jeudi 3 septembre 2009

Quarante ans - et des poussières.

A quarante ans, j’ai compris qu’il existe des gens à la fois beaucoup plus jeunes et plus talentueux que je ne le suis
Et que je ne serai jamais celui que je rêvais d’être à leur âge.
Qu’il était concevable d’être guidé par l’inconséquence malgré le calendrier.
Que l’avenir appartenait désormais à d’autres.
Que ma retraite était mal barrée.
Qu’il ne m’était pas venu à l’esprit d’être encore dans la dèche à un âge si avancé.
Que j’avais passé bien assez de temps seul, loin de mes amis.
Qu’il me restait de belles rencontres
Que ma fille n’était plus un bébé depuis longtemps.
Que ma fille était encore bien petite.
Qu’il me fallait admettre mon égoïsme et que je n’avais pas assez donné ni partagé.
Qu’il m’était toujours aussi difficile de dire non
Et que je disais non avec autant de maladresse que de culpabilité.
Que j’écoutais les autres autant que moi-même
Et que je ne m’écoutais pas assez.
Que la frustration est la plus puissante des motivations si on sait la manier avec modération.
Qu’un paquet de bonnes résolutions ne remplaçait jamais la volonté d’y être déjà plutôt que de s’y mettre demain.
Qu’il m’a été offert bien des opportunités et que la peur m’a retenu de les saisir.
Que la peur ne disparaîtrait pas par enchantement et qu’elle m’accompagnerait pour un temps.
Que le monde est bien assez grand pour le trouver petit.
Que mes plus beaux souvenirs étaient d’été et que l’hiver restait honni.
Qu’aimer, écrire et composer étaient le sens de ma vie
Et qu’aucun des trois jamais ne m’avaient nourri
Qu’il ne sert à rien de dire « jamais » quand on ne peut guère plus dire « toujours ».
Que les vingt dernières années ont passé beaucoup plus vite que les vingt premières.

A quarante ans, j’avais deux années de moins qu’aujourd’hui. Depuis j’ai bien compris deux ou trois trucs supplémentaires, mais il n’est de plus assommantes leçons que celles que l’on s’inflige ; aussi je vais très vite les oublier en regagnant mon lit.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle prose qui me touche particulièrement et directement... Mêmes aspirations, mêmes sensations... parfois immobiles...
Du coup, j'ai un pote musicien qui parle aussi de ça, avec ces mots. Je mets le lien, au cas où : http://www.jamendo.com/fr/artist/david.tmx/



mk40

Erik Wietzel a dit…

Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre, hein :-) Et puis, j'ai bon espoir de secouer le vieux tapis qui est en moi ^^
Merci pour le lien !