mardi 16 août 2011

London gothic




Pas de lectures cette semaine. Sinon celles de guides touristiques.
Car demain, direction London, my Dear. Frémissez à la perspective de quelques lignes gothiques. Ou, plus probablement ces temps-ci, de battes de cricket interceptées à la volée. Aïe. Je vais recharger mes piles à idées en évitant le pire. Et si je n'y échappe pas, eh bien j'aurai mon appareil photo.

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Plein de films à voir cet été : Captain America, HP 7-2, Planet of Apes, Super 8... Pourtant, toujours rien vu. Peux pas tout faire, surtout que la plupart des films ils sont en VF par ici. Et vous ? Qu'avez-vous vu, qu'avez-vous aimé ?

jeudi 11 août 2011

Les enquêtes d'Enola Holmes




C'est quoi, de qui, chez qui ?

Les enquêtes d'Enola Holmes : La double Disparition, Nancy Springer - Nathan

De quoi ça parle ?

Le jour de ses 14 ans, Enola Holmes est seule dans la maison (il y a bien les domestiques, mais tout le sait que ça ne compte pas, hein) : sa mère a disparu sans laisser de traces, du moins en apparences. Plutôt que d'intégrer la pension à laquelle la destinent ses infamous brothers, l'adolescente décide de partir à la recherche de sa maman : une collection de péripéties vaut mieux qu'un corset qui asphyxie.

C'est comment ?

Vous ne le saviez peut-être pas mais Mycroft et Sherlock Holmes avaient une sœur cadette. Nancy Springer, elle, est au courant. Et tellement bien encore qu'elle a décidé d'en faire l'héroïne d'une série pour ado. Son petit bout de femme est du genre solitaire, créative et motivée. Née alors que sa mère était déjà âgée, surtout pour l'époque, Enola a été élevée en province, loin de ses deux grands frères. Élevée ou plus exactement livrée à elle-même, avec un goût prononcé pour la culture - les livres - et l'émancipation.
Optant très vite pour la fugue - ses frères ne lui laissent guère d'alternative - Enola pédale vers London où l'attendent quelques ennuis bien trempés. En chemin, elle découvrira une autre disparition qui vaudra bien une petite enquête. On ne s'appelle pas Holmes pour rien.
Malgré une foule de bonnes idées, voilà une aventure qui me laisse une impression étrange. L'héroïne est si éloignée de sa mère qu'on ne sent guère se manifester le chagrin. Le ton de la jeune narratrice conforte ce sentiment de froideur, de solitude exacerbée aussi. Une volonté manifeste de l'auteur qui pousse la jeune fille sur les routes de la liberté en un temps où être femme ne signifiait guère plus qu'être la créature conciliante de son époux.
Il ne se passe pas grand chose d'excitant tout au long de ce voyage dans une Angleterre à la Dickens. Un peu de vélo, tout autant de train, les inconforts et les avantages ressassés d'un corset et d'une tournure, quelques sales gueules de l'East end avec leur cortège d'avanies. Et une conclusion déroutante, à la fois promesse de nouvelles aventures et fin de non recevoir quant à l'enquête principale.
Un premier tome joliment écrit et traduit (par Rose-Marie Vassallo) mais sans doute un peu trop collet-monté pour que je m'y amuse.

Springer confie dans une interview combien tant l'héroïne que sa situation affective et familiale sont proches de ce qu'elle a elle-même vécu adolescente. Tout s'éclaire...


Le port (1)


copyright Erik Wietzel

dimanche 7 août 2011

Objets perdus - Lost property



Je ne joue pas la comédie : cette année j'ai déjà perdu une casquette, trois billets de train, une écharpe, une bague, une carte mémoire emplie de photos, l'espoir une bonne vingtaine de fois, des chaussettes, une montre, pas mal d'argent, ce que je voulais dire, ce que je devais faire, un manuscrit annoté et mon vélo - je l'ai retrouvé, lui.

