vendredi 12 juillet 2013

Les Chiens du purgatoire - Jérôme Fansten - sélection du Prix du Boulevard de l'imaginaire




Avec son roman policier Jérôme Fansten joue la carte de l’anti-enquête : il s’agit moins de savoir qui a commis le meurtre originel que d’en sauver le témoin, et donc le suspect, principal. Une tâche qui, le lecteur s’en rendra bien vite compte, s’avérera ardue. Une bonne part de la tension provient plutôt des rapports qu’entretient le héros avec le maître de sa double vie. Car Jopo est un ripoux, un vrai. Et son commanditaire un requin aussi dangereux qu’intouchable.
L’auteur, dont c’est le 2nd roman, prend un malin plaisir à décortiquer les motivations de son flic. Placés tout comme le Cercle dans une météo étouffante, ses protagonistes jouent le jeu délétère d’une certaine catégorie d’opportunistes. Celle de journalistes un peu fâchés avec la décence - l’un des personnages principaux est un chroniqueur judiciaire qui arrondit ses fins de mois grâce à la visite guidée de scènes de crime. Celle encore dont la misère sociale et le désarroi des pouvoirs publics face à la montée de la violence dans les “quartiers” pourrait bien faire la fortune.
Agrémentant son roman de coupures de presse, Fansten développe une thèse inquiétante qui n’engage sans doute que lui mais qui, sous couvert de fiction, a le mérite d’interpeller. Que se passera-t-il le jour où des milices privées - les sociétés de sécurité - remplaceront la police dans les endroits sensibles ? Ce marché juteux annoncé n’est-il pas déjà en train de changer la donne, de bouleverser des équilibres déjà précaires ?
Qu’on ne s’y trompe pas : Les Chiens du purgatoire est moins un réquisitoire à charge sous la forme d’une légère anticipation, que le portrait sensible d’une poignée d’hommes soumis à une pression de moins en moins supportable. Un portrait écrit avec une langue originale, à la fois crue et inventive et où, à de rares exceptions prêts, les coupables sont tous les victimes d’une société devenue folle.

1 commentaires:

jerome fansten a dit…

Merci !

"... développe une thèse inquiétante qui n’engage sans doute que lui..." Ça se discute. De fait, je me suis contenté de pousser ce qui existe déjà et/ou a été débattu, comme par exemple la création de groupes de surveillance "citoyen" (des bénévoles, quoi), pour palier la baisse des effectifs dans la police. Mais c'est vrai que j'ai forcé le trait pour les besoins de la fiction...

Présentation du bouquin, sur Livresque-du-noir : http://www.livresque-du-noir.fr/2013/02/les-chiens-du-purgatoire-par-jerome-fansten

Au plaisir d'en reparler avec toi !