mardi 4 janvier 2011

The Social Network


Le cinéma américain a cette formidable capacité à embrasser l’actualité, jusque dans ses biopics les plus grands publics. A l'heure où les français coproduisent Edith Piaf (1915-1963), Hollywood raconte Mark Zuckerberg (1984). Le fondateur de Facebook, réseau social le plus actif de l’Occident.

Sûr, c’est plus excitant que la vie de Bernard Arnault – encore que celle de Tapie vaudrait son pesant d’or.

Avec une sobriété visuelle qui évoque Zodiac plutôt que Se7en, David Fincher met en scène l’ascension ultrarapide de ce nerd issu de Harvard. L'emploi du flash back rythme un récit ultra dialogué et où il ne se passe pas grand-chose, il faut bien le dire, tout en montrant dès les 1ères minutes le prix à payer pour se hisser au firmament : celui de l’amitié perdue et de l’incompréhension généralisée.

Au long des deux heures du métrage il est d’ailleurs plus question de relations humaines que de technologie. Les écrans d’ordi s’y font rares et le jargon déserte vite les dialogues.

Il fallait un acteur de taille pour incarner le mystère Zuckerberg, le plus jeune milliardaire de l’Histoire. Jesse Eisenberg s’y colle avec un naturel qui fait froid dans le dos.

D’ailleurs, c’est l’impression qui m’a hanté au cours de la projection : le long frisson de la victime consentante, manipulée à distance à l’instar de millions d’autres par l’ambition d’un nerd aux motivations opaques.

De fait, on ne sait plus qui de Facebook, de Zuckerberg, de la contemporanéité, ou du film crée ce malaise durable. Et c’est là sans aucun doute tout le talent de David Fincher et de son scénariste Aaron Sorkin (créateur de la série tv « A la Maison Blanche »).


Note : Le scénario est tiré d'une biographie romancée, plutôt à charge et signée Ben Mezerich

0 commentaires: