vendredi 2 octobre 2009

Compas et portulans ?


Voilà plusieurs mois que je n’ai pas écrit.

Pas écrit de roman.

Les synopsis s’alignent. En fait, j’en ai un par mois écoulé depuis que j’ai terminé un drôle de roman « jeunesse ». Ou qui devrait l’être, je n’en sais trop rien.

Sans doute l’un des textes que j’ai eu le plus de plaisir à écrire, où j’ai trouvé mon compte en chacune des lignes. Où il était question de deuil, du libre-arbitre, du nécessaire renoncement aux décisions que les parents ont prises pour vous.

Du tout aussi nécessaire engagement dans les choix personnels, à l’heure de franchir les derniers feux de l’adolescence.

De la responsabilité, quoi.

Oh, ces thèmes composaient le fond du roman ; pour le reste, ce qui s’agite en surface et donne les couleurs, les mouvements, c’était des péripéties un peu folles, teintées d’amour, sur le ton du réalisme magique : partir en quête d’un cercueil d’un type très spécial, à l’autre bout du pays. Dans une sorte d’Hollywood où œuvrerait encore, dit-on, un illusionniste prestigieux. Le genre à pouvoir fabriquer ledit cercueil.

Un court roman.

Des lecteurs bien intentionnés m’en ont dit assez de mal pour que j’arrive à le corriger et à y insuffler, je crois, cette part d’émotion que je lui refusais – comme si j’avais peur que l’histoire parle un peu trop de moi et pas assez du héros. Comme si j’avais peur que ça se voie. Ils m’en ont aussi dit assez de bien pour que je croie à la nécessité de lui donner sa chance.

Enfin... de me la donner.

Alors, je l’ai envoyé. Il flotte ici et là, sans grand signe de vie.

Depuis, j’aligne les projets. Synopsis, résumés, plans détaillés… Rien d’assez folichon pour convaincre mon éditeur ou me convaincre moi-même.

Les semaines passent.

Non pas « rien à l’horizon », mais plutôt des armadas formidables aux voiles tissées d’or, aux étraves serties d’émeraudes. Mais que je m’approche et alors ce ne sont plus qu’esquifs croulants sous les brimborions, les bimbeloteries. Les voiles baillent sous un vent de soupirs.

Bientôt ce sera pétole.

Bref, ça fleure moins les Grandes Découvertes que le suint de radoub.

Redresser la barre, border les voiles, toutes, y compris ce petit hunier de rien qui pourrait bien faire la différence.

Et surtout, connaître sa destination.

A quoi sert d’écouter le vent, lire la mer, vaincre les courants si on ne sait où l’on va ?

Ce soir, je quitte le gaillard d’arrière, je descends en cabine et j’ouvre le coffre des cartes.

On verra bien qui, du capitaine ou de son indécision, aura le dernier mot.

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