samedi 6 août 2011

As good as it gets


Je ne sais pas si je suis heureux et surtout on s'en fout. Une chose est sûre, je ne vis pas trop mal la solitude de ces 1ers jours d'août grâce à la mer toute proche. Je commence à bien connaître les lieux : j'y viens depuis, allez, 40 ans ? Certains iraient jusqu'à dire que j'y vis - mais ils ont mauvais esprit. Pourtant peu de lassitude, très peu, surtout, comme on s'en doute, en été. L'été, vous savez ? cette saison où l'on n'est pas obligé d'ajouter un poncho à ses tee-shirt, chemise pull et blouson pour affronter, lèvres gercées, le noroît furibond.
Un grand merci donc aux amis qui me prêtent leur maison et leur chat minuscule. Vous savez, les amis, je suis bien, là. Très bien. M'en vais cheminer le long de la grève à la recherche de deux, trois idées romanesques dont je suis sûr que vous apprécierez tant l'ingéniosité que le charme ineffable - et si ça n'est pas le cas, par pitié ne dites rien : je ne sais pas si je suis heureux mais je tiens à le rester.

photo : le port des Bas-Sablons, 4 août 2011. Erik Wietzel

Une Patience d'ange - Le Projet Bleiberg





Tandis que l'occident court à sa perte, court après ses pertes devrais-je dire, je poursuis mes lectures avec un sourire béat. Elizabeth George, parce que je viens de passer son manuel d'écriture au crible. Avec Une Patience d'ange. Le genre de patience qu'il m'aura fallu pour venir à bout de 750 pages de porte à porte, d'interrogatoires placides, d'allers-retours en Bentley entre les landes du Derbyshire et Londres. My Lord, tout ça n'était guère passionnant. C'est pas du policier, c'est du policé.

Américaine, George se passionne pour une Angleterre confite dans les clichés : brume et sordidité. Certes, elle passe du temps auprès de ses personnages, touille inlassablement leurs motivations. Au moins, en voilà qui ne poussent pas des gueulantes façon sauvageons, un travers de plus en plus fréquents chez les auteurs de littérature populaire. Pa-tien-ce, je vous dis.
La révélation du meurtrier - oui, il y a eu des meurtres, voyez-vous, enfin non vous ne les verrez pas - tombe un peu à plat. Faut dire qu'on n'aura guère eu le temps de s'attarder sur le bonhomme ni sur la profondeur de son mobile. J'imagine que le bad guy l'intéresse moins que les tribulations affectives et conjugales de ses protagonistes principaux.
Bon, l'effet de réel est bel et bien présent dans ce
police procedural, sauf que je ne suis pas certain de rechercher tout à fait ce genre d'émotions, en ce moment.

Ouvrir
Le Projet Bleiberg juste après ça c'est passer du coq à l'âne. Du mystery policé au thriller décomplexé. Du salon de thé au timbré du dojo. En un livre, David S. Khara a tout compris au fun et à la légèreté de la littérature de genre. Un peu trop, parfois : j'ai plus souvent eu le sentiment de foncer, pied au plancher, au travers d'un comic que de m'immerger dans une intrigue noire à souhait. Rapide, donc, à l'image de sa vie, quoi : Khara n'a pas de temps à perdre. Que voulez-vous, il faut faire des choix dans la life, et il faut les faire vite. Et jusqu'à présent, ça lui réussit plutôt bien, croyez-moi. *
En 240 pages, il déroule une intrigue de fin du monde, avec savant fou, services secrets et secrets de famille. Ça défouraille façon série B. On ne s'attache jamais mais on ne s'ennuie pas. Reste que pour un format aussi court, Khara installe une documentation puis la développe, la triture, avec un entrain, une concision qui forcent l'admiration. En tout cas la mienne. Bon sang, ce garçon n'en est qu'à son 2e roman ! On a beaucoup parlé de l'humour de son style. Je ne suis pas fan des chapitres à la 1ère personne, cette gouaille d'un improbable trader m'a plus tiré hors du roman qu'elle ne m'y a accroché. Tant pis pour moi. En revanche toutes les scènes qui nous propulsent au plus sombre du XXe siècle sont pleines de brio et d'émotion. Chapeau.
A paraître en octobre :
Le Projet Shiro. Toujours aux éditions Critic. Je crois bien qu'Eytan Morg va reprendre du service. Tant mieux !

*Le livre est aussi un phénomène d'édition : publié par un micro-éditeur (en gros un libraire rennais dont c'était alors le 3e titre) il a atteint 25 000 ventes en une saison. Les droits ont été achetés par le cinéma, vendus en poche, à l'étranger... Ancien patron d'une boîte de com qui comptait un groupe automobile japonais parmi ses clients, David S. Khara est un personnage de roman à lui tout seul. Vous n'avez pas besoin de moi pour lire son 1er roman, publié au départ chez Rivière Blanche et repris au printemps par Michel Lafon : Les Vestiges de l'aube.