vendredi 3 janvier 2014

Broadchurch - série TV de Chris Chibnall



Dans une ville balnéaire du Dorset, la découverte du corps d’un jeune adolescent assassiné bouleverse les relations des autochtones et met à nu bien des secrets. Sur la trame classique du whodunit au sein d’une communauté - à la TV Twin Peaks en est un exemple bien connu mais on peut remonter bien plus loin avec les romans de Christie, bien sûr - Chris Chibnall écrit une oeuvre prenante de bout en bout.
Lent, le récit en lui-même n’est nullement original, et la violence physique quasi absente ; même si les cliffhangers sont soigneusement ménagés, ce n’est pas sans doute pas là qu’il faut chercher la qualité de cette mini série mais plutôt dans sa réalisation, sa lumière, sa musique et, surtout, son interprétation.
Non, David Tennant - vous le connaissez pour son rôle de Dr Who - n’est pas la bonne surprise de Broadchurch : il est même un cran au-dessous du reste du casting principal.
Olivia Coleman, l’inspectrice qui seconde un Tennant déboulant dans son service après une mutation, est bouleversante de bout en bout. Que ce soit dans le registre du quotidien ou les moments tragiques, elle assure avec une authenticité surprenante, une sensibilité émouvante. Pourtant, elle demeure le personnage dont on ne déterrera aucun secret, aucune faille singulière pour l’expliquer, la déterminer, voire l’enrichir - bon, on peut dire que l’existence d’une soeur inconséquente et dépensière est une fêlure. Son personnage est le lien entre le spectateur et les protagonistes, l’interface, le témoin éberlué de découvrir tant de péchés parmi ses semblables. Il en découle la mise en brèche d’ une sorte de naïveté exquisément interprétée. Ou plutôt non, vécue : Coleman ne joue jamais, elle existe. Pour moi, une révélation à la hauteur de Sidse Babett Knudsen, l’actrice de Borgen.
Jodie Whittaker et Andrew Buchan, les parents du gamin assassiné sont eux aussi parfaits, alternant la peine, la colère, le désarroi avec une même maîtrise : quelques regards, une inflexion de la voix suffisent.
Bien des seconds rôles contribuent à la réussite des intrigues parallèles. De quoi entraîner le spectateur, pieds et poings liés et avec empathie, dans les tourments de ces villageois pas toujours au-dessus de tout soupçon.
Quant à la formidable musique de Olafur Arnalds, elle jette une aura plus mélancolique qu’angoissante sur le littoral anglais - je vous conseille ses mini-concerts sur You Tube, tout en retenue et en émotion.
Malgré sa résolution un peu bâclée, Broadchurch est une réussite. L’enquête bouclée, le scénario prend un peu plus de la moitié du dernier épisode pour explorer les conséquences de la révélation du meurtrier : une nouvelle dose de noirceur pour une série qui ne manque pas de moments crépusculaires.

0 commentaires: