Ne me provoque pas.
— Qui voudrait faire une chose pareille ? Tu ne veux pas m’aider plutôt ?
— Je n’ai jamais froid, tu le sais bien.

Dédicaces à Rennes


Je serai en dédicaces à la librairie Critic, à Rennes, le 4 juillet. L'après-midi. Avec les Dragons de la cité rouge, des bretzels et du Côte du Rhône.

jeudi 18 juin 2009

Super Pouvoir


Le week-end prochain, ma Douce et moi allons à Strasbourg pour le mariage d’un vieil ami.
Vraiment vieux, l’ami. Olivier D. et moi, on s’est connus au CM2. Je venais de perdre mon père, il arrivait tout juste dans l’école. Assis sur les marches, penché sur un Canson A4, il dessinait. Avec un talent fou. Une bédé, le genre interdit à la maison : super héros.
Mon père aimait la bédé, pas les comics ; ses placards étaient emplis de Gosciny, d’albums Spirou. Superman et Spiderman, ils ne franchissaient pas l’Atlantique, et encore moins le seuil de notre maison. Comme quoi, les super pouvoirs, ça ne profite pas à tout le monde.
Olivier dessinait des comics. Je me suis approché de lui, il était seul, la tête dans ses cases, réglant le sort du monde à coup de crayons et de Rayon de la mort. Il était seul, tout autant que moi qui venais de perdre mon père et ne savais pas quoi faire de mon chagrin.
– C’est super bien ce que tu fais.
– Ouais ? Merci. C’est pas compliqué. Tu veux essayer ?
Et comment que je voulais essayer.

Le dessin c’était mon truc, mais Olivier il naviguait déjà dans d’autres sphères. Il m’a montré et très vite, on a créé notre comics avec nos héros bien à nous. Eclair d’Acier et Eclair d’Or. Rien n’allait leur résister à ces deux-là. Ils allaient casser la baraque.

On dormait chez l’un, chez l’autre. Il m’initiait à Blueberry, je l’initiais à Bradbury.
Ses parents étaient orthophoniste et psychiatre. Au rez-de-chaussée, dans le cabinet de sa maman, les étagères étaient encombrées d’instruments de musique. On expérimentait, Stockhausen et Xenakis sans le savoir. Au mieux, il se mettait à la clarinette et moi au piano. C'était n'importe quoi et c'était bien.


A l’étage, dans les toilettes, un portrait de Freud hanté par le « continent noir » me tournait la tête. Le père d’Olivier est resté pour moi aussi mystérieux que cette image.

Au 3e, on partageait avec sa sœur Murielle la salle de jeu. C’était une petite sœur, alors on s’amusait à la détester et elle nous le rendait bien. Là-haut, Steve Austin luttait héroïquement contre Masquatron, lequel n’en menait pas large quand déboulait Action Joe et son arsenal en plastique.

Un peu plus tard, on découvrait Cerrone. Celui qui n’a pas vu Olivier D. danser sur Supernature ne sait rien du disco.

Et puis il y avait les bédés, des comics au mètre. Ils débordaient de partout, se faufilaient dans mon cartable, glissaient sous mon lit. Ma mère n’a pas pu endiguer le flux. Pas encore : elle avait une arme en réserve, du lourd, elle attendait son heure. Pour le moment, les X-Men, les Fantastic Four ils entraient chez moi par la grande porte, l’Atlantique n’était plus un obstacle et Olivier était leur infatigable ambassadeur.

C’était aussi un acrobate Olivier. Il grimpait partout. Habillé en New Man, aussi distingué qu’un Tony Stark, il escaladait les parois plus vite que Parker, et pas besoin de la toile pour coller aux pierres. Je l’ai vu rejoindre sa chambre, au second, par la façade. J'avais peur pour lui.

Pas une chute ne l’a arrêté. Regardez la courbe de son bras tendu et vous comprendrez de quoi je parle.

Le dessin, donc, et le cinéma. Oh, le cinéma… 2001 Odyssée de l’espace à 13 ans, on s’est bien marrés. Quand on y comprenait rien, on était deux. Quand on aimait, c’était à deux tout pareil.

Le collège aurait pu nous séparer, nous n’étions pas dans le même établissement, mais une bête histoire entre adultes nous a séparés. Et tout est devenu plus compliqué pour des gamins habitant trop loin l’un de l’autre, des gosses habitant trop près des idées de leurs parents.

Les années ont passé. Des choses ont changé. Le lycée, les copains, les filles… Mais la musique, mais la bédé, mais le cinéma sont restés.

C’est un ami qui nous a réunis – par une de ces coïncidences souriantes, il se marrie lui aussi bientôt. Les Beatles et leurs succédanées : on était là-dedans, cet été 88. Bruno connaissait Olivier grâce au lycée et Olivier ne décrochait pas des Beatles.
Des Fantastic four aux Fab four, ça ne devait pas louper, on allait se retrouver.
Un après-midi, sur les bords de Rance, on est donc passés chez Olivier écouter des disques de Georges Harrisson. Ça ne faisait pas loin de dix ans qu’on ne s’était pas vus.
All things must pass, après tout. Alléluia !


Après ces petites épreuves et ces grands écarts, Olivier et moi, on a découvert que nous ne serions jamais des super héros.
Certes.
Mais nous partageons un même Super Pouvoir. Solide comme l’acier, aussi précieux que de l’or.

Notre amitié.

Elle a franchi les années et si vous les multipliez par 30, ces fichues années, vous approchez tout juste du compte.
Essayez de la briser, essayez donc. Evil Mummy a tenté le coup, en vain.

Olivier, je te souhaite de vivre avec Claire une aventure aussi longue et, bien sûr, plus belle encore !
***


Et en plus, à Strasbourg, il y aura des bretzels à foison (^^)

mercredi 17 juin 2009

Traces



Place Léon-Blum, sur la Canebière


Ça n’est pas grand-chose, une flatterie d’ego et un clin d’œil, mais tout de même : penser que les empreintes de ses mains ainsi que son nom, signé de sa propre… main, risquent de passer un bon bout de temps sur une place d’une grande ville européenne, ça remue un peu.
Merci à Fabien Herisson pour les photos

Marseille II


Maxime Chattam, plus "Gaïa" que"Ténèbres" sur ce coup-là.

Marseille




Depuis la corniche, le samedi 13 juin. Là, nous prenons l'apéro.
It's a hard life...

lundi 15 juin 2009

Bretzels


Les bretzels, c’est mon truc, ma gâterie, mon dada. Impossible d’ouvrir un paquet sans le dévorer illico, et 200g m’arrêtent pas. Pire : impossible d’entrer dans un supermarché sans foncer au rayon gâteaux apéros et m’enquérir des variétés disponibles. Y en a pas tant que ça, des variétés, du coup le tour il est vite fait.

Ensuite, faut contrôler la teneur en sel. Car le bretzel, c’est salé. L’avantage, c’est qu’il est sur le biscuit, le sel. On voit les pépites, on ne peut pas les louper. Quand il y en a beaucoup, moi, j’aime moyen. Du coup je les enlève. Je gratte le biscuit entre le pouce et l’index. Comme ça j’en mets partout, c’est formidable, les gens ils adorent quand je mange chez eux.

Il m’arrive d’en grignoter au volant, le sac entre les cuisses. En revenant des courses, hop, le paquet est consommé sur le chemin du retour. Après, je dois passer l’aspirateur sur les sièges.

Je parle bien de bretzels, là. Les sticks, bah, j’aime aussi, beaucoup mais moins tout de même. Faudra que j’étudie la question car le goût n’est pas le même, pas tout à fait, il est différent d’un poil. Un chouya moins fumé. Prenez les Ancels, la boîte verte qu’on voit partout. Vous l’avez ? Bien. Ses bretzels, c’est Byzance , un Byzance un peu sec, du genre fond du Bosphore après évaporation. Mais les sticks de la même boîte, j’accroche pas.
Comme quoi, la vie n’est pas toujours aussi simple qu’on le croit.

Livres en stock


Voilà, un livre qui arrive chez l’éditeur ça se présente comme ça.
Bragelonne s’est installé il y a cinq ans dans les entrailles noires de Paris. Enfin presque : ce sont d’anciennes écuries, retapées par Henri Loevenbruck et Pascal Huot themselves.
M’est arrivé d’y dormir, au début. J’entendais les chevaux renâcler, quelque part dans l’ombre. Des fantômes de chevaux, des carnes squelettiques, aux yeux peuplés de mouches. Je dormais mal, faut bien avouer. Un soir d’hiver on y a même couché, ma fille et moi, en revenant de Disneyland. Avant d’éteindre la lumière, elle s’était assise sur le fauteuil du boss, avec son pyjama et ses bottes Mini. Si tous les patrons lui ressemblaient, on s’amuserait un peu plus – mais c’est même pas sûr : Carlos Ghosn avec les oreilles de Mickey, j’aurais sûrement la trouille de ma vie.

Par chance, cette nuit-là, cette nuit avec ma fille au retour du Monde merveilleux de la Couleur, zéro zombies équestres.
Aujourd’hui, les lieux accueillent une petite partie du stock et quelques services, comme l’informatique, le Club Bragelonne… J’aime bien descendre là, serrer virilement la joue de Greg – si une telle chose est possible – et me planter face aux murs de bouquins. Et donc plonger les mains à l’intérieur des cartons, en extraire des pépites de couleur, les feuilleter, humer le parfum du papier.

mercredi 10 juin 2009

Fabrication




Là, maintenant, le livre est en cours de fabrication, quelque part en France.

La couverture était en calage hier : il s'agissait d'équilibrer les couleurs et les valeurs sur la rotative, la grosse machine qui imprime. Car évidemment, de l'écran au papier de la couverture, les écarts peuvent être importants et les surprises mauvaises.

Un écran émet sa propre lumière, le papier d'une couverture la réfléchit.

Et bien entendu, un ordinateur ne produit pas les couleurs de la même manière qu'une rotative.

Il faudra ensuite pelliculer cette couverture : la couvrir d'un film fin qui fait office de vernis - mate ou brillant.

A Bragelonne, Yoann Dolomieux, chef de fab', supervise ces opérations. A 6h00 du matin il envoyait à l'imprimeur un fichier numérique de la couverture. A 11h00, il était sur place pour contrôler ledit calage. Un sacerdoce...

Demain, le livre partira au façonnage pour y être broché : un façonnier assemblera pages de texte - regroupées en cahiers - et couverture.

Il en aura fallu du monde pour fabriquer cet objet : illustrateur, graphiste, chef de fabrication puis imprimeur et façonnier.

Le livre sera ensuite envoyé depuis l'imprimeur chez le distributeur. Le distributeur, c'est une entreprise avec tout plein d'entrepôts remplis de bouquins et des camions pour les emporter chez les libraires... ou rapporter les invendus !

Petit détail amusant : l'éditeur paie aussi le distributeur pour rappatrier ces invendus à l'entrepôt.

mardi 9 juin 2009

Over the top


Teaser de couv'

Hier soir, j'ai reçu la couverture achevéedes Dragons de la cité rouge. Je jubile, elle est telle que je l'avais rêvée...

Benjamin Carré a fait un excellent boulot en évitant les pires poncifs tout en restant dans les limites du genre. Une gageure que des illustrateurs de sa trempe résolvent en un mot : le talent.

David Oghia a ensuite bûché comme un forcené pour recomposer l'image puisqu'elle était livrée en plusieurs éléments, la commande ayant évoluée en cours de création. Plutôt frileux à l'idée de placer une guerrière dans l'illustration, Benjamin avait dessiné une scène de combat aérien entre dragons, un véritable dogfight.

Mais se passer de Shen Sey était vraiment dommage. Parce qu'elle est un élément important du roman, que Benjamin avait fait montre de sa capacité à peindre ce genre de personnage... et que mon héroïne possède un attrait visuel indéniable, bien sûr !

David - il avait accepté mon choix de Benjamin - a donc réuni les éléments, les a patiemment unifiés. Puis il a créé une typo pour fabriquer le titre. Bravo Dave !

Enfin, je remercie mon éditeur, Stéphane Marsan, qui a poussé toute l'équipe dans ce sens, quitte à bousculer les délais. Il a le premier cru en l'idée d'avoir un personnage au 1er plan de la composition.

J'espère que cette couverture convaincra autant les lecteurs que nous !
Ceci est donc un teaser, pour le plaisir...

lundi 8 juin 2009

Bientôt...

