mercredi 11 août 2010

Mad Men : le sexe c'est mal

Côté séries tv, j’ai du retard. Difficile d’y échapper ces dernières années : elles sont partout et tout le monde en parle. Avec parfois des trémolos dans la voix, un argumentaire ému qui semblent rejeter un certain cinéma hollywoodien dans le puits sans fond du clicheton.
Un phénomène culturel, quoi.
Afin de ne point passer pour un horrible sociopathe et voir un peu de quoi il retourne, j’ai donc décidé de me mettre au parfum. Un épisode par-ci par-là, un pilote de préférence.

Mad men
: La vie d'une équipe de publicitaires au début des années 60.
La qualité d’écriture et la palette des thèmes sociaux abordés en 48mn avec brio a de quoi laisser sur les fesses n'importe quel romancier.
Impossible d'en dire autant du jeu de l’acteur principal. Mais je me suis laissé porter, plus qu’avec le pilote de Dr House - que j’ai trouvé sympathique, hein - interprété pourtant par un bien meilleur comédien.
La série tv, comme le rapporte l’excellent L’art des séries télé de Vincent Colonna, c’est de la radio filmée, peu ou prou. L’oralité prédomine, l’image passe au 2nd plan – c’est le cas de le dire – pour un tas de raisons dont celle du coût. Alors les dialogues comptent double. Ceux de Mad Men S1-O1* sont épatants.
Un excellent moment, donc. Du moins jusqu’aux deux ultimes scènes. Le dernier plan n’évite pas la célébration de la cellule familiale - cf ma note de blog sur La Route de Cormac McCarty. Du coup, j'ai ressassé la petite déception consécutive au comportement du méchant de service, une scène plus tôt : j’espérais qu’il sonnerait à la porte de la secrétaire pour lui présenter ses excuses ; après tout, il s’est comporté comme un goujat avec elle et les autres tout au long de la journée (c’est le méchant, on ne lui demande pas autre chose). Mais non. Il vient l’emballer, la secrétaire, la nuit de son enterrement de vie de garçon. Et si elle accepte sans résister, c’est bien à cause de son innocence proclamée. En fait, qu’on se le dise, le bad guy est porté sur le sexe – et forcément l’infidélité, puisque les deux semblent aller de pair à Hollywood TV. Le héros, lui, et malgré sa touchante ambiguïté, prend le temps d’aller biser ses petiots endormis avant de retrouver son épouse pour le câlin du soir. Si jamais on devait en douter, c’est le good guy, quoi.
Alors côté clichetons, ça commence mal. Je ne regarderai pas l'intégralité de la série pour me convaincre du contraire - mais peut-être que vous avez des éléments intéressants à m'apporter, je suis preneur.

« 24h »
S1 m’avait fait horreur avec sa colonne de valeurs réacs (les méchantes sont lesbiennes, le jeune ravisseur fume du hachich ; il devra sa rédemption à l’abandon du joint vespéral, à la différence de son compagnon qui, de toute façon, carburait aux drogues dures et mérite donc la mort ; le seul homo masculin se prostitue à deux pas de l’aéroport dans une allée glauque. L'unique jeune héros noir a eu un comportement de délinquant compromettant la carrière politique de son père, etc. On passera sur la justification de la torture dans les saisons ultérieures)

Californication
S1-01 réprouvait les fantasmes et l'activité sexuels d’un héros forcément immature.

Bon sang, j’exagère ou bien à la tv US, le sexe hors couple hétérosexuel marié c’est mal ?
Dans tous les cas, si les séries des 00's font preuve d'une nouveauté de traitement, d'une richesse narrative jamais vue sur nos petites boîtes on ne peut pas dire qu'elles véhiculent des valeurs modernes et progressistes.
Mais c'est la tv et, là-bas comme ici, il s'agit de vendre du temps de cerveau disponible. Et rien d'autre.
A suivre...
*s1-01 = saison 1, épisode 1

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