lundi 2 janvier 2012

Bored to death


Bored to death porte très mal son nom, et enchaîner les épisodes de 20mn ne m’a jamais tiré un bâillement. Sous la plume unique et singulière de Jonathan Ames, trois hommes, trois amis, auront connu les mésaventures les plus farfelues dans l’univers rassurant d’un Brooklyn bien léché. 
Le pitch ? Jeune romancier, Jonathan est sur le point de planter son 2nd roman et son couple. Il faut dire que le garçon touche un peu trop le vin blanc et l’herbe qui fait rigoler. A la recherche d’un job et d’expériences pour nourrir ses écrits et dépasser son désarroi conjugal, Jonathan s’improvise détective privé. Ses enquêtes franchement bouffonnes seront dès lors menées avec l’aide de deux amis aussi éloignés l’un de l’autre qu’un aigle peut l’être d’un paresseux : éditorialiste sur le déclin d’un magazine prestigieux, George est le prototype du vieux nanti, serial séducteur qui porte beau à l’approche de la soixantaine. Immature et colérique, Ray - Zach Galifianakis - dessine quant à lui un comics dont le héros possède comme superpouvoir une verge géante, catharsis d’un trentenaire puéril miné par de fréquentes crises d’impuissance ; père éprouvette d’un garçon élevé par un couple de lesbiennes, il s’épanouira enfin dans le lit de septuagénaires célibataires. Le plus banal reste le héros écrivain, un Jason Schwarzman dont les louables efforts parviennent tout juste à mettre en valeur la révélation de ces segments : Ted Danson. Parfaitement déjanté, inventif, lumineux, touchant parfois, Danson interprète un infatigable coucheur dénué de toute culpabilité et de tout moralisme, partageant avec ses deux acolytes une semblable immaturité, quand il ne leur vient pas en aide motivé par une loyauté sans faille.
Bien sûr, le prétexte hard boiled detective penche la série plutôt du côté du Woody Allen de Manhattan Murder Mystery que du Eastwood de Mystic River : Mêmes références arty, mêmes angoisses existentielles, même appréhension bobo de la vie, la fraîcheur liberal en plus. Ici, le trio passe son temps à fumer des joints, à parler de sexe, à courir après le temps avec une forme de nostalgie fébrile, le tout en menant des investigations plutôt minables et drôlatiques, flirtant avec l’absurde. Il faut passer l’écueil des deux premiers épisodes pour se laisser embarquer dans ce Brooklyn fantasque, où les trafiquants de chiens coexistent avec les fétichistes du costume en peluche. Ensuite opère le charme d’une amitié que tout menace et que rien ne brise. Hélas, HBO y a mis un terme, après 3 saisons de 8 épisodes. Voilà bien longtemps que la fin d’une série ne m’avait tant attristé.

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