Un jeune narrateur timide et téméraire. Un ciel haché d’orages
et de brèves éclaircies. Des amours adolescentes contrariées et d’autres,
ancestrales et tragiques. D’adorables et frêles jeunes femmes promptes aux mensonges.
Des seconds rôles hauts en couleur. Des courses poursuites dans le labyrinthe d’une
Barcelone de légende. Des visages calcinés par le vent brûlant de l’Histoire. Un
secret mal enfoui et que l’inextinguible curiosité du héros exhume. Des
péripéties coulées dans le moule du roman feuilleton… : Marina dispense des charmes délicieusement vénéneux auxquels Zafon nous a déjà habitués. Même
si cette fois, les livres ne tiennent plus un rôle essentiel, à la différence
de L’Ombre du vent et du Jeu de l’ange. Ou plus exactement, ils ne le tiennent
pas encore : s’il a été publié en France après ces deux opus, Marina les
précède pourtant dans l’œuvre du romancier catalan. Il en est une sorte de
répétition générale, arborant la même exaltation romantique, la même jubilation
gothique. Une joie morbide, un enthousiasme en gris et noir, où la mise en
scène de créatures monstrueuses, modelées dans la glaise d’un cimetière, partagent
la vedette avec le douloureux éveil sentimental d’un ado. Déjà cette générosité
de rebondissements et de personnages déformés par des destins extravagants qu’emporte
aux limites du grand guignol la plume de Zafon. Une frontière qu’il ne franchit
que pour souligner les tourments de son jeune héros.
Marina est un bref roman de formation, au surnaturel assumé.
A lire, comme je l’ai fait, à la pâlide lueur d’une lampe de poche, quand le
chahut de Paris s’amuït enfin et que rampe, toute proche l'ombre des peurs
enfantines.
A noter, Marina est sorti en France dans une collection courante et une édition jeunesse, tant en grand format qu'en poche. Quoiqu'il en dise dans sa postface Zafon a vu ses quatre 1ers romans (une trilogie puis Marina) publiés sous l'étiquette littérature jeunesse.
1 commentaires:
Voilà qui donne bien envie de le lire!
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