Les Dragons de la cité rouge devrait être disponible à Marseille, le temps des Bouquinades, en exclusivité.
A l'heure qu'il est, je n'ai pas encore vu la couverture achevée.
Mais la 4e, oui.
Rédiger la 4e de couv', comme on appelle le résumé au dos du livre, s'est avéré être le casse-tête habituel : tout dire ?
Non, bien sûr.
Mais ne rien oublier de ce qui pourrait intéresser le lecteur potentiel. Celui qui prendra le livre entre les mains parce que l'image, le titre, le nom de l'auteur et/ou de l'éditeur, l'auront accroché. Faut-il évoquer le plus singulier ? Au contraire insister sur le plus familier ?
Trouver un équilibre entre les deux, certainement.
Pendant l'exercice, oublier que l'on a soi-même écrit le roman et que l'on en connaît donc tous les détails. Pas l'arpenteur de librairies. Il faut ménager les surprises, donc ne pas "spoiler", mais on doit aussi dire que le lecteur sera surpris, et en quoi.
On le doit.
Ou pas.
Mon éditeur, Stéphane Marsan, s'y colle. A moi de corriger le tir s'il y a lieu. Allers-retours, doutes... Depuis hier soir, nous avons tranché.

Voici ce texte :

Le prince héritier de Redfelt a été enlevé.
La rançon ? Une épée magique, jusque-là conservée dans les profondeurs de la citadelle. Sa lame retiendrait prisonnières les âmes des dragons qui ont failli réduire Redfelt en poussière trois siècles plus tôt.
Mais les émissaires royaux ont disparu, ainsi que la rançon. La reine Éline se tourne alors vers Alec Deraan, un chasseur de primes. Ils furent amants à l’époque où il était un officier de la couronne promis à un brillant avenir. Aujourd’hui, c’est un loup solitaire dont le seul ami est un dragon. Car Alec cache un secret : il est possédé par une démone aussi séduisante que dangereuse, un succube qui lui prête main forte en échange de l’exclusivité de ses faveurs.Troublé par ses retrouvailles avec une souveraine qu’il lui est interdit d’aimer, Alec accepte la quête à contrecœur et s’envole vers des contrées lointaines. Le temps presse : les dragons de l’épée pourraient se réveiller et achever la destruction interrompue il y a trois cents ans.

Irving : prescription médicale

John Irving, l'auteur du Monde selon Garp et d'Hôtel New Hampshire, répond à Sam Tanenhaus du NY times au sujet de son prochain roman à paraître aux US à l'automne. Ou comment écrire un livre à rebours - à condition toutefois d'avoir un bloc de prescription médicale à portée de main.
C'est ici, en images.
Irving est l'un des auteurs à m'avoir furieusement donné l'envie d'écrire.

mercredi 3 juin 2009

Les Dragons de la cité rouge, extrait I

Le chasseur de primes reporta son attention sur l’entrée de la citadelle. Contrôlés par une vingtaine d’hommes en armes, marchands, ouvriers ou pèlerins franchissaient les hauts remparts à l’ombre des colosses minéraux qui les flanquaient, pour rejoindre la cour d’honneur. Deraan mit pied à terre et se joignit à la longue colonne.
Quand vint son tour, le jeune soldat qui le contrôla le dévisagea avec insistance.
– Quel est ton nom ? demanda-t-il enfin.
– Alec Deraan.
– Deran ?
– Avec deux a. Veux-tu que je l’épelle ?
Le sarcasme n’échappa pas au soldat qui entreprit de remplir son registre en ajoutant :
– Pas un nom d’ici, ça.
– « Ici » : tu parles de ta chaise ?
Le soldat leva sa plume.
– Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
– Simplement que le royaume est grand, soldat.
– Bon. Quelle est la raison de ta visite ?
– Je viens m’entretenir avec la reine.
Le soldat releva la tête. Puis il toisa le voyageur vêtu de noir des pieds à la tête. À l’évidence, ce dernier ne lui inspirait que défiance, sans parler du motif pour le moins farfelu de son voyage.
– Profession ?
– Chasseur de primes.
– Chasseur de primes ?
– Faut-il que je l’épelle aussi ?