lundi 15 octobre 2012

Le Cirque des rêves - Erin Morgenstern




De quoi ça parle ?
C’est un cirque et c’est un jeu.
Un lieu magique et itinérant, aux dizaines de chapiteaux plus extraordinaires les uns que les autres. Un producteur de spectacle britannique en est le créateur. Pourtant il ne lui prête pas vie : Célia Bowen et Marco Alisdaire s’en chargent. Deux jeunes gens, deux magiciens aux pouvoirs extraordinaires dans l'Europe du XIXe siècle finissant.
C’est un cirque et un défi. Célia et Marco en sont les adversaires malgré eux. Leurs mentors respectifs en ont décidé ainsi : ils devront s’affronter au travers de leurs créations, d’un chapiteau l’autre, de numéro en numéro. Jusqu’au bout. Du moins, telle est l’idée. Ce serait possible, si seulement les deux joueurs ne s’amourachaient l’un de l’autre, compromettant ainsi à la fois leur vie, celle de la grande troupe du cirque et du cercle plus large de ses admirateurs.


C'est comment ?
Morgenstern, dont c’est le premier roman, déploie un imaginaire gentillet, peuplé de personnages parfois sympathiques, souvent archétypaux. L’intrigue elle-même ne manque pas d’intérêt, malgré les nombreuses facilités qu’autorise l’usage intensif du surnaturel. Bien sûr, « c’est avant tout une formidable histoire d’amour ». Qui résiste à la volonté cruelle de deux vieux barbons, susceptibles, prétentieux et englués dans une guéguerre ancestrale dont les batailles sont toujours renouvelées. Aux dépends de leurs protégés.
Hélas, Morgenstern ne fait pas grand cas de l’époque ni des lieux où s’affairent ses protagonistes : Prague ressemble à Londres qui est semblable à Paris, Concord ou Boston. La magie ? Elle n’est jamais très définie, même si l’auteur s’évertue à nous affirmer combien celle qu’emploie Célia diffère de celle dont use Marco. Évidemment, le cirque et ses merveilles oniriques concentrent toute l’énergie de l’auteur. Ses idées tissent un univers un peu gothique, toujours magique, follement romantique. Mais la description des numéros qui attirent la foule de tous les continents finit par lasser. Heureusement, les chapitres brefs et un fil narratif parallèle donnent du rythme à un récit parfois flottant, comme en admiration devant ses propres tours, emporté par l’illusion d’un temps qui s’étire sans marquer la moindre ride sur les visages de ses personnages. D’ailleurs, les années défilent et rien ne change d’une représentation à l’autre, ou si peu…
Pourtant une menace pèse sur le cirque ; elle manque toutefois de noirceur pour inquiéter vraiment, et ses victimes se défendent et se rebellent sans trop d’énergie.
Voilà qui m’aurait bien moins gêné s’il ne s’agissait pas d’un roman adulte : le Cirque des rêves fait un ouvrage formidable pour les jeunes ados. Je m’attendais à autre chose. 
Et me prends à rêver quel cirque aurait mis Clive Barker dans cet univers certes élégant mais à la naïveté un peu convenue.

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