jeudi 3 janvier 2013

La Porte des limbes - nouvelle édition


Illustration d'Aurélien Police

Paru en 1997 en poche chez Mnémos, qui ne publiait d'ailleurs aucun grand format, La Porte des limbes était à la fois un exercice de style, mon 1er bouquin en librairie, une variation autour d'un univers de jeu de rôle dont je n'étais pas le créateur et le début d'une longue aventure professionnelle et amicale avec Stéphane Marsan. 

Rôliste prolixe, Tristan Lhomme avait développé les Selenim, ces vampires d'émotions, créatures à la fois fascinantes et dangereuses et issues d'autres êtres tout aussi magiques, les Nephilim. Il s'agissait de nourrir ces univers, d'aller au-delà des livrets et autres manuels, déjà très complets et publiés par la jeune maison d'édition, de faire vivre en roman ces  inventions au background très riche. 

A l'exception d'une brève incursion du côté de Donjons et dragons et de Cthuluh plus de dix ans auparavant, je n'étais guère rôliste pour ma part. Mais le fantastique était ma patrie de prédilection. A mon tour je m'emparai des Selenims pour raconter une histoire entre gothique et épouvante et la situai dans le Paris de la fin du XIXe siècle. 

Pourquoi cette époque ? Parce que je me passionnais alors pour les peintres symbolistes et toute cette ménagerie d'artistes plus ou moins talentueux, férus de spiritisme en un temps ou les machines étaient en passe de repousser les rêves et leurs mystères toujours plus loin dans l'imaginaire des hommes. La technologie s'imposait. Les guerres qui agitaient le continent étaient une répétition de l'orage de fer qui s'abattrait bientôt sur le monde entier. Mais pour ces femmes et ces hommes, la menace palpitait alors ailleurs, passionnante, parfois macabre, promettant à la fois le pouvoir et la connaissance d'un monde occulte dont ils espéraient devenir les petits maîtres et les porte-étendards. Si la psychiatrie connaissait ses premiers succès, la folie brillait comme un feu où ils venaient réchauffer leur spleen. Tout un peuple d'adolescents attardés, en quelque sorte. 
Une manne pour le rêveur et l'écrivain que j'étais - l'ado sur le retour. 

Son tirage épuisé, La Porte des limbes n'était plus disponible.
L'été dernier Nathalie Weil m'a proposé de rééditer un roman dont j'ai eu l'heureuse et tardive surprise de rencontrer quelques fans - merci Internet et les festivals spécialisés ! Avec l'aide précieuse de Stéphanie Chabert j'ai repris le texte, clarifié quelques points, simplifié quelques pages, développé certaines scènes. L'éditeur a joint un lexique en fin de livre pour expliquer sans détour ce que sont ces Selenims. 
Je suis heureux que ce roman parte de nouveau à la rencontre des lecteurs, d'autant qu'il montre une facette de mes goûts que mes bouquins ultérieurs ont plus ou moins dissimulés, même si je constate aujourd'hui que plusieurs préoccupations se retrouvent d'une histoire à l'autre - la mort et le deuil, les mondes parallèles, les complots. 

Cette année devrait paraître une seconde aventure des mêmes personnages, écrite à l'époque et demeurée  inédite à ce jour. En attendant de la découvrir, je vous propose de franchir sans tarder le seuil de la Porte des limbes...

0 commentaires: