lundi 24 octobre 2011

Spin, le retour

A la relecture de Spin, de brefs extraits picorés ici et là avec une gourmandise que n'assombrit aucun risque d'ingestion, je m'émerveille encore de la justesse d'observation de Wilson. Cette précision sans afféterie dans la description des effets d'une catastrophe naturelle sur toute une génération. Pas tout à fait de l'économie de moyen, Wilson n'étant pas avare de ses mots. Seulement il trouve les bons pour laisser penser que la folle singularité dont la Terre est soudain victime est en train d'arriver sous nos yeux.
Certes son narrateur est un peu falot, mais pas plus que n'importe quel observateur privilégié d'un être extraordinaire en action - confere le Nick Carraway de Gatsby, le François Seurel du Grand Meaulnes... Sa voix devient même attachante au fil des décennies et l'équilibre toujours précaire entre son retrait et son implication accordent à son témoignage une valeur d'émotion qui séduit et convainc. 
Je reste donc pantois d'admiration pour le travail de Wilson : à la fois pour son audace, son style et la main sûre qu'il applique de la première à la dernière page d'un projet ambitieux.  

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Ce qui ne m'empêche pas de passer un bon moment avec Le Jeu de l'ange, de Carlos Ruiz Zafon dont j'ai beaucoup aimé L'Ombre du vent. Là encore, des chimères gothiques hantent les rues de Barcelone, au début du XXe siècle. Et les romans sont toujours la matière de sa fiction - d'ailleurs, on retrouve des personnages d'un opus à l'autre. Malgré un style parfois maniéré et des élans d'émotions pubertaires Zafon fait preuve d'une générosité exemplaire pour nous attirer dans son intrigue débridée. Reste à voir s'il tiendra la longueur - je n'en suis qu'à un tiers.  


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Je vais finir par penser qu'Alexandre Desplat est l'un de mes compositeurs préférés. Une chose est sûre : il est remarquable. Hier soir je regardais Coco avant Chanel quand je notai la musique qui, entre deux dialogues, tissait le silence de soieries sobres et élégantes. Ni une ni deux, je me dis alors : ça ressemble à Desplat. Bingo. Pour vous donner une idée de la délicatesse des arrangements, Desplat serait un peu l'anti-Zimmer. D'ailleurs, le Français manque de souffle et d'ampleur dès qu'il met en musique du film d'action contemporain. Chacun son truc. 
Moi, j'aime bien les deux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Que j'aime ta plume, mon Eriko. :) Très beau billet.

Lolo

Erik Wietzel a dit…

Merci :